Désirant visiblement faire forte impression, le fier guerrier s'est en effet paré de ses plus beaux atouts. Ce qui s'était déjà révélé fantastique sur notre bonne vieille PS2, possède ici un charme que rien visiblement ne peut égaler. Parcourant nerveusement des environnements d'une finesse graphique dont peu peuvent se targuer, votre voyage parmi les effluves chaudes des Contes des Milles et Une Nuits s'annonce onirique. Formant un tout indivisible, une entité crédible de bout en bout, l'ensemble des décors dispose d'un design fortement recherché, procurant une assise notable à cet univers oriental. Rien n'est laissé au hasard. Chaque pièce, chaque corridor, ne serait-ce que le plus infime ne passe pas au travers de l'attention des développeurs. Baigné le plus souvent d'une lumière opaque, où les seuls sons s'avèrent être l'apanage de gouttes d'eau résonnant dans les bas-fonds, doublés de cris lointains, l'ambiance évoque de manière plus que visible le fabuleux Ico. Le palais du Vizir semble vivre de son propre chef, cherchant tantôt à dérouter l'aventurier, tantôt à l' effrayer par des manifestations d'une irascible rancoeur. Il semble sincèrement parfois que cette citadelle connaît vos défauts. Immersif et enivrant. Tout comme le sont les faits et gestes du noble combattant.

En effet, peu de héros sont parvenus à procurer un sentiment de plaisir de jeu aussi jouissif. Disposant d'une animation sans faille, notre compagnon de route exploite sa souplesse et sa dextérité dans le but avoué de ravir les joueurs avides de sensations fortes. Malgré le fait que le gameplay soit à la base fort simple, les ajouts orchestrés ne se limitent pas à une évolution, mais à une révolution pure et simple. Vous disposez d'une dague, appelée Dague Du Temps, car elle permet d'influer sur ce dernier. Grâce à elle, vous pouvez par exemple, d'une simple pression sur la gâchette gauche, remontez le cours de votre destin alors que vous vous trouviez en mauvaise posture. Imaginez. Vous chutez d'au bas mot cinquante mètres, entrant en contact durement avec le sol pavé du grand hall du plais. La fin vous semble inéluctable. Et bien il n'en est rien, car il vous est possible de remonter jusqu'à votre point de chute, de manière à ne pas renouveler votre erreur. Un principe génial, et intuitif à l'utilisation. Vous aurez cependant besoin pour réaliser ce miracle de sable, que vous pourrez collecter sur les cadavres de vos ennemis, ainsi qu'au sein de concentrations particulières, sous forme de petits tourbillons compacts. Mais attention, vos opposants ne vous font aucunement cadeau de leur précieux fluide si facilement. Il vous faudra pour cela les achever avec votre lame magique. Le cas échéant il reviendront à la vie. Ceci amène des situations de combat donnant à contempler des actions possédant une classe sans commune mesure. Effectuer un saut périlleux au-dessus d'un ennemi, en lui infligeant un sévère coup de cimeterre, afin de retomber derrière lui pour donner le coup de grâce demeure époustouflant. A tel point que l'on en reste stoïque. De même, la capacité du jeune homme a défier les lois de la gravité par le biais d'une multitude de mouvements différents, amène un rythme soutenu tout au long de l'aventure, sans avoir besoin d'y adjoindre force batailles. La menace est présente, mais souvent d'une manière détournée.

D'autre part, le travail effectué sur les caméras est un modèle de compromis entre plans cinématographiques d'envergure, et lisibilité de l'action. Un anti-Dino Crisis 3 en somme. L'accent est souvent mis sur le gigantisme des salles, tout en focalisant votre vue sur les objets ou parties du décor nécessaires à votre progression. Vous pouvez à tout moment recadrer votre point de vue de manière très simple, réduisant de manière conséquente le désagrément induit par certains angles parfois douteux durant les combats. La variété des situations rencontrées relance un intérêt qui comblerait déjà n'importe quel joueur. Des phases purement vouées à vos réflexes, d'autres se présentant sous formes d'énigmes (un peu trop simples parfois), d'autres encore en appelant à votre art de la guerre, participent à disperser au sein du soft un souffle de crédibilité artistique tout autant que ludique. Prenant à contre-pied les habitudes d'un genre trop souvent réduit à sa plus simple expression, PoP possède un charisme que peu pourraient reconnaître sans rougir. Si votre titre favori mettait en scène le légendaire fils de Sparda, nul doute que vous trouverez l'ensemble des composantes qui vous tiennent à coeur lors de l'achat d'un titre. A savoir une ambiance poussée, ainsi qu'une originalité notable, accompagnées d'un gameplay impressionnant. Cet opus Xbox s'annonce donc sous les meilleurs auspices. Malgré tout, le peu de changements vis-à vis de la version PS2, mis à part l'évolution graphique, ne le destine qu'à ceux ne possédant pas cette dernière. A noter qu'il vous est possible dès l'écran principal de consulter un making-of très intéressant.

Au final, resplendissant tout autant que sa grande soeur sur le monolithe de Sony, ce portage (car c'en est un), bénéficie de semblables atouts, misant avant toute chose sur l' immersion du joueur que ce soit au niveau de l'action proprement dite ou de l'atmosphère. Espérons que d'ici sa sortie (mais ce n'est que peu probable), deux ou trois petites choses viendront étoffer sa durée de vie un peu légère. Court mais intense. Voilà ce qui ressort de cette première approche. Je retourne remonter le temps.