Surfant sur la vague des jeux à vocation conviviale, Super Farm parvient à nous surprendre par le biais de l'environnement à travers lequel vous évoluez, ainsi que par les personnages mis à votre disposition. Adepte des grands bocages normands, vous serez comblé en apprenant que vos pérégrinations vous mèneront en une ferme un peu spéciale. En effet, elle abrite en ses murs des créatures communes du milieu rural, à l'image de cochons, lapins et autres résidants forcés, mais grimés à la manière de super héros tout droit sortis du monde des comics (pas troupiers, quoi que...). Vous vous retrouvez donc aux commandes d'une troupe assez hétéroclite, mais unie dans un but semblable. Que serait un challenge sans une gratification au bout ? Ici, il s'agit de la plus belle poule de l'enclos, aux formes généreusement disproportionnées. Vous devez tout tenter afin de parvenir à la séduire, au travers de nombreux mini-jeux tous plus débiles les uns que les autres. Malheureusement, ces derniers portent la lourde charge de détenir la définition du mauvais goût. Contenant dans leur majeure partie d' abondantes références scatologiques, le deuxième degré que l'on croyait poindre en début de partie dérape rapidement dans l'humour gras. Le passage où votre but est de récolter de petits chatons afin que l'audacieuse représentante des gallinacés parvienne à résoudre son problème de papier toilette est relativement affligeant. Ce qui est dommageable n'est pas l'idée mais la focalisation sur un point précis.

De même, les diverses épreuves, du moins celles que j'ai pu essayer, se révèlent suffisamment amusantes, bien que passablement classiques dans leur fonctionnement. Cependant, l'aspect physique des protagonistes participe énormément au plaisir pris à batailler vaillamment, muni d'une pelle, d'une enclume ou bien d'une bouse de vache (je vous avais prévenu). D'autant que graphiquement vous n'assisterez pas à une révolution artistique. Peu détaillés et manquant singulièrement d'âme, les décors que vous traverserez pourront vous déstabiliser quelque peu. On peut aisément se dire que cela provient d'un parti pris esthétique, surtout à la vue des héros et de leur modélisation de qualité moyenne, mais on peut également se demander si ce n'est pas simplement mal réalisé. Pourtant, l'intérêt de ce type de soft réside dans son gameplay et non dans ses graphismes. Mais quand celui-ci a des difficultés à se montrer convaincant, les récifs se font plus proches.

Reposant sur des mécanismes identiques dans le fond, il demeure toujours fort important de se munir d'une arme contondante ou non, afin de pousser son opposant direct à l'échec. Mais curieusement, quel que soit l' objectif à atteindre, il vous faudra éternellement prendre en main ces ustensiles, jamais renouvelés au demeurant. Ce qui amène logiquement une lassitude significative due au manque de variété, non sur la forme, mais sur le fond des affrontements. Le plus étonnant réside néanmoins dans le fait que l'on éprouve tout de même un amusement certain. Attendons donc de voir la version finale pour se faire un avis plus exhaustif. Bien que le doute soit plus que permis, il est peut-être possible (notez la prudence) que les développeurs remédient à cette désagréable sensation d'exécuter sempiternellement des actions analogues masquées par des environnements différents. Une refonte graphique serait à n'en pas douter salvatrice, dans le but de donner ses chances à un soft sans prétention face à un Mario Party surpuissant. Au final, malgré des lacunes proportionnellement importantes, on parvient à apercevoir une lueur de plaisir que quelques améliorations pourraient facilement embraser. Son plus grand tort est de donner pour l'instant l'impression que ses géniteurs se sont dit qu'étant donné que leur titre n'était pas original, un côté "trash" ferait parler de lui. Un jeu peu convaincant, qui ne peut donc que se bonifier. Allez tout le monde déguise ses poulets !