La première fois que l'on s'étend sur la description du concept de SCAR, on ne peut rester de marbre. Annoncé comme le premier RPG mettant en scène des automobiles, il est évident que d'une part, nombreux d'entre nous ne pourront s'empêcher de décrire une grimace d'interrogation face à ce constat, et que d'autre part ce n'est pas vraiment une nouveauté. Et oui, le jeu de rôle exposant des pneus et des carrosseries rutilantes a été mis en relief par Squaresoft (maintenant Square-Enix), par le biais du très étrange Racing Lagoon. N'ayant rien à voir avec Bahamut Lagoon, ce titre narrait le destin d'un jeune pilote dans les bas-fonds de Tokyo, au gré de courses sauvages et de tuning actif. Un concept inédit qui mêlait assez habilement deux genres peu propices à une rencontre en bon terme. En même temps, il existe bien un RPG dont les "héros" sont des chars d'assaut...
Se présentant au départ comme une simple ode à la célèbre marque Alfa Roméo, comme le fut le moins fameux World Racing, SCAR commença à se démarquer d'une concurrence rude et fière de ses acquis à l'exposition de son principe fondateur, à savoir la gestion du pilote, et non de son destrier d'acier. Une évolution suffisamment notable et originale pour se faire remarquer dans le flot de suites plus ou moins convaincantes qui surgissent depuis ce début d'année. Défini comme, je cite, un "CARPG", le soft édité par Nobilis s'attaque à un créneau peu répandu, prenant la forme d'un mélange savant entre une simulation de conduite suivant les traces de GT4, et un RPG, dans ses principes élémentaires. Vous ne serez donc pas surpris d'apercevoir des points d'XP au détour d'un menu ou l'évolution de votre avatar calculé en niveaux. Mais rassurez-vous, vous n'aurez pas besoin de battre la campagne à la recherche d'un pyromane en cape noire, ou de massacrer des dizaines de créatures tentaculaires pour empocher ces si précieux morceaux d'expérience. La simplification, à ce niveau précis, a le mérite de ne conserver que les données les plus importantes afin d'en tirer l'essentiel, c'est à dire la progression d'un statut via des épreuves remportées. Une explication s'impose néanmoins afin de bien saisir les points fondateurs de ce jeu de course pas comme les autres, quitte à décevoir les amateurs éclairés de la série des Gran Turismo, ou de Toca Race Driver.
Tout d'abord, il est important de bien cerner la manière dont fonctionne le soft. Scindé en deux grandes parties, prenant d'un côté la forme d'un mode "Action Instantanée", dont le titre ne laisse aucun doute à son sujet, et de l'autre celle d'un mode "Dynastie", s'apparentant à une carrière dont vous devenez le héros malgré vous. En effet, aucun élément scénaristique ne viendra vous plonger dans l'aventure, ou plutôt les accumulations de courses que vous allez vivre, à la différence des derniers épisodes de Toca par exemple. Mais là où SCAR perd en immersion immédiate, il gagne en technique d'évolution. Une fois plongé dans les méandres de ce mode au nom relativement pompeux, vous aurez une nouvelle fois le choix entre trois voies différentes. La première nommée sobrement "Tours" représente le corps du jeu et c'est en son sein que vous contemplerez votre statut augmenter au fur et à mesure. Scindée en cinq niveaux de difficulté, allant de "débutant" à "illimité" et comportant chacun 10 circuits à parcourir, cette dernière vous octroie l'occasion d'engranger avec gourmandise des montagnes d'XP et d'équipements nécessaires à une meilleure approche de certains tracés. Effectivement, une fois votre destinée définie dans l'un des modes de difficulté il vous incombera de vous rallier soit à "Evènements XP", un ensemble d'épreuves vous rapportant des points d'expérience, soit à "Evènements Equipement", fonctionnant quant à lui via un gain de nouvelles pièces se rapportant à la tenue de votre pilote. Il est bien évident que dans les deux cas, plus vous arriverez sur une marche du podium élevée, et plus vous empocherez de compensations. Tout en sachant que si vous désirez obtenir de l'habillement de compétition il vous faudra impérativement traverser la ligne d'arrivée en tête. Un principe très intéressant, poussant rapidement à se surpasser afin d'acquérir de nouvelles bottes, casques, ou gants, permettant d'améliorer certaines caractéristiques du conducteur émérite que vous dirigez.
