Si vous n'avez pas de mémoire, peut-être avez-vous oublié que Full Spectrum Warrior premier du nom était le dérivé grand public d'un logiciel d'entraînement tactique destiné à l'armée. Il en est sortis un jeu extrêmement sobre où l'art de la couverture et du contournement étaient les clefs de la réussite. Pour cette suite, que tout le monde se rassure, aucun compromis tactique n'a été consenti, au contraire, et ce malgré la volonté annoncée de Pandemic de produire un titre moins "hardcore gamer". Car si l'on pouvait reprocher au jeu original de n'être qu'une suite de situation à la solution évidente et toujours identique (tir de suppression/flanc/destruction), Ten Hammers fera de son mieux pour offrir une diversité bienvenue. Vu de loin, le jeu reste inchangé, il n'est donc toujours pas question ici de contrôler ses hommes directement mais d'incarner le Deus Ex Machina qui les dirige. On retrouve le curseur de mouvement que l'on doit placer judicieusement et qui nous indique la position qu'adopteront les soldats. On notera d'ailleurs dans un coin de l'écran la présence d'un nouvel indicateur qui nous fournira la même information de manière plus lisible. Les ordres d'attaques eux aussi suivent le même fonctionnement qu'autrefois. On définit un secteur de tir une fois les ennemis repérés, on opte pour un tir de suppression ou pour une grenade, qu'elle soit à fragmentation pour éliminer ou déloger, ou fumigène pour couvrir une manoeuvre d'approche.

Mais Ten Hammers sait enrichir cette formule qui avait trop vite montré ses limites l'an passé. Tout d'abord, on découvre le confort offert par la faculté de donner un ordre de mouvement à l'équipe Alpha pendant que l'on contrôle Bravo. Il devient alors possible de réaliser un tir de suppression avec fumigène, de déplacer le curseur de mouvement sur un point en avant et d'une simple pression supplémentaire, d'assigner l'ordre à l'autre équipe sans avoir à changer de point de vue. L'autre nouveauté à ce titre consiste à séparer nos équipes en 2 groupes, Alpha 1 et 2, ou Bravo 1 et 2. Tout ceci est non seulement appréciable sur le plan de l'ergonomie, mais cela prend en sus place dans un ensemble de nouvelles approches tactiques qui nous changeront des sempiternels contournements de l'opus précédent. Car grâce à un level design un peu plus travaillé, les situations auxquelles vous devrez faire face exigeront un peu plus de réflexion. Lancer un fumigène ou effectuer un tir de couverture ne sera plus suffisant pour profiter de la distraction et aller tranquillement prendre un ennemi à revers. D'autant que ces derniers sont plus mobiles et n'hésitent pas à fuir leur cachette. En ayant parcouru quelques niveaux, on aura déjà constaté que le degré de difficulté a donc monté d'un cran, du moins pour ce qui est de trouver la solution au pétrin dans lequel on finit systématiquement par se trouver. Car en dehors de ça, une fois que vos hommes sont à couvert derrière un objet solide, il sont toujours considérés comme invincibles.

Parmi les planques qu'ils pourront utiliser, on ne sous-estimera pas les intérieurs aujourd'hui accessibles. D'une fenêtre en hauteur, il sera donc plus simple de nettoyer une zone. Un ajout plus dispensable qu'il n'y paraît même si certains niveaux les utiliseront comme des lieux d'action principaux, citons le cas d'une prise en étau d'un chef de guerre qu'il faut capturer à l'intérieur d'un marché couvert en l'encerclant.

Poursuivons le tour d'horizon des nouveautés avec l'arrivée de l'équipe Charlie qui n'est autre qu'un char d'assaut dont on pourra prendre le contrôle de façon occasionnelle exactement de la même façon que l'on mène Alpha et Bravo au combat. Plus intéressant, Pandemic a jugé bon d'ajouter une prise de commandes directe de chacun de vos hommes, moyennant une prise de risques élevée. On peut donc aujourd'hui effectuer un tir de précision avec n'importe lequel de nos soldats, en visant manuellement, l'efficacité du tir variant selon celle de votre couverture et la densité du feu ennemi. Une option fort pratique qui permet d'éliminer un adversaire trop bien caché lorsqu'il sort la tête de son trou. Cette même sensibilité s'applique d'ailleurs aux grenades puisque si vos hommes subissent une attaque trop violente, la portée du lancer sera amoindrie.

Après quelques niveaux, on dira à juste titre que Ten Hammers se montre plus retors que son ancêtre, plus surprenant. Cependant tout n'est pas encore parfait. Trop disciplinés, vos hommes en deviennent parfois complètement stupides, se laissant abattre par surprise si un ennemi leur saute dessus hors de leur secteur de tir. De même, leur temps de réaction fait souvent peine à voir, à croire qu'ils laissent délibérément leur cible prendre le temps d'atteindre une couverture. Une attitude troublante. Autre regret, pas très grave, mais qui pourrait profiter d'une correction améliorant le confort de jeu : le curseur de déplacement est toujours considéré comme un élément solide ne pouvant pas traverser les obstacles. Il est particulièrement agaçant de le voir bloqué et d'avoir à faire le tour d'une série de sacs de sable ou de voitures pour le mener à destination, sachant qu'il arrive qu'on ne trouve pas la sortie dans un infernal champ de ruines. On se sent très bête dans ces cas-là.

En bref, Full Spectrum Warrior : Ten Hammers semble bien parti pour s'attirer la sympathie des amateurs du premier volet et pourrait peut-être même convaincre ceux qui étaient restés sur leur faim.