Présenté par Ubisoft comme un titre exclusif à la PS3, Haze, FPS brumeux de Free Radical, nous a fait l'insigne honneur de se montrer en une version preview qui laisse néanmoins entrevoir ce que donnera le produit final. Boosté par le Nectar, une substance capable de transformer un caniche nain en bulldozer, le titre nous embarque dans une aventure où tout est question de point de vue.
Vision suprêmement dérangeante d'un futur que n'aurait peut-être pas renié Aldous Huxley ou Frank Herbert, Haze nous invite à découvrir un monde dominé par Mantel Global, une mégacorporation dont le pouvoir repose quasi exclusivement sur le Nectar. Cette étrange substance, que la Mantel présente comme une bénédiction, permet en effet de profiter de multiples avantages lorsqu'on s'en injecte une dose. Dans le cas de Shane Carpenter, jeune soldat tout juste enrôlé dans les forces de sécurité de la société, le produit procure une force accrue, une acuité visuelle décuplée, des réflexes surhumains ainsi qu'une titanesque résistance aux blessures. Rapidement envoyé en Amérique du Sud (Ubisoft oblige) pour exterminer une horde de terroristes mangeurs d'enfants, Shane, camé volontaire, va se retrouver plongé au coeur d'un conflit dont le Nectar ne parviendra pas totalement à atténuer la violence.
Imbibé par le liquide jaune fluo, comme tous les soldats de son escouade, Shane profitera d'une sorte de sixième sens qui se traduira à l'écran par la mise en valeur des ennemis ou des dangers immédiats. L'adversaire apparaîtra ainsi en surbrillance, tandis que les grenades, les mines ou autres éboulements vous seront indiqués par des couleurs flashy. A tout moment, vous pourrez choisir de vous injecter des doses de Nectar afin de profiter de ces avantages. Attention tout de même à ne pas abuser des bonnes choses car vous pourriez bien vous infliger une bonne grosse overdose des familles. Si cela arrive, et cela arrivera inévitablement, vous perdrez alors une grande partie de votre contrôle sur le soldat, soldat qui ne sera alors plus en mesure de différencier les alliés des ennemis, pas plus qu'il ne sera capable de viser correctement. Plus agréable encore, les spasmes qui secoueront gentiment ses mimines et vous feront ainsi tirer dans tous les coins, de manière totalement aléatoire. Assez inintéressant en solo, avec des compagnons d'armes contrôlés par l'IA dont les crises se déclenchent de manière apparemment scriptée, cet aspect du gameplay devient tout de suite plus sexy lorsqu'on se souvient que le titre pourra être pratiqué à 4 en coopération, ou sur le net face à 23 autres joueurs en mal de tripaille. Etonnant en effet de voir un collègue, pris dans la frénésie du carnage, se mettre à vous asmater copieusement, tout en étant persuadé qu'il est dans son bon droit.
Le Nectar donc, se révèle rapidement comme une arme à double tranchant, une source de tension et de doute. La sournoiserie de cette douce substance, la campagne solo du jeu tentera, assez maladroitement il faut bien le dire, de vous la faire comprendre. La mise en scène, même si agréablement dérangeante, manque effectivement d'inspiration, tout comme les environnements traversés d'ailleurs. Entre les folies furieuses des soldats alliés, l'étrange et artificielle camaraderie qui règne entre des guerriers qui rient et chantent en plein milieu d'une fusillade, il semble effectivement que quelque chose ne tourne pas rond. Car le Nectar semble-t-il, occulte toute l'horreur des combats, faisant disparaître les cadavres de votre vue, effaçant toute trace de sang. Tout cela, vous le comprendrez rapidement, lorsque sous le coup d'une défaillance technique, votre injecteur automatique interrompra brièvement le flot de Nectar dont il vous imbibe normalement. Dès lors, les pièces qui semblaient vides se peuplent soudainement de cadavres écorchés, le soleil jusque-là éclatant laissera la place à la pluie. Et Shane de se poser des questions, chose qui lui vaudra d'ailleurs l'animosité de ses camarades, puis de la Mantel dans son ensemble qui verra en lui un élément perturbateur.
Les rebelles que Shane et ses potes venaient exterminer constituent évidemment la deuxième faction du jeu. Faction qu'il sera bien évidemment possible de rejoindre lors des parties multi. N'utilisant pas le Nectar qu'ils considèrent avec raison comme le meilleur moyen de la Mantel pour asservir la population, ces rebelles "profiteront" ainsi d'une toute autre vision du champ de bataille. Un parti pris intéressant qui transparaît assez intelligemment dans les matchs entre joueurs humains. Les rebelles, moins puissants que leurs adversaires, pourront ainsi choisir de faire le mort, et ainsi de se soustraire à la vision en permanence édulcorée des chiens dans la Mantel. Une possibilité tactique qu'on associera volontiers à la capacité pour les rebelles de désarmer une cible en combat rapproché. Autre subtilité, et donc nouvelle nuance dans la manière d'aborder les combats en fonction de votre camp : le fait qu'une bastos expédiée sur l'injecteur de Nectar situé à la base du cou de chaque soldat aura pour effet de le désorienter momentanément. Et pourquoi ne pas foncer sur votre victime puis lui arracher le fameux dispositif pour le coller sur une grenade, qui deviendra alors une bombe au Nectar, capable de déclencher une overdose chez toutes les cibles dans l'aire d'effet.
Bref, le système est intéressant et indubitablement plus convaincant que la campagne solo qui pour l'heure, se révèle fort décevante. La faute en incombe en grande partie à un level-design peu inspiré qui nous invite souvent à traverser de vastes étendues dénuées de toute vie. Le jeu souffre également de sérieux problèmes de rythme et fait souvent se succéder 10 minutes de néant sans action, à 20 minutes de baston. On ne sera pas non plus à la fête en observant des graphismes propres, mais assez insipides, et ce malgré l'emploi continuel (et sans doute abusif) de filtres en tout genre. Shooté, ce qu'il sera la plupart du temps, le soldat de Mantel verra sa vision envahie par un voile de brouillard fort désagréable à la longue. Certes, c'est cohérent, mais cela reste tout de même un poil énervant. Mais ne nous avançons pas plus, la version définitive du jeu n'est pas encore entre nos mains avides et crochues, et c'est en mai prochain, si tout se passe bien, qu'il nous sera enfin possible d'examiner en détail la composition de ce mystérieux Nectar.
Dans l'impossibilité de prendre nos propres images, les screens qui illustrent cet aperçu nous ont été fournis par l'éditeur.