Après avoir traumatisé des milliers de personnes autrefois totalement saines d'esprit, et tout cela en connaissance de cause, les profondeurs viciées de Forbidden reviennent chatouiller nos peurs ataviques sans aucune vergogne. Le plus triste dans cette histoire c'est que cette souffrance émotionnelle s'avère totalement assumée voire voulue. Une sorte de masochisme habilement entretenu par Sony qui s'escrime à répondre à nos appels. C'est peut-être bien la firme japonaise la véritable sirène de cette histoire au fond.
Prenant place sur un bord de mer visiblement calme à défaut d'être chaleureux, l'action de Forbidden Siren 2 met en scène nombre de personnages inédits dont vous ferez la connaissance dès les premières heures de l'aventure. Alors que l'on retrouve avec plaisir le typique étudiant à lunettes, déboussolé mais courageux dans l'urgence, accompagné d'une jeune fille étrange et pas vraiment débrouillarde mais fort jolie, d'autres protagonistes tendent à se démarquer nettement. De fait, à côté de ce duo gagnant, permettant à la peur de prendre vraiment sa place, vous pourrez découvrir un binôme de militaires en goguette ainsi qu'un policier dépassé par les événements. Car Siren 2 commence ni plus ni moins par un raz de marée de cette eau sanguinolente, croupie de vices que vous aviez sûrement observé de longs moments dans le premier opus de la série. Un élément très perturbateur qui va ramener à la vie l'un des fondements principaux du scénario du précédent épisode, à savoir la vision spéciale vous permettant de rentrer dans l'esprit de vos ennemis. Toujours fidèles au poste, les shibitos ne manqueront pas de vous causer de grands soucis, et nécessiteront de votre part la plus grande prudence. Car au-delà des habitants sans réelles capacités, ces derniers prendront également la forme de militaires armés et entraînés, relativement rapides. Et comme si cela ne suffisait pas, vous aurez aussi l'insigne horreur de vous trouver face à des spectres craignant uniquement la lumière d'une lampe torche. Une horde de vilaines créatures donc, disposées dans un environnement ouvertement sale et déconstruit, suggérant les tourments des esprits malades de ces contrées en déclin.
Fidèle au premier opus au niveau de l'ambiance dégagée, Siren 2 l'est aussi et complètement dans le cas de la construction profonde. En effet, le titre fonctionne une nouvelle fois sur le principe de l'histoire à tiroirs découpée de manière intelligente afin de perdre le joueur dans le temps et les faits. Il vous incombera donc encore une fois de vous repérer sur un grand tableau listant les différents épisodes et de vérifier si chacune des missions a été suffisamment bien terminée dans le but d'en débloquer une suivante et ainsi de suite. Le tout semble donc s'éloigner de la linéarité habituelle des Survival Horror pour reprendre la piste innovante de son aîné, incluant par la même une interface quasiment similaire en jeu, malgré quelques petites retouches habiles. Telle une ombre disparaissant dans les recoins du brouillard omniprésent de ce soft, le menu à l'opposé de l'agréable du premier épisode se voit remplacé dans certains cas par une icône affichée directement à l'écran et changeant en fonction des besoins du gameplay. Néanmoins vous aurez toujours à ouvrir cette satanée boîte de dialogue si vous désirez héler un de vos compagnons ou si vous avez l'intention par exemple de changer d'arme. Un choix assez peu judicieux même s'il peut ajouter quelques grammes de tension dans un ensemble déjà plus qu'inquiétant. Un concept qui demande toujours à être vérifié, mais qui laissera les habitués de l'opus numéro un sur un chemin qu'ils ne connaissent que trop.
Ne proposant que des remaniements mineurs lui donnant un côté tout de même plus jouable, Forbidden Siren 2 sent pour l'instant un tantinet la déception du point de vue de la surprise et de l'inventivité. Après un premier épisode quasi révolutionnaire sur la gestion des mécanismes de la peur, voire de la panique, celui qui nous intéresse aujourd'hui paraît évoluer mais sans réelle conviction. Reste que l'on prend un réel plaisir (si tant est que le mot soit justifié dans ce cas-là) à parcourir des zones délaissées, sombres, réellement crades et désespérantes, soutenues par une présence invisible qui nous traque et nous observe. Si vous arrivez à ne pas devenir paranoïaque après quelques longues minutes de jeu, vous pourrez vous octroyer le droit de poursuivre ces destins croisés. En revanche, n'ayant pas encore expérimenté de phase de conduite, je ne peux vous dire de quoi ces dernières retournent. En tout cas, si le maniement des véhicules reste aussi intuitif que celui des protagonistes de chair et de sang, on pourrait légitimement avoir un léger souci à se faire. Malgré tout, ces premières et courtes impressions laissent présager un petit diamant de frayeur noire et pure, pour l'instant encore handicapé de quelques-uns des problèmes qui étaient tout de même parvenus à l'époque à dégoûter pas mal de joueurs. L'horreur se laisse vivre avec passion à condition de ne pas trop lui forcer la main. En attendant, la sirène sonne.