Bien que les fans endurcis n'attendaient plus grand-chose de Syphon Filter après le dernier opus sur PS2, voilà que Sony annonce un nouvel épisode sur PSP. Pour la peine, l'espoir renaît sachant qu'à l'image d'une certaine Lara Croft, Gabe Logan profite d'une aventure davantage placée sous le signe de la nostalgie en se rapprochant bien plus des segments sortis sur PSone. Excellente nouvelle en soi, surtout quand on connaît le potentiel de cette saga éminemment sympathique.
Quand le premier Syphon Filter sort en 1999 sur PSone, Sony entend profiter de l'engouement suscité par Metal Gear Solid pour les jeux d'action/infiltration. Pour ce faire, rien de telle que sa propre série pour alimenter sa console fraîchement débarquée en 1995 en Europe. Ainsi naît une nouvelle saga qui comptera trois épisodes sur la Playstation première du nom suivie du tristement célèbre Syphon Filter : Omega Strain. A première vue, on peut d'ailleurs se demander comment cette saga a pu perdurer si longtemps compte tenu de sa qualité graphique toute relative, son héros légèrement effacé et un peu trop caricatural ou son gameplay peu original. Difficile à décrire en vérité et je ne puis que vous inviter à y jouer pour vous faire une idée. Cependant, si on veut à tout prix trouver les raisons de ce succès, on pourra citer en premier lieu les scénarii travaillés, bien que se basant sur quelques poncifs vus ici ou là dans divers films d'espionnage ou d'action. Ce qui est également appréciable à l'époque vient du fait que les séquences cinématiques en CG sont très nombreuses et contribuent pour beaucoup à l'immersion malgré le côté Playmobil des personnages. De plus, Syphon Filter ne cherche pas vraiment à singer MGS dans le sens où il ne s'embarrasse pas de passages d'infiltration superflus. Mieux, il prend plutôt le chemin inverse en proposant une aventure menée tambour battant qui se savoure comme un épisode de série TV où les surprises, trahisons et autres cliffhangers sont légion. C'est d'ailleurs ce qui manquera le plus à Omega Strain qui laisse de côté Gabe Logan en permettant au joueur d'incarner un personnage qu'on peut créer de A à Z mais qui manque au final de charisme. A ce sujet, il serait intéressant de faire un parallèle avec Metal Gear Solid 2, construit sur le même schéma, mais ceci est une toute autre histoire. Recentrons donc le débat en revenant sur Syphon Filter : Dark Mirror.
Comme je le disais plus haut, Sony a donc retenu les erreurs d'Omega Strain en décidant de remonter le passé afin de récupérer la recette des segments originaux. Le résultat est sans appel : Dark Mirror est le digne successeur des Syphon Filter 1 à 3. Ainsi, on ne sera donc pas surpris d'être face à un jeu qui est bien plus fidèle à ses pères en terme de design, de jouabilité, de scénario et d'ambiance que ne le fut l'opus PS2. Fort de 7 épisodes (comprenant plusieurs missions) + 1 Bonus ainsi que d'un mode Multijoueur, Dark Mirror ne veut pas décevoir et se donne les moyens pour y arriver. Le scénario, à commencer, fait à nouveau intervenir Lian Xing et Gabe Logan qui revient sur le devant de la scène en temps que personnage jouable. D'ailleurs, outre un hommage à 989 Studios (les développeurs des premiers Syphon Filter) durant une des séquences d'entraînement, on remarquera tout de suite la parenté avec Syphon Filter 2 lors de la première mission se déroulant dans une base, sous la neige, où il vous faudra à certains moments protéger votre coéquipière qui sera constamment en relation avec vous. A ce titre, on ne perd pas une seconde dans ce Dark Mirror qui débute sur les chapeaux de roue. Les balles crépitent de toutes parts, les snipers se déchaînent, les mitraillettes sur pied vous tendent les bras, un pur régal.
Pourtant, n'allez pas croire que le titre est beaucoup plus bourrin que ses prédécesseurs. En fait, si je ne me risquerai pas à juger compte tenu du peu de missions que j'ai pu effectuer pour l'instant, on sent tout de suite que si l'approche privilégie les gunfights, les moyens mis à notre disposition seront par la suite utilisés pour varier les objectifs. A ce sujet, le premier épisode du titre fait preuve d'une étonnante diversité dans le sens où le joueur doit protéger Lian au cours d'une phase de snipe, désactiver des systèmes de sécurité, utiliser des lunettes de vision pour débusquer des interrupteurs invisibles à l'oeil nu, mettre à profit un treuil portatif pour poursuivre son chemin, etc. En espérant que le reste du jeu soit aussi ambitieux afin de garder ce rythme trépidant, on ne peut que se féliciter d'avoir droit à nouveau à un jeu pêchu et à la difficulté bien dosée. Maintenant, si vous avez eu la malchance de vous essayer à Splinter Cell Essentials, vous vous demandez sûrement ce que vaut la jouabilité. Je vous rassure, elle est excellente, sans être toutefois parfaite.
Bien entendu, il vous faudra tout de même un petit moment pour vous habituer au déplacement de Gabe qui se dirige à l'aide du stick analogique ainsi qu'aux quatre boutons de la console servant à regarder autour de vous. La gâchette L est utilisée pour verrouiller vos ennemis alors que sa consoeur droitière vous servira à tirer. Enfin, la croix de direction est mise à profit pour accéder à deux menus d'action rapides (histoire de choisir ses armes ou ses lunettes de vision parmi trois types), recharger ou s'accroupir. J'embraye là-dessus pour vous dire qu'il vous faudra souvent ne pas avoir peur d'avancer ventre à terre pour passer par des conduits d'aération afin de poursuivre sa route. De plus, vous aurez parfois le choix de marcher à tâtons pour surprendre vos adversaires. Néanmoins, la technique est peu convaincante puisque si vous pouvez, en douce, donner un coup de crosse, le soldat blessé se relève tout le temps, ceci vous obligeant à le frapper à nouveau ou pire, à l'éliminer pour de bon. Cela me fait penser à l'IA du jeu qui est pour l'instant très variable. Ainsi, la plupart des soldats se protègent et réagissent de façon crédible durant la plupart des affrontements alors qu'à d'autres moments, un garde pourra tomber inanimé devant un de ses collègues sans que ce dernier ne réagisse. Etrange et un peu embêtant sachant que cet aspect ne risque pas d'être amélioré d'ici la sortie européenne du jeu fixée pour le mois de juillet prochain. Nonobstant ce point perfectible et une lenteur du viseur quand on le dirige en vue subjective, Dark Mirror est bien parti pour faire en sorte que Syphon Filter renoue avec le succès. Honnêtement on n'en espérait pas tant.