Depuis la sortie de la Nintendo DS, on a pu constater que les Tetris-like se prêtent plutôt bien à ce nouveau support, du moins lorsqu'ils savent tirer partie des possibilités offertes par le stylet et le double-écran de la machine. Ceci dit, il faut bien reconnaître que les prestations réalisées par Mr Driller : Drill Spirits, Polarium et Zoo Keeper ne relèvent pas du génie, même si je reconnais avoir passé de très bons moments sur le sympathique Polarium. Ce qu'il faut bien que vous compreniez, c'est qu'avec Meteos, on passe d'un seul coup au niveau supérieur, au stade ultime qui propulse ce jeu au-delà de toute comparaison. Bien sûr, tout ça n'est qu'un avis personnel, et je connais quelques irréductibles que le concept de Meteos laisse de marbre. Je vous demanderai donc de me faire confiance et de vous préparer à une excursion psychédélique dans un univers chaotique que vous ne soupçonniez pas.

L'immensité de l'espace est propice à toutes sortes de choses, aux rencontres les plus insolites et aux découvertes les plus inattendues. Le jeu vous improvise pilote d'un vaisseau à bord duquel vous allez vous rendre aux confins de l'univers pour atteindre la planète Meteos. Pourquoi ? Je n'en sais rien, je n'ai pas lu la notice et je ne suis pas sûre que ce soit expliqué dedans, mais qu'importe. La planète Meteos, comme toutes celles que vous serez amené à survoler, est le théâtre d'une gigantesque lutte spatiale à laquelle vous allez participer. Par météorites interposées, il va vous falloir amonceler intelligemment tous les résidus spatiaux qui s'abattent sur vous pour les renvoyer hors du champ d'attraction exercé par la planète où vous vous trouvez.

Pour cela, vous allez vous armer du stylet et ouvrir bien grand vos yeux car il va falloir avoir l'oeil partout pour agir rapidement, de façon précise et réfléchie. A la manière d'un Tetris, les météorites qui s'abattent sur vous apparaissent à l'écran sous forme de blocs de couleur qu'il faut aligner. La méthode consiste en effet à positionner le stylet sur un bloc précis de manière à le déplacer à n'importe quel endroit sur la colonne où il se trouve. Si vous regroupez au moins trois blocs identiques verticalement, la colonne correspondante décolle à partir du point de regroupement. Si vous les regroupez horizontalement, ce sont trois colonnes qui décollent en même temps à la manière d'une gigantesque fusée. Mais à cause de la gravité, les amas de blocs que vous serez parvenu à faire décoller vont retomber inévitablement sur le sol, c'est pourquoi vous devez vous débrouiller pour réaliser d'autres alignements au sein même de cet amas de blocs. Si tout ça vous paraît compliqué, sachez qu'il n'en est rien dans la pratique. Le concept est extrêmement simple à comprendre, mais beaucoup plus difficile à maîtriser.

Le jeu aurait pu se résumer à ça si le concepteur de Rez n'avait pas mis la main à la pâte. Il y a en effet une notion de concept musical derrière Meteos, qui donne l'impression que la musique et les sons font partie intégrante du jeu. Mais ce n'est pas là-dessus que je voulais attirer votre attention. Ce qui est intéressant, c'est que les données à prendre en compte diffèrent sensiblement selon les planètes. Ainsi, le fait que les blocs changent de couleur et de forme, jusqu'à clignoter ou s'animer parfois, complique volontairement la lisibilité de l'écran. De plus, la fréquence qui caractérise l'arrivage des couleurs n'est pas la même, et la vitesse à laquelle les blocs tombent varie selon la gravité, ce qui donne tantôt une impression de forte gravité, tantôt une impression de flottement. Par ailleurs, les conditions qui déterminent le décollage des blocs peuvent changer, ce qui vous oblige à remettre en question votre façon de jouer à chaque fois. A tout cela s'ajoute la présence de blocs parasites impossibles à aligner et d'items aux effets néfastes ou bénéfiques. En mettant ces données bout à bout, on constate que, contrairement à la plupart des Tetris-like, Meteos n'est pas un jeu qui énerve, mais un jeu qui panique le joueur jusqu'à l'angoisse. Les yeux rivés sur chaque pixel de l'écran, c'est les mains moites et le coeur au bord des lèvres que vous tentez de ralentir l'inéluctable, la catastrophe pouvant survenir sitôt que vous commencez à vous laisser déborder. Si comme moi vous vivez les jeux de l'intérieur, vous comprendrez ce que je veux dire. Maintenant, je n'ose même pas imaginer la frénésie qui doit régner lors des parties à quatre joueurs, mais j'imagine qu'on doit frôler l'apocalypse. La compagnie Meteos vous souhaite un bon voyage dans l'espace mais décline toute responsabilité en cas de folie passagère ou de dépendance accrue aux chutes de météorites répétées.