« Une Grenouille vit un bœuf qui lui sembla de belle taille. Elle qui n'était pas grosse en tout comme un œuf, envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille pour égaler l'animal en grosseur. Disant : Regardez bien, ma sœur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ? - Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ? - Vous n'en approchez point. La chétive pécore s'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs, tout petit Prince a des Ambassadeurs, tout Marquis veut avoir des Pages. » Jean de la Fontaine.
Rassurez-vous, vous ne vous êtes pas trompé de site et Bernard Pivot ne fait pas non plus partie de la rédaction de jeuxvideo.com. Du moins pas encore. Si j'ai décidé de citer la fable de La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, c'est parce qu'il me semble qu'elle s'applique particulièrement bien au cas de Penny Racers, un jeu de voitures que l'on doit à Midas Interactive. Je m'explique. Prenons dans le rôle de la grenouille Penny Racers et dans celui du bœuf Gran Turismo 3. Avec son design très « enfantin » et ses voitures toutes mignonnes, Penny Racers