Dans la vie, il faut savoir innover, afin de se démarquer de la masse ou tout simplement pour s'adapter à son environnement. Ceci est également valable dans le milieu vidéoludique et Metal Gear Acid en est le parfait exemple. La série de Kojima arrive donc sur PSP et si on y retrouve la même ambiance (graphique et musicale) ainsi que l'ami Snake, ce titre d'action/infiltration se mue en jeu de stratégie au tour par tour se basant sur un système de cartes. Le tout ne manquera pas d'étonner les adeptes de Metal Gear mais au delà de l'effet de surprise, le jeu s'avère très intéressant malgré plusieurs problèmes qui n'entachent pas trop le plaisir de jeu. Ceci étant dit, débutons la preview de ce titre qui, nous l'espérons, fera partie du line-up de lancement européen de la console en septembre prochain.
Chronologiquement, l'histoire de Metal Gear Acid se déroule après les événements relatés dans Metal Gear Solid 2. Tout débute dans le ciel des Etats Unis en 2016. Un avion, le vol 326, vient d'être piraté par un assaillant inconnu qui a de plus injecté du Bromide (un gaz mortel en très grande quantité) dans le système de ventilation. Parmi les 517 passagers à bord de l'avion, 326 ont été paralysés par le gaz et il se pourrait que parmi les victimes, se trouve le Senateur Hach, candidat aux prochaines élections présidentielles. Une fois pris connaissance des faits, le jeu nous envoie en république de Moloni, sur l'île de Lobito située au sud de l'Afrique. On y découvre des laboratoires et usines gardés par un mystérieux groupe militaire puissamment armé. Retour sur le vol 326. Le pirate responsable du détournement de l'avion pose enfin ses conditions : l'acquisition de Pythagore, un projet de recherche qui semble avoir vu le jour sur l'île de Lobito. Le gouvernement de Moloni refusant d'aider les Etats-Unis, la CIA commandite une opération d'investigation et envoie un de leurs agents sur place. Son nom de code : Solid Snake. Une course contre la montre s'engage alors et Snake va devoir faire toute la vérité sur cette affaire, percer les secrets dissimulés dans les laboratoires de recherche de Lobito et découvrir qui est le fameux pirate informatique qui a pris le contrôle du vol 326.
Comme on peut le voir, l'histoire de Metal Gear Acid est dans la veine de ses aînés et bien que la construction du jeu soit calquée sur celle du premier Metal Gear Solid, on rentre très facilement dans cette nouvelle aventure qui se veut par ailleurs beaucoup plus orientée Manga. Ceci tient sans doute au fait que le jeu mise davantage sur l'intégration de superbes artworks (lors des cinématiques ou des phases de CODEC) que sur des mouvements de caméra complexes dont MGS 1, 2 et 3 ont grandement profité. Il est clair que le manque de place sur un disque UMD y est pour quelque chose mais ceci est à mon sens une très bonne chose puisque tout ceci donne une réelle identité à Metal Gear Acid par rapport à ses grands frères. Bien sûr, comme je le disais plus avant, le schéma de Metal Gear Acid doit énormément à celui de ses ancêtres. On y retrouve donc un univers militarisé à outrance, une intrigue politique faisant intervenir plusieurs personnages rocambolesques, de nombreux dialogues via le CODEC ou par le biais de cinématiques jonchant l'aventure, etc. Ainsi, le titre réussit très bien à conserver l'essence même de la série tout en se démarquant fortement. Ce paradoxe vient du fait que nous allons cette fois évoluer dans un jeu qui repose sur des missions tirant partie de phases au tour par tour et d'un aspect stratégique omniprésent.
Le pari était osé, mais on ne pourra pas reprocher à Konami d'avoir voulu innover, quitte à se mettre à dos une partie des fans. D'ailleurs, il serait dommage de tourner le dos à Metal Gear Acid sous prétexte que l'infiltration cède sa place à la réflexion. Premièrement, rendons à Konami ce qui appartient à Konami, la qualité graphique. Si les prouesses de la PSP ne sont plus à mettre en doute en ce qui concerne la 3D, il faut avouer que la qualité de modélisation des personnages étonne. Rendez-vous compte, le jeu se situe, en terme de technique, entre MGS et MGS 2. Outre les superbes artworks dont je parlais plus haut, Metal Gear Acid se prévaut de plusieurs animations bien rendues et de jolis effets spéciaux ayant trait aux explosions notamment. On regrettera par contre que les décors soient aussi froids que ceux de MGS 2 et qu'ils ne nous permettent d'évoluer que dans des bâtiments aseptisés, dans des ruines ou aux abords des laboratoires ou usines. Cependant, je précise que je n'ai écumé qu'une dizaine de missions et que toute cette homogénéité graphique pourrait évoluer par la suite. Signalons également que le jeu se déroule dans des environnements qui peuvent être scrutés sous plusieurs angles (grâce aux différents angles de caméra) et que chacun de vos tours seront ponctués par des scènes qui verront Snake (ou vos ennemis) effectuer l'action choisie. Certes, ceci rompt un peu le rythme mais donne en contrepartie une dimension un peu plus dynamique à l'ensemble.
