Dans le domaine profond, et relativement réservé à un public de forcenés de l'enchantement vidéo-ludique, du RPG, on peut distinguer plusieurs formes de gameplay. L'Action-RPG, sur le modèle de Secret Of Mana, le RPG classique, comme Final fantasy, le Tactical-RPG, avec comme représentant Tactics Ogre, le Dungeon-RPG, comprenant l'ineffable Vagrant Story ou bien encore le Strategy-RPG, mis en avant par le descendant d'une des séries les plus célèbres de la Psone, j'ai nommé Arc The Lad. Qu'en est-il alors de ce nouvel opus intitulé sobrement : Le Clan Des Deimos.
Sacrifiant la 2D sur l'autel de la technologie, ce dernier épisode en date se trouve plongé dans le raz de marée de la 3D, employée pour tout et partout (bon slogan). A tel point d'ailleurs qu'on peut légitimement se demander si cette dernière n'est pas parfois de trop. Vous oserez peut-être le penser en vous plongeant avec délice dans la mouture PS2 d'une des sagas les plus importantes du monde de plus en plus ouvert du RPG japonais. En effet, s'il est une chose qui frappe lors de l'entrée en matière, cela ne peut être que la qualité graphique passablement déconcertante. Cependant pas d'inquiétude majeure à avoir, le constat ne touche pas à la catastrophe artistique, loin de là. Néanmoins, si l'animation des visages et des personnages demeure crédible et de bonne facture, certains décors, fortement dépouillés et texturés de manière lacunaire endiguent un plaisir qui aurait pu être immédiat. L'architecture du monde que vous foulerez bientôt, se révèle classique tout en apportant son lot de biosphères particulières et enchanteresses. Il est également bon de noter une mise en scène bien pensée, jouant avec des angles de caméra dans l'ensemble bien ajustés aux situations, permettant aisément de saisir la volonté du "réalisateur". Un vent frais et pur caresse votre nuque. Il souffle à votre oreille la douce mélodie de contes anciens.
Ouvrons désormais les grimoires anciens. Remémorons-nous les faits d'armes d'un certain Arc, qui accompagné de ses compagnons et des esprits était parvenu à sceller un mal ancien, que tous pensaient scellé. Mais c'était sans prendre en compte la chute lente et désastreuse des entités spirituelles qui permit l'apparition d'un peuple jusque là inconnu, les Deimos. Sorte de créatures mi-homme, mi-animaux, cette différence porta la peur au coeur des hommes et aboutit à une scission stricte. De ces dissensions naquit une guerre latente que nombre d'êtres souhaiteraient voir éclater afin de déclarer enfin un vainqueur. Mais qui représente le Bien ? Qui oeuvre en fonction du Mal ? Tout cela n'est pas si simple, et c'est bien une des choses que l'on ne peut reprocher à ce soft. Enfin, une trame non manichéenne. C'est dans cet état de fait que viennent au monde Kharg, un humain résidant au village de Yewbell, et Darc, un deimos errant depuis la mort de son père. Il vous sera d'ailleurs possible de vivre ces deux quêtes épiques à tour de rôle, incarnant l'un ou l'autre, permettant de confronter les points de vue et de définir de quel côté penche la balance de la raison. Une idée originale, reprenant dans le principe la dualité Ryu et Fou-Lu au sein de Breath Of Fire 4. Manquant un tantinet de charisme, Kharg fait pâle figure face à son homologue appartenant au camp des pseudo-ennemis, torturé mentalement après avoir assisté à la mort de son géniteur et battu toute son enfance par une mère d'accueil cynique. Un background complet et prenant amenant une réflexion sur la logique populaire de bon aloi. Mais tout cela évoque également de dantesques affrontements.
Plus proches de Breath Of Fire Dragon Quarter (décidément) que de ceux communs à la série de RPG stratégique de Sony, les combats reposent pourtant toujours sur une limitation tactique du mouvement. Chaque personnage possède un cercle bleu, suggérant ses possibilités de déplacement. A vous donc de vous poster de manière à infliger le plus de dégâts possibles à votre adversaire (dans le dos le plus souvent) tout en protégeant vos arrières. Prônant un tour par tour logique, il vous incombera de préparer votre stratégie guerrière avant tout heurt. Par une simple pression sur la touche triangle, un menu proposant d'utiliser un objet, ou encore de vous servir d'une attaque spéciale surgit. Une simplicité agréable. Un écueil pointe soudain à l'horizon. En effet, les affrontements traînent en longueur et ne disposent pas d'un dynamisme effarant. De même, être forcé de collecter les items que laissent choir les opposants en utilisant un tour pour cela, s'avère très rapidement lassant. Si vous ne daignez point faire cela, il n'y aura aucune récompense pour vous à la fin du pugilat. Par ailleurs, à la différence des trois premiers Arc (si l'on excepte Arc Arena), vous aurez la possibilité de vous fournir en objets lors de visites dans les magasins de la ville. Du moins avec Kharg. Adieu la fonction géniale consistant à sauter par dessus les éléments du décor en pleine bataille, les jolis carrés d'échiquier. Une évolution peu dommageable, mais qui a tout de même son poids.
Legend Of Dragoon ! Ce cri, vous le pousserez en écoutant d'une oreille attentive le doublage français relativement mauvais, décrédibilisant totalement certains intervenants, dont votre meilleure amie : Paulette. Comment voulez-vous vous identifier aux héros ? Fort heureusement, vous pouvez changer le doublage à tout moment et opter pour un anglais certes loin du japonais, mais bien plus immersif et passionné que le français. Les textes bénéficient quant à eux d'une traduction sans faille, s'adaptant à la langue française avec justesse. La plupart du temps. Les différentes compositions musicales berceront vos oreilles avec douceur, sans prendre vraiment part entière dans l'intérêt général. Au final, disposant d'atouts non négligeables, la réalisation globale pêche par un manque de finition globale tout en proposant un ensemble fort joli. Espérons que le doublage évoluera. Un scénario prometteur poussera les plus fébriles à s'y essayer. Arc The Lad, le renouveau ? Pas sûr.