Depuis La Revanche de Yuri en 2001, la série Alerte Rouge avait totalement disparu des écrans radar. Electronic Arts avait préféré se concentrer sur Tibérium, l'autre grande saga de l'univers Command & Conquer, et sur le décevant spin-off Generals. Mais après ces sept années de silence, les sirènes vont bientôt se remettre à hurler à l'approche d'une nouvelle vague rouge !
En effet, c'est dès octobre prochain que le prochain volet de la série, Alerte Rouge 3, va déferler avec son cortège d'armes expérimentales, pour livrer une bataille qui s'annonce particulièrement jouissive. Cette bataille, ce n'est rien de moins que la Troisième Guerre mondiale, qui éclate entre Soviétiques, Alliés et l'Empire du Soleil Levant (les Japonais) dans une réalité alternative issue d'un nouveau voyage spatio-temporel ayant pour but d'assassiner Albert Einstein... Bref, on reste dans la lignée des précédents épisodes, avec un contexte uchronique propice aux délires les plus fous au niveau de l'arsenal des trois factions.
Les Soviétiques ont plus que jamais une technologie militaire basée sur l'électricité, avec de nombreuses armes tesla qui équipent aussi bien les tanks que l'infanterie ou les structures défensives. Les Alliés disposent d'unités un peu plus classiques, tandis que l'Empire du Soleil Levant a une armée directement issue de la culture manga, avec des mechas (robots de combat géants) par exemple. Chaque unité possède ses forces et ses faiblesses et le gameplay repose donc sur le classique concept pierre/feuille/ciseaux poussé à l'extrême. Classique, c'est d'ailleurs le premier mot qui m'est venu à l'esprit en assistant à la mission de présentation. Alerte Rouge 3 ne prétend pas faire la révolution dans la stratégie en temps réel, et ça se sent. Les rares trouvailles n'ont en fait rien d'inédit, comme la faculté des sickles, sortes d'araignées mécaniques, de sauter d'un niveau de relief à l'autre, qui ressemble à s'y méprendre à la capacité similaire des reapers de Starcraft II. Le jeu utilise les mêmes bases que Command & Conquer 3 et lui ressemble donc fortement niveau jouabilité, jusque dans l'interface, très proche.
Hormis les trois factions et leurs particularités, on pourrait donc croire qu'Alerte Rouge 3 manque cruellement d'originalité et s'apparente à un STR lambda, avec une forte personnalité au niveau du design, certes, mais un gameplay trop classique. Mais ce serait sans compter avec l'élément liquide, omniprésent, qui décuple les possibilités tactiques. En plus d'être très jolie, l'eau apporte une nouvelle dimension stratégique grâce à son importance primordiale. Là où la plupart des jeux se contentent de quelques unités navales ou sous-marines, Alerte Rouge 3 va plus loin en permettant carrément d'y construire les bâtiments ! Votre base terrestre est attaquée ? Pas de panique, repliez votre Véhicule de Construction Mobile et foncez vers la mer, il se transforme en version amphibie et peut naviguer jusqu'à un coin plus paisible. Il suffit alors de le redéployer pour reconstruire une base autour, à l'abri des attaques au sol. Elle restera néanmoins à la merci des nombreuses unités maritimes, à l'instar des puissants porte-avions alliés. Même les ingénieurs ont le droit de se déplacer en surface en gonflant un canot pneumatique en une fraction de seconde, pratique.
Avec cette nouvelle dimension stratégique apportée par l'élément aquatique, Alerte Rouge 3 évite donc l'écueil du classicisme et parvient à redonner un nouveau souffle à la série. Reste cependant quelques choses qui fâchent, comme la gestion des ressources, que les développeurs ont voulu simplifier à l'extrême. Elle n'était pourtant déjà pas bien compliquée dans les précédents opus... Maintenant, au lieu de trouver le minerai sur le terrain, il sera directement produit dans des structures neutres disséminées sur la carte, les "ore nodes". Il suffit donc de construire une raffinerie juste à côté et de regarder le camion faire des allers-retours pour gonfler son compteur de ressources. Ces ore nodes finissent quand même par s'épuiser et offrent alors un rendement beaucoup plus faible, comme les gisements de gaz vespene dans Starcraft. Personnellement, je ne suis pas vraiment convaincu par ce changement, mais il reste accessoire et permet de se concentrer un peu plus sur les affrontements, toujours aussi nerveux. Il faut voir une escouade de tesla troopers se faire éjecter directement au coeur d'une base alliée par les transports blindés bullfrogs, et réduire les défenses adverses en cendres en quelques secondes avec leur rayon électrique. De ce côté-là, le jeu est prometteur et devrait ravir les fans de la série. Bref, Alerte Rouge 3 s'annonce comme le digne successeur de ses ancêtres, à défaut d'être révolutionnaire.