Qui se souvient encore de Super Runabout sur Dreamcast ? Et puis d'abord, qui se souvient encore de la Dreamcast ? Oh, c'est bon, c'était juste une boutade, pas la peine d'envoyer des mails d'insultes. Pour revenir à Super Runabout, je vous renvoie directement au test complet que nous lui avions consacré lors de sa sortie. Vous y apprendrez plein de jolies choses, notamment que le jeu baignait dans une certaine médiocrité à tous niveaux. Vous pouviez vous éclater (au sens propre) en voiture dans les rues de San Francisco. Injouable et totalement dénué d'intérêt, le jeu ne restait pas dans les mémoires collectives pour rejoindre rapidement le fond de nos placards. Aujourd'hui, le développeur remet le couvert et tente de se rattraper sur PS2 avec un nouveau volet de sa série. Mais honnêtement, c'est peine perdu, le titre est tout aussi mauvais et vient directement concurrencer les productions Davilex (K2000, Paris-Marseille Racing...) sur le terrain du ridicule. Enfin... puisqu'on a l'habitude de dire que ce défaut ne tue pas, allons-y gaiement et décortiquons la bête. Laissez-moi juste enfiler mes gants anti-bouse et nous voilà partis.

Bien, bien, bien... Que peux-tu nous réserver Mr Runabout, troisième du nom ? Je parie que sous ton capot, se cache moult niveaux avec tout plein de voitures et des objectifs bien débiles en pagaille. Bingo ! C'est exactement ça ! Au volant d'engins aussi divers que des voitures, des bus, des tanks, des camions ou même au guidon d'une moto, vous voilà lancés dans les rues de New York, à naviguer entre le trafic pour rejoindre au plus vite votre but, en ne perdant jamais une occasion de faire profiter tout le monde de vos talents de cascadeurs. Là, il vous faudra trouver des pièces de voitures volées, ici, il faudra prendre la femme du commissaire en filature. Plus loin, vous devrez conduire votre amie dans un lieu bien romantique en prenant soin de ne pas la brusquer, c'est à dire en laissant de côté le style de conduite « autos tamponneuses » pour ne pas lui faire peur. A défaut d'être passionnants, les objectifs ont la bonne idée d'être variés et pour le moins originaux. C'est déjà ça...

Tout comme ses peu glorieux prédécesseurs, Runabout 3 est complètement gâché par une réalisation aussi moisie qu'un Roquefort vieux de 30 ans laissé au soleil. L'allusion n'est pas si anodine que ça. Vous pouvez facilement imaginer le fromage dégoulinant et laissant une sale odeur, n'est-ce pas ? Et bien, ici c'est la même chose, ça bave, c'est moche et s'il y avait l'odeur, je suis sûr que ça chlinguerait tout autant. L'aliasing a rarement été aussi présent sur PS2. C'est bien simple, on ne distingue rien au bout des rues en raison de l'effet d'escaliers qui brouille tout le champ de vision. L'animation a une certaine tendance à paresser et baisse les bras assez régulièrement. Le frame rate subit alors de lourdes chutes qui deviennent pénibles à la longue. Je ne toucherais volontairement pas au chapitre bugs, les dénombrer tous serait trop long vu qu'ils sont à peu près tous là.

Les véhicules ne se contentent pas d'être hideux, ils se comportent très bizarrement. La jouabilité, si on peut qualifier ça de jouabilité, est vraiment très spéciale. La moindre pichette sur le volant entraîne la plupart du temps de monstrueux accidents avec des voitures qui s'envolent à plusieurs mètres au dessus du sol comme si elles étaient faites de caoutchouc. Je veux bien que le moteur physique fasse dans l'arcade, comme les autres volets de la série, mais y'a des limites quand même ! Frapper un bus de plein fouet, l'envoyer valdinguer une vingtaine de mètres plus loin et se le reprendre une seconde fois dans le pare brise... y'a vraiment de l'abus ! A tel point que ça n'en devient même plus drôle. Vos oreilles seront quant à elles un peu plus gâtées. Les musiques sont effectivement plus supportables et les bruitages bien que très bateaux, passent encore.

Pas de mode 2 joueurs à l'horizon. De toute façon, qui aurait accepté de souffrir avec vous ? Pour la durée de vie, vous devrez alors seulement compter sur les nombreux niveaux et véhicules à débloquer. Pas de quoi passer des heures et des heures mais bon, les rares joueurs qui le souhaiteront pourront tout de même s'acharner à upgrader chaque voiture. Youpi ! Bon allez, on arrête là le massacre. Runabout 3 va gentiment rejoindre ses aïeux bien au chaud au fond du placard. Il y retrouvera tous les jeux Davilex avec qui il pourra taper la discute, vu les nombreux points communs qu'ils entretiennent, ça devrait bien coller entre eux.