S'il y a bien une chose qu'il faut reconnaître à la DS, c'est sa capacité à accueillir les concepts les plus improbables. Simulation de vie sous-marine préhistorique doublée d'un jeu de collection à la Animal Crossing, Sea Monsters est un titre pour le moins atypique. Dommage qu'il ne se soit pas donné les moyens de ses ambitions, aussi bien en termes de gameplay que de réalisation.
C'est avec une certaine appréhension qu'on lance Sea Monsters : A Prehistoric Adventure. Le couple Destination Software/Zoo Digital vient en effet de nous propulser il n'y a pas si longtemps dans la préhistoire des jeux vidéo avec l'épouvantable B-17 Fortress in the Sky. Pourtant, Sea Monsters part avec un gros avantage : sa licence, doublée d'une vraie caution scientifique. Le jeu est en effet basé sur le film d'animation éponyme du National Geographic, inédit en France, dans lequel la faune marine de la préhistoire a été reconstituée en images de synthèse sur la base des fossiles retrouvés.
Les fossiles, c'est justement l'objet de vos efforts dans Sea Monsters. Vous incarnez un reptile marin préhistorique évoluant dans son milieu naturel : une mer intérieure peuplée d'une faune variée qui lui permet de sustenter son appétit. Comme on est toujours soi-même une proie pour quelqu'un d'autre, il faut parfois échapper à quelques gros prédateurs. Pas d'inquiétude : ceux-ci sont aussi vifs qu'un pachyderme sous anxiolytiques. Votre existence se résumerait donc à d'ennuyeuses chasses sous-marines entrecoupées de quelques remontées à la surface pour reprendre votre respiration (aidé en cela par une jauge à surveiller), si vous ne vous étiez pas rentré dans votre petit crâne digne d'un protozoaire une idée bizarre : récupérer et collectionner des fossiles. Ceux-ci sont représentés sous la forme de petits cailloux jaunes que vous pouvez repérer grâce au sonar présent sur l'écran tactile. Ce dernier ne couvre toutefois que les environs immédiats : vous devez donc partir explorer les tréfonds marins pour effectuer votre collecte.
Rassembler des fossiles, soit, mais dans quel but ? Chacun d'eux représente en fait un des éléments du squelette d'un animal marin préhistorique, les plus gros pouvant être constitués d'une douzaine de fossiles. A chaque squelette reconstitué, le jeu vous permet d'incarner l'animal en question en le sélectionnant à partir d'un simple menu. Ce sont pas moins de six reptiles marins qui peuvent être débloqués, chacun étant doté d'aptitudes particulières : certains peuvent creuser, d'autres sauter, d'autres nager jusque dans les eaux les plus profondes. En changeant judicieusement de monstre et en utilisant au bon endroit leur capacité spéciale, vous gagnez l'accès à de nouvelles zones (et donc de nouveaux fossiles). Dans certaines d'entre elles, vous trouvez des portails qui vous mènent directement à des défis : attraper un certain nombre de poissons, effectuer un parcours à travers des portes... Des mini-épreuves qui seraient guère motivantes sans la récompense octroyée en cas de réussite : un fossile, bien sûr ! L'objectif final étant de débloquer le dernier animal marin, seul apte à quitter ces eaux pour partir à la découverte d'autres horizons.
Vous l'aurez compris, Sea Monsters oscille sans vraiment convaincre entre simulation réaliste et jeu de collection à la Animal Crossing. Bien qu'original de prime abord, le principe se révèle dans les faits extrêmement ennuyeux. Le gameplay indigent est associé à une réalisation d'une remarquable austérité. En surface, une nappe d'un bleu nuit opaque vous empêche de voir les fonds marins ; dès que vous plongez, c'est à peine mieux puisque les environnements sont tristes et peu fouillés. Bien que l'animation des monstres marins s'en tire mieux, il est difficile de pardonner les fréquents ralentissements qu'elle occasionne. La jouabilité n'est guère plus au point. Vous avancez avec la croix directionnelle et orientez votre tête à l'aide du stylet ; ce mode de contrôle qui s'inspire des FPS se révèle approximatif et lourd à l'usage. Vous pesterez souvent après avoir fait – en vain – des efforts désespérés pour rallier la surface et vous ravitailler en oxygène.
De toute façon, nombreuses sont les fois où l'on meurt sans trop comprendre pourquoi : on éteint alors sa DS, un tantinet agacé. Pourtant, malgré ses qualités ludiques inexistantes et la profondeur abyssale de son intérêt, on finit toujours pas relancer Sea Monsters. C'est ce qu'on appelle l'attraction des grands fonds, aussi mystérieuse que tétanisante.
- Graphismes5/20
La 3D est totalement obsolète. Les textures sont si pixellisées que le rendu en devient confus et peu lisible, aussi bien en surface qu'en profondeur. Seule l'animation des animaux marins dont vous prenez le contrôle se révèle convaincante.
- Jouabilité7/20
La maniabilité, peu adaptée à une console portable, demande un bon temps d'adaptation. La difficulté du jeu est très mal dosée : les prédateurs ne sont pas un problème, mais vous ne cessez de mourir régulièrement à cause de la lourdeur de la navigation, ou même sans trop savoir pourquoi.
- Durée de vie6/20
La surface à explorer est bien trop restreinte, le principe trop répétitif, et les défis trop peu nombreux. Cependant, on s'accroche pour le simple plaisir de débloquer les autres monstres marins.
- Bande son4/20
Les bruitages sont rarissimes, et le thème musical au Bontempi qui passe en boucle vous convaincra très vite de couper le son. De toute façon, dans les profondeurs des océans, personne ne vous entendra crier.
- Scénario/
L'originalité de son concept nous pousserait presque à défendre Sea Monsters. Mais le gameplay répétitif, la jouabilité douloureuse et la réalisation exécrable sont là pour nous rappeler que nous avons affaire à un titre dénué de tout ludisme.