En effet, vous devrez sans cesse prendre soin de ce dernier, sans qui votre aventure ne serait rien. Comme dans tout RPG qui se respecte, le personnage principal possède un nombre particulier de compétences, qu'il est plus que nécessaire de développer dans un souci de performance. Au nombre de 9 dans le cas présent, elles sont réparties dans des catégories bien distinctes, comme la santé, augmentant le nombre de HP de la voiture, la vision, autorisant l'utilisation du "Tiger Effect", ou encore le maniement, en passant par l'endurance. Chacun de ces composants peut être accentué par le biais d'un système de points à répartir au fil de la progression. En fait, à chaque fois que le pilote monte d'un niveau à la suite d'un gain d'expérience, il empoche un point de compétence qu'il vous incombera de placer dans le domaine que vous pensez être le plus digne d'intérêt. Tout en sachant que certains auront des effets immédiats plus imposants que d'autres. Par exemple, le "Tiger Effect" vous conférera le pouvoir de remonter dans le temps s'il vous est arrivé de rater un virage ou de vous retrouver encastré dans un concurrent. Une idée très agréable, qui si elle n'est pas très originale en soi, a le mérite de changer complètement la manière d'appréhender une course. Surtout que, comme chaque spécificité, vous pourrez aisément l'upgrader en lui attribuant des points, influant sur le nombre d'utilisations possibles au sein d'un circuit. Sans oublier bien sûr le fait que certaines pièces d'équipement ne peuvent être portées qu'à partir d'un certain niveau, et que cette même donnée gère la possibilité d'entrer, ou non, dans diverses épreuves. L'autre voie appelée "Défis" vous enjoint à participer à des balades thématisées, durant lesquelles il sera obligatoire de respecter certaines règles de comportement, comme ne pas dépasser la vitesse limite autorisée à plusieurs endroits d'un circuit, ou encore éviter de faire trop d'écart de conduite durant un nombre de tours définis. Un second point de vue assez varié et sympathique donc, mais qui semble se révéler relativement limité sur la longueur, bien que participant à l'obtention d'objets inédits et de quelques points d'expérience. Enfin, vous aurez également l'immense chance de retrouver un Time-Trial des plus classiques qui rappellera à ceux qui l'auraient oublié que SCAR est avant tout un jeu de course.
Néanmoins, ce sont justement les phases de conduite qui vous rafraîchiront la mémoire sur ce point précis. Autant vous le dire tout de suite, n'espérez pas oeuvrer au sein de décors aussi splendides que ceux présents dans GT4, ni être émoustillé par des textures d'une qualité indéniable. En effet, le titre de Milestone, soumis à un aliasing omniprésent et un clipping assez conséquent, ne peut pas se targuer de proposer une finesse équivalente à leur précédente production sur Xbox, à savoir Racing Evoluzione. Néanmoins, les environnements relativement fins, bien qu'assez vides, et la modélisation des divers bolides vraiment détaillée et léchée, apportent une source de réconfort manifeste, soutenue par la jouabilité sincèrement convaincante du soft. Adoptant le parti pris de la simulation, ce dernier met en place un moteur physique suffisamment réaliste pour ne pas être trop permissif, tout en conservant une marge de manoeuvre intelligente, empêchant l'arrivée d'une trop grande austérité. On se retrouve donc avec une sorte de jouabilité à la GT4, gérant à merveille les reprises d'adhérence en sortie de virage et le survirage. De plus, l'apparition d'une dénivellation à même les pistes influe énormément sur les trajectoires, bien plus dépendantes de cet aspect que dans le soft de Polyphony Digital. Une fois la maîtrise atteinte, il ne vous restera plus qu'à gérer la jauge de dégâts de votre bolide, représentée par une espèce d'incarnation des HP propres aux RPG, qui se videra lentement mais sûrement à chaque choc encaissé. Au final, donc, et pour l'instant, SCAR est une véritable bonne surprise, non exempte de défauts certes, surtout au niveau graphique, mais proposant une originalité probante et un style de conduite très agréable. Espérons que ces lacunes seront un tantinet résolues dans la version finale, et SCAR pourrait bien rugir de plaisir.