Gyakuten Saiban 4 s'inscrit chronologiquement après les événements du troisième chapitre de la série, épisode encore inconnu sous nos latitudes mais dont le remake DS devrait nous arriver prochainement. Sept années se sont écoulées depuis, et les choses ont pas mal évolué puisque Phoenix a laissé tomber le droit pour devenir pianiste dans un restaurant russe. Plus étonnant encore, l'ancien avocat de la défense se retrouve sur le banc des accusés dès la première affaire, impliqué malgré lui dans le meurtre d'un homme suite à une partie de poker ayant mal tourné. Méconnaissable, il témoigne sous vos yeux, et c'est sa propre déposition que le joueur va décortiquer au tout début du jeu.

Tenant le rôle du nouvel avocat de la défense, le dénommé Odoroki Hôsuke est un jeune homme au tempérament assez proche de celui de Phoenix à ses débuts. A la fois impatient, nerveux et déterminé, ce personnage sympathique sera d'abord aidé durant le premier procès par son mentor Garyû Kirihito, puis par une charmante coéquipière qui joue plus ou moins le rôle qu'avait Maya dans le second volet. Le soft comporte quatre affaires complètement inédites et imaginées spécialement pour la DS, mais au cours desquelles les habitués reconnaîtront quelques têtes connues. Et ça commence très fort avec le retour de l'avocat Boulay à l'accusation, toujours fidèle au poste mais toujours aussi pitoyable. Le véritable rival d'Odoroki s'annonce heureusement beaucoup plus imposant, mais prendre la relève du charismatique Hunter n'est pas une mince affaire. Encore une fois, il est préférable d'avoir terminé les premiers volets dans l'ordre pour apprécier toute la saveur scénaristique de cet épisode dont l'intérêt réside en grande partie dans ses histoires abracadabrantes, ses personnages atypiques et ses dialogues pimentés à souhait. Le design manga va de paire avec les animations des différents intervenants dont les fréquents changements d'attitude reflètent parfaitement l'état de nervosité.

Pour confondre un suspect, le joueur dispose des mêmes armes qu'auparavant et le joueur retrouvera donc immédiatement ses marques s'il est un inconditionnel de la série. Les affaires se déroulent en deux temps, puisqu'il convient d'abord d'enquêter afin de recueillir un maximum de témoignages et de prélever quelques pièces à conviction avant d'aller plaider la cause de l'accusé au tribunal. Il faut alors décortiquer la déclaration de chaque témoin pour mettre en évidence des contradictions qui l'obligeront à se trahir. Si vous intervenez au bon moment pour mettre la pression sur votre interlocuteur et que vous dégainez les preuves à bon escient, vous finirez par innocenter votre client en mettant à jour toutes les ramifications de l'affaire. Le Game Over survient lorsque vous commettez trop d'erreurs, et on se félicite de voir que la sauvegarde est toujours possible à n'importe quel moment. Alors bien que le déroulement des parties soit toujours assez linéaire, l'originalité du système de jeu et l'atmosphère incroyable qui se dégage du titre le rendent aussi passionnant que ses prédécesseurs, même si les nouveautés ne sont pas légion.

On retrouve en effet exactement la même interface que dans les autres épisodes DS, à cela près que le fait que le jeu ait été conçu pour la DS entraîne la présence d'énigmes plus complexes. Le stylet peut désormais être utilisé pour faire pivoter chacun des objets récupérés afin d'y découvrir des indices supplémentaires, exactement comme dans la dernière enquête inédite du premier volet. On dénombre ainsi un peu plus d'interactions possibles dans l'examen des pièces à conviction, à quoi s'ajoute le recours ponctuel à divers outils pour prélever les empreintes digitales ou les traces dans le sol destinées à être comparées à celles des suspects. L'utilisation de schémas est complétée maintenant par l'apparition d'images en 3D permettant non seulement d'interagir avec les éléments dessinés mais aussi de les déplacer pour bien montrer que vous avez compris toutes les subtilités de l'affaire. Mais la nouveauté la plus importante réside dans la notion de Minuku, un terme japonais qu'on pourrait traduire par "voir au-delà", et qui remplace en quelque sorte le système de verrous-psychés liés au Magamata dans le deuxième épisode. Votre personnage peut ainsi, à certains moments du scénario, recourir aux pouvoirs de son bracelet pour visualiser certains détails révélateurs dans le comportement des suspects. Il faut alors centrer l'oeil du Minuku à l'endroit exact où vous avez repéré quelque chose, et attendre que la personne ait prononcé les mots qui vont la trahir pour la montrer du doigt. Un nouveau système très intéressant qui semble, hélas, ne pas intervenir très souvent dans l'aventure, mais qu'on appréciera, tout comme le reste du jeu, à sa juste valeur lorsque le soft nous arrivera dans une version traduite en français. Espérons tout de même que le troisième volet aura eu le temps de sortir entre-temps.