Qui y'a t-il de plus charismatique qu'un ver de terre ? Je vous le demande. Certains me répondront une huître avec une cape, d'autres un poussin avec un bandeau sur l'oeil, mais ils auront oublié le fait que ces derniers n'ont jamais connu la glorieuse épopée d'une aventure vidéoludique. En effet, et les amateurs de softs multijoueurs de qualité ne me contrediront pas, Worms demeure l'une des références de soirées échevelées à s'auto-détruire à grands coups de pâte d'amande et de limonade. Un mélange assez détonant, dont l'apport graisseux et sucré n'est plus à prouver. Maintenant, à vous d'emporter ce sentiment de fête avec vous.
C'est décidé, cette année les vers voyagent. Non contents d'avoir conquis le monde dangereux et emberlificoté du net à coups d'explosions, de vaporisations et de claques clinquantes dans des visages très moufles, nos amis les invertébrés reviennent une nouvelle fois dans une guerre fratricide dont ils ont le secret. Transfuge de la version GBA, découlant déjà des opus PC et PSone, Worms World Party devient accessible à tous les joueurs de N-Gage un peu lésés ces temps-ci. Tirant parti du N-Gage Arena, le soft de Team 17 vous permettra de participer à des pugilats stratégiques jusqu'à 4, ou simplement face à un ami via la technologie Bluetooth. Colonne vertébrale de cette ode au plaisir à plusieurs, cet aspect est on ne peut plus agréable à mettre en place, et il ne vous faudra pas longtemps pour convaincre quelques individus de participer à un concours de lancer de bananes explosives. Une fois préparé à croiser le fer, il ne vous restera plus qu'à plonger dans les méandres d'un monde loufoque et en proie à un non-sens complet.
Les décors sont toujours autant d'inspiration dessin-animé et regorgent de couleurs
Mais pour ceux qui ne sont pas des habitués du monde sous-terrain de Worms, un petite parenthèse explicative s'impose. En fait, le gameplay du jeu est basé sur un affrontement entre deux ou plusieurs camps rivaux, disposés aléatoirement sur une carte. Le but de la manoeuvre est bien entendu de réduire son opposant à néant. Pour se faire, donc, vous disposez de plusieurs manières différentes, tout en étant complémentaires. Soit vous utilisez une arme parmi la quarantaine à votre disposition, soit vous ne vous servez de ces dernières que comme un apport. En effet, il sera tout à votre honneur de pousser un adversaire avec une roquette, dans le but de le forcer à chuter dans un élément qui signifie la mort instantanée de n'importe quel ver digne de ce nom, alias l'eau. Deux tactiques se montrent donc à vous sous des jours différents, selon votre humeur et surtout selon l'aire de combat. Complètement destructibles, ces dernières possèdent un level-design très inventif, et réservent de très nombreuses subtilités, s'adaptant aux plus vicieux d'entre vous. Voir un ennemi chuter dans un gouffre préalablement façonné par vos soins est un véritable moment de sadique jouissance. Un soft qui met à jour les instincts les plus fourbes.
Un ver sous-marin n'est pas un gage de victoire, loin de là
Bercé dans une atmosphère consciemment axée sur la dérision la plus totale, Worms met à votre disposition un arsenal des plus atypiques. Des super-moutons à la motivation évidente, en passant par des grands-mères piégées ou encore des actions kamikazes désespérées, les vers de terre sont prêts à tout pour faire triompher leur camp. A ce sujet, chaque groupe représente un "type" social particulier, du militaire américain adepte des "You gonna die", à l'intellectuel au ton enlevé, vous trouverez une galerie de portraits sincèrement bien vue à travers bien sûr le filtre du second degré. Mais ce n'est pas tout. En effet, les divers environnements que vous côtoyez possèdent un style graphique inimitable, tiraillés entre un aspect organique et un rendu proche d'un dessin animé. Et c'est dans ce climat tout en rondeurs, comme un gros marshmallow dégoulinant au coin du feu que vous devrez vous entretuer avec des vers à l'allure guerrière. N'essayez pas d'imaginer le résultat, il dépassera de toute façon vos attentes. Tiré directement de la version GBA comme évoqué ci-dessus, Worms World Party en conserve la réalisation graphique, présentant donc des individus assez détaillés, aux attitudes réellement amusantes, mais limités dans leur animation, qui aurait pu gagner un tantinet en fluidité. De même, si les décors sont sincèrement attachants, on regrette l'absence d'arrières-plans convaincants, ce qui donne un sentiment de flottement du niveau. Comme si ce dernier n'était pas vraiment ancré dans un monde particulier. Mais ce ne sont que de légères remontrances pour un titre qui s'annonce très sympathique dans le fond et dans la forme.
Reste bien entendu le mode solo, lassant et sans challenge suffisant pour pousser à progresser dans l'aventure, mais assez secondaire dans un titre comme celui- ci. Une bonne annonce par conséquent pour les possesseurs de N-Gage qui trouveront là un divertissement multijoueur qui leur faisait défaut. En espérant qu'ils trouvent des partenaires de jeu. Sinon... Pour terminer donc, voici un titre aux atours convaincants qui souffre encore une fois de la croix de direction N-Gage, et d'une interface pas toujours pratique. La passion surmontera t-elle cet écueil ?
