Disponible depuis le premier trimestre de cette année au Japon, Let's Make A Soccer Team se propose aujourd'hui aux joueurs européens. Pour bien le situer, il suffit d'avoir en tête que c'est une sorte de PES Management bis. Bis utilisé ici au sens de moins performant, moins complet, moins attrayant et surtout techniquement beaucoup plus faible. Il n'y a donc pas vraiment de suspense, le jeu de Sega est le pigeon du jeu des chaises musicales. Autrement dit, il arrive beaucoup trop tard.
Si l'on doit définir le concept de Let's Make A Soccer Team, on se contentera de synthétiser en le qualifiant de jeu de management très grand public, ne se prenant pas toujours au sérieux et laissant volontiers de nombreux aspects tactiques et techniques sur la touche, pour préférer s'attarder sur le côté show-biz du football actuel. En effet, ici, vous démarrez une carrière de propriétaire d'un club issu de l'une des 22 régions administratives de l'hexagone ou d'une ville d'un autre pays dans le but de lui faire grimper les échelons en gérant son éclosion de main de maître. Le rachat de votre équipe par un magnat du football vous pend au nez en cas d'échec. Attention tout de même, il n'a rien à voir avec un Soccer Life et se rapproche considérablement de PES Management, notamment au niveau de l'interface calquée sur celui-ci et de la gestion du budget et des relations humaines. Ici, les techniciens amoureux de réglages tactiques en tout genre seront un peu délaissés alors que le roi de la finance, du recrutement du personnel, du choix des sponsors et des conférences de presse se sentira vite à son aise.
Ne pensez tout de même pas que l'on soit sevré de possibilités tactiques puisque les choix de la formation, de la mentalité de l'équipe, du positionnement individuel des joueurs, des tireurs de coups de pieds arrêtés ou du programme d'entraînement vous incombent totalement mais n'apportent absolument rien de nouveau, rien qui ne soit pas dans un PES classique. Ici, on s'attarde davantage sur la partie financière et médiatique du rôle d'un manager dans l'évolution de son club. Ainsi, entre deux matchs, vos multiples conseillers (en installation, personnel, publicité, comptabilité, etc) viennent vous déranger dans votre bureau de ministre pour vous faire de brefs bilans de la situation actuelle du club tout en détaillant chaque point afin de se faire comprendre des plus néophytes et étrangers au langage financier ou footballistique. A partir de là, à vous de choisir votre staff, le prix des places du stade, le nombre d'abonnements réservés aux plus fidèles, le montant dédié au recrutement, les sponsors que vous voulez voir apparaître sur le maillot mouillé de vos protégés etc. Vous pouvez aussi vous entretenir rapidement (mais alors très rapidement, interdit de sortir plus d'une phrase par entretien) avec vos poulains ou vos adjoints, histoire de connaître leur avis sur votre manière de diriger vos troupes. D'ailleurs, certains ne se gênent pas pour vous traiter comme le stagiaire occupé à faire du café ou encore comme si vous étiez un ami intime...
A l'instar du dernier PES, le jeu possède les licences des championnats espagnol, hollandais et italien, première et seconde division confondues. A cela s'ajoutent les championnats non licenciés que sont l'Allemagne, l'Angleterre et la France sans oublier environ 200 clubs (pas licenciés non plus) issus du monde entier, de l'ouest ou du nord de l'Europe à l'Afrique en passant par l'Asie et le continent Américain. Ces derniers n'étant cependant jouables qu'en mode VS, le seul disponible à côté de la carrière traditionnelle. Enfin, plus de 80 sélections nationales sont au rendez-vous. Le tout étant basé sur la saison 2005-2006, ce qui est une raison de plus pour ignorer Let's Make A Soccer Team. Le contenu, bien qu'à moitié obsolète, n'est pas vraiment le point faible du jeu mais une fois sur le terrain, on regrette l'absence des licences. En plus de cela, la réalisation graphique est déplorable sans parler de l'animation, d'une médiocrité affligeante. Pendant les matchs, vous avez la possibilité d'effectuer des changements, de modifier la mentalité de l'équipe sans attendre le prochain arrêt de jeu ou de multiplier la vitesse de la rencontre par deux ou par trois. Un mode spectateur (avec terrain, joueurs et ballon schématisés à la Football Manager) vous permet également de voir le match sous un autre angle mais réduit vos pouvoirs d'intervention à zéro. Cela fait peu, très peu, trop peu. Après plusieurs heures de jeu, on cherche toujours l'intérêt de celui-ci et on ne le trouvera pas, puisqu'il n'y en a pas quand on connaît ses concurrents directs.
- Graphismes5/20
Aie ! Si la navigation des menus n'est pas déplaisante, la retransmission des matchs est d'une piètre qualité. Les textures sont affreuses, les joueurs mal animés, l'aliasing omniprésent et les stades carrément affreux. Une seule caméra est disponible, les ralentis n'offrent rien de plus et les actions s'enchaînent sans véritable lien, sans concordance.
- Jouabilité12/20
Destiné à un public peu connaisseur, le titre de Sega se veut accessible par tous. Malheureusement, on s'ennuie ferme. Le plaisir de jeu n'y est pas vraiment et les possibilités tactiques sont trop restreintes. En revanche, si vous vous plaisez en tant que comptable ou responsable de la logistique, vous trouverez un petit intérêt.
- Durée de vie10/20
Prendre un club de division 3 et lui faire monter les échelons un à un, c'est sympathique mais peu original. Et ce ne sont pas les confrontations indirectes par presse interposée qui pimenteront le tout. En revanche, le nombre de clubs et de sélections nationales est satisfaisant. Oui mais voilà, tout n'est pas actualisé et les licences font grandement défaut...
- Bande son6/20
Les commentaires sont assurés par ce cher Jean Rességuié, bien connu des auditeurs branchés sur les ondes de RMC. Sa fougue et son parti pris habituels ne sont pas au rendez-vous. Il est robotisé et se contente de répéter 100 fois les mêmes interventions. Pour le reste, que ce soit ambiance mondaine, musiques ou bruitages, c'est plat et pas enthousiasmant pour un sou.
- Scénario6/20
L'objectif secondaire est d'empêcher Jean-Louis Alvarez de mettre la main sur votre club. Il faut parfois répondre à ses déclarations en montrant le bout de son nez lors de conférences de presse. Mais tout ceci n'a aucune incidence sur le moral de vos joueurs, s'ils ont décidé d'être bons, ils le seront. C'est une sorte de maquillage et de façade pour cacher la monotonie des parties de Let's Make A Soccer Team. Raté.
Comme on pouvait s'en douter, Let's Make A Soccer Team a bien du mal à trouver sa place. Le jeu n'a rien d'original, rien d'exclusif et ne soutient même pas la comparaison avec Pro Evolution Soccer Management duquel il est pourtant très inspiré. Même en cherchant bien, je ne vois vraiment pas à qui conseiller le jeu de Sega qui ne bénéficiera pas en Europe de l'aura qui est la sienne au pays du Soleil Levant.