Venons-en au système de combat qui n'est pas si difficile que cela à appréhender. Bien que le jeu utilise des cartes, n'allez pas croire que le tout soit proche d'un Yu-Gi-Oh ! ou d'un Kingdom Hearts Chains Of Memory, même si on pourrait trouver quelques similitudes avec ce dernier. Ainsi, avant de débuter une des missions qui composent l'aventure, vous allez devoir former un deck comprenant au minimum 30 cartes, bien que ce nombre soit continuellement revu à la hausse à mesure que le scénario avancera. A ce sujet, vous pourrez gagner des cartes à l'issue de chaque mission ou en acheter en passant par une boutique. La première chose à savoir est que vous achèterez vos cartes en utilisant les points que vous obtiendrez en terminant un niveau. Sachant que ces points seront plus ou moins importants en fonction de votre façon de jouer (nombre d'alarmes déclenchées, tuer sans être vu, etc.), vous comprendrez très rapidement que le fait d'être furtif est très important. Notez que vous pourrez également trouver des packs de cartes dans les niveaux qui viendront s'ajouter à votre stock. Pour revenir à la boutique, je signale que chaque pack vendu est rattaché à MGS 1, 2 ou 3 et contient trois cartes. Les cartes des packs étant choisies au hasard (et en fonction d'un taux de fréquence), vous devrez faire preuve de patience pour obtenir ce que vous désirez et ainsi compléter votre collection de plus de 200 cartes.
Vos précieuses cartes sont divisées en cinq types : Armes, Action, Support, Objets et Personnages. Chaque type de carte a des spécificités et vous devrez constamment en tenir compte. Bien que vous puissiez bouger par le biais de chaque carte (ou presque), sachez par exemple que la carte Genome Soldier vous permettra de bouger plus loin que la carte Socom (pour ne citer qu'elle) qui vous servira à la base à tirer sur un ennemi. Tout étant basé sur ce concept, vous devrez souvent réfléchir avant de choisir telle ou telle carte en fonction de la situation. Prenons un exemple. Vous êtes dans une pièce où un garde se trouve à deux cases de distance. Parmi vos cartes disponibles, vous disposez de la carte Genome Soldier. Dans ce cas, il sera par exemple plus judicieux de la garder pour avancer plus loin au prochain tour et de choisir une autre carte grâce à laquelle vous pourrez malgré tout atteindre le soldat. Ensuite, vous pourrez utiliser une carte Katana pour tuer votre ennemi en silence. Le système s'avère très riche mais au bout d'une ou deux missions, vous en comprendrez toutes les subtilités. Par contre, l'aspect purement stratégique déçoit parfois. Ainsi, vous pourrez utiliser une carte Famas pour tuer un soldat et ce sans éveiller les soupçons d'un de ses pairs à quatre ou cinq cases de distance. Ensuite, il arrive parfois qu'un garde nous repère mais ne poursuive pas bien loin ses investigations et ce malgré l'état d'alerte. Il ne vous restera alors plus qu'à attendre, bien planqué, que l'alerte passe en phase Evasion puis Prudence, pour poursuivre vos investigations. Au niveau des bugs, signalons aussi le garde qui ne nous voit pas alors qu'il nous surplombe ou le soldat qui nous tire dessus à travers un mur. Ca la fout mal, je vous l'accorde.
Je me réserve tout de même le droit de terminer le jeu pour en émettre un avis définitif. En l'état, quelques possibilités de mouvements (ramper, taper contre un mur pour attirer un garde, se suspendre...) ont été conservées pour servir le gameplay qui ne manque pas de charme. De plus, si on retrouve tous les gadgets des précédents MGS (le carton pour se camoufler, les différents types de grenades et d'armes à feu, les rations), plusieurs nouveautés s'accordent avec le type de jeu. Tout comme dans Final Fantasy Tactics, vous pourrez réaliser deux actions par tour avant que vos ennemis en fassent de même. Vous disposerez d'un capital de points d'action qui diminuera en fonction des cartes que vous choisirez. Une fois ce total épuisé, ce sera à votre ennemi de jouer. Néanmoins, certaines cartes vous permettront de récupérer des points afin de prolonger votre tour. De plus, vous pourrez aussi retirer deux des six cartes de votre main pour en obtenir de nouvelles qui seront choisies au hasard. On appréciera aussi les nombreux clins d'oeil en rapport à plusieurs cartes. Celle d'Otacon vous servira par exemple à augmenter la puissance de feu de votre arme, celle de Psycho Mantis à désorienter un ennemi, celle de Sniper Wolf à être plus précis. En parlant de précision, il faut aussi savoir que votre position par rapport à un ennemi sera prise en compte lorsque vous lui tirerez dessus. La gravité des blessures et votre pourcentage de réussite sera alors plus ou moins grand. De plus, si vous vous équipez de certaines cartes, vous aurez parfois droit à des réactions de la part de Snake (comme des contre-attaques) lorsqu'un ennemi vous tirera dessus.
Metal Gear Acid est une expérience doublement intéressante, autant pour le fan de MGS que pour celui ou celle qui voudrait se mettre au genre stratégie/tactique. Bien qu'étant agréable à jouer et facile à prendre en mains, on pourra par contre lui reprocher une IA quelque peu défaillante, plusieurs bugs ou des passages très lents où il convient simplement d'avancer pendant trois ou quatre tours avant d'arriver à un garde. Ceci dit, j'ai personnellement été conquis mais il faut aussi voir que je suis fan de RPG tactique ET de la série de Kojima. Reste maintenant à vérifier ce que donne le Multijoueur, à juger de la durée de vie et à voir si l'intérêt ne s'étiolera pas à mesure de la progression. Tout auréolé de prudence, je reste donc confiant et souhaite la bienvenue à Snake dans un univers bien différent de celui qui l'a vu naître.