Bien que les jeux de réflexion remontent à la nuit des temps, il est toutefois bon de rappeler à quel point ce type de jeu reste addictif, si tant est que le concept de base plaise et se révèle finalement assez fort pour se prévaloir du titre très recherché de "drogue ludique". Sans vouloir mettre la charrue avant les boeufs, je commencerai par la fin en exprimant ma passion pour LocoRoco qui mérite tout votre intérêt en cela qu'il allie simplicité d'approche et profondeur créative insoupçonnée.
En se penchant un peu au-dessus du berceau de la PSP, on ne trouvera pas une grande quantité de jeux de réflexion disponibles sur la machine. De fait, bien que des titres comme Lemmings, Lumines, Tokobot ou Exit aient fait chauffer nos neurones, force est de constater que cette pénurie de matière grise est bel et bien palpable sur la portable de Sony. Il convient de savourer à sa juste valeur LoRoco qui en plus d'être un fantastique jeu, original, singulier et prodigieusement attachant, représente en quelque sorte une espèce de délivrance pour celles et ceux qui désirent pour leur PSP autre chose que de la grosse licence ou du remake avec un grand R. LocoRoco marque ainsi la rencontre d'un univers épuré, d'un gameplay reposant sur trois touches et d'une bonne tranche de n'importe quoi venu du seul royaume où les fous peuvent être sacrés "génies de l'année" : le Japon. Dans l'absolu, il serait idiot de penser que ce titre plaira à tout le monde même si je pense sincèrement qu'essayer un tel jeu est synonyme d'adoption obligatoire. Ceci dit, laissons de côté ces considérations futiles et tentons de mettre un pied devant l'autre afin d'argumenter en faveur, ou non, de cette création à la frontière de l'enfance et de l'absurde.
De l'enfance, on retiendra donc cet univers bariolé, excentrique qui renvoie parfois à celui des Barbapapa ou des Shadocks. Si ces deux références ne diront absolument rien aux plus jeunes d'entre-vous, je ne peux rien faire d'autre que de vous inciter à vous bouger en faisant quelques recherches sur ce fantastique outil qu'on appelle Internet. Bref, le titre de Sony arbore ainsi une plastique peu conventionnelle qui cache une immense maîtrise technique. Ainsi, les déformations des décors ployant sous le poids de notre personnage sont incroyables, tout comme le côté malléable et liquide des Loco qui épousent harmonieusement les formes les plus tarabiscotées. Qu'on apprécie ou non le graphisme, il serait donc hypocrite de critiquer l'époustouflante virtuosité des programmeurs qui se sont a priori démenés comme des beaux diables pour concevoir quelque chose d'inédit à tous les points de vue. Jouant sur les contrastes entre les niveaux, tantôt bardés de couleurs criardes ou au contraire basés sur des nuances de blancs ou de noirs, les stages s'enchaînent sans discontinuer et offrent aux joueurs une grande variété de teintes et de formes. Mais alors que les mots défilent sur mon clavier, je me rends compte que je ne vous ai même pas expliquer clairement le principe du jeu. Ne vous en faites pas, ceci ne prendra qu'une minute.
Vous incarnez donc un LocoRoco, une petite boule jaune, qui va devoir récupérer un nombre précis de ses petits camarades disséminés dans des plantes à travers chaque niveau. Mélangeant réflexion et plates-formes, vous n'aurez pourtant qu'à utiliser le minimum syndical de boutons pour vous sortir de tout type de situations. De fait les gâchettes L et R servent à bouger l'écran à droite ou à gauche afin de faire avancer bouboule ou à faire sauter cette dernière en appuyant simultanément sur les deux touches. Enfin, les boutons Rond et Croix vous permettent de vous multiplier en une multitude de petites boules ou au contraire à vous reformer en une seule entité. Mais à quoi peut bien servir tout ça ? Eh bien en fait, en fonction de l'architecture des niveaux, vous serez parfois obligé de vous scinder pour continuer votre chemin. Ainsi, si vous êtes devant un tuyau trop petit pour votre masse corpulente, il sera obligatoire de se multiplier pour espérer passer. Dans le même ordre d'idée, il sera bon de se reformer pour détruire des planchers friables en sautant puis en retombant dessus de tout votre poids. Misant également sur le côté décalé de l'oeuvre, certains endroits vous demanderont de vous séparer afin que vos petits Loco poussent la chansonnette, histoire d'attendrir des "ennemis" qui vous laisseront alors filer. En parlant d'ennemis, sachez que vous en trouverez tout au long du jeu sous forme de mains griffues, de boules piquantes, etc. Cependant plutôt que de les affronter (car vous pouvez effectivement en tuer certains en leur sautant dessus), évitez-les autant que possible vu qu'ils essaieront la plupart du temps de capturer des Loco qui pourriront puis mourront à leur contact. Si on rajoute une bonne dose d'énigmes issues de l'environnement en lui-même, on obtient au final un jeu à la difficulté progressive extrêmement bien réglée qui se renouvelle sans cesse dans ses situations.
A noter qu'au cours de l'aventure, vous aurez l'occasion de croiser la route d'entités toutes plus farfelues les unes que les autres qui vous offriront des éléments pour votre maison mais à la seule condition que vous ayez le nombre requis de Loco qui devront une fois encore faire jouer leurs cordes vocales en chantonnant un petit air. D'ailleurs, il y a fort à parier que les musiques du jeu deviendront de dangereuses ritournelles qui ne cesseront de vous trotter dans la tête. Eclectique en diable, la bande-son est cependant très particulière avec ses petits cris "Pikminesques" ou ses compositions sorties tout droit d'un gigantesque trip de hippies. Pour revenir à votre maisonnette, sachez que vous pourrez récupérer d'autres pièces de construction en participant à des mini-jeux. Néanmoins, vous devrez payer chaque partie, avec des graines ramassées durant l'aventure principale. Dans tout ça, une fois que vous aurez assez d'éléments pour décorer votre bâtisse, il sera temps de la prendre en photo histoire d'en faire profiter vos amis. Par contre, impossible de vous en dire davantage sur ladite maison (l'intérêt, l'évolution du bâtiment...) sachant que notre version Preview ne permettait pas d'approfondir la chose à cause de nombreux bugs. Malgré tout, cela ne nous a pas empêché de nous éclater comme des petits fous devant ce condensé d'audace et de bizarrerie. Sans trop vouloir précipiter les choses, on peut avancer que si 2005 a été l'année de Lumines en matière de réflexion sur PSP, 2006 sera celle de LocoRoco.