Depuis plus de 70 ans, le mythe de Cthulhu a fait frissonner d'angoisse des générations de lecteurs avides de sensations. Sorti de l'imagination fertile (et quelque peu dérangée) de H.P. Lovecraft, cet univers cauchemardesque propose un voyage à la frontière de la folie, entre rêve et réalité. Déjà adaptée sur de multiples supports (cinéma, jeu de rôle...), cette oeuvre majeure de la littérature fantastique se voit aujourd'hui transposée dans un jeu d'aventure : Darkness Within. Plongée dans cette expérience dont on ne revient pas indemne.

Dans Darkness Within, la première chose qui frappe l'esprit du joueur et commence à effriter ses certitudes est la réalisation globalement ratée. Dès l'introduction, le doute s'instille insidieusement à la vue de la première cinématique, horriblement compressée, bourrée d'artefacts et doublée sans grande conviction. Ces craintes se confirment à l'apparition des premiers décors, franchement passables. Après Dark Corners of the Earth et Robert D. Anderson & the Legacy of Cthulhu, voici encore un jeu lovecraftien visuellement daté. Décidément, c'est à croire que ce pauvre Cthulhu est abonné aux moteurs graphiques aussi antédiluviens que les Grands Anciens peuvent l'être. Bien que techniquement dépassé, le jeu n'est toutefois pas complètement moche, certains décors s'en sortant correctement. Surtout, un grain un peu sale recouvre beaucoup d'environnements, leur conférant une atmosphère malsaine à souhait. Il faudra cependant augmenter un peu le gamma pour en profiter, car la plupart des lieux visités sont recouverts d'épaisses ténèbres, tout comme l'histoire d'ailleurs.
- Graphismes 9 /20
Darkness Within n'est pas vraiment beau, c'est un fait. Les cinématiques font particulièrement peine à voir, on se demande bien comment on peut encore voir de telles choses de nos jours. L'utilisation du format DVD aurait probablement été plus judicieuse, au lieu de compresser les vidéos au maximum. Néanmoins, certains décors sont réussis et le filtre crade leur confère indéniablement un cachet inquiétant.
- Jouabilité 10 /20
Sous ses dehors de point'n click classique, Darkess Within cache en fait quelques innovations dans l'obtention des indices, avec le système de soulignement des écrits. Malheureusement, cette tentative est fortement plombée par une interface inadaptée, assez pénible à utiliser. On apprécie tout de même les possibilités de personnaliser les aides disponibles, qui rendent le jeu accessible aux néophytes comme aux vieux briscards.
- Durée de vie 8 /20
Il vous faudra dans les 5-6 heures pour terminer l'aventure, c'est vraiment trop peu. Certes, il y a différents niveaux de difficulté, des indices cachés et des secrets à découvrir pour augmenter le score final, mais est-ce bien suffisant pour relancer l'intérêt lors d'une seconde partie ? Pas vraiment. On aurait largement préféré quelques heures de jeu inédites en plus.
- Bande son 13 /20
Le doublage est plutôt moyen, quand le héros n'est pas tout simplement muet. La musique s'en sort beaucoup mieux et, bien que trop rare, parvient à distiller une atmosphère pesante qui sied à merveille au mythe cthulhien.
- Scénario 14 /20
Les fans de Lovecraft ne seront pas déçus et retrouveront tous les thèmes chers à l'écrivain : mystères venus d'obscures profondeurs, onirisme, folie... On évolue en permanence sur un fil tendu entre hallucination et réalité. La progression est découpée en jours, entre lesquels le joueur vit des phases de cauchemar. Tout cela est évidemment bien prévisible pour les connaisseurs de l'univers lovecraftien, mais reste cohérent avec l'oeuvre originale (si tant est qu'on puisse parler de cohérence à propos d'un monde où vivent des dieux extraterrestres).
Trop court, pas beau, plombé par les lourdeurs d'une interface mal conçue... Darkness Within souffre d'autant de défauts que Cthulhu possède de tentacules. Pourtant, il ne sombre pas totalement dans les abysses de R'lyeh, grâce à son contexte qui colle parfaitement aux livres écrits par H.P. Lovecraft. Insuffisant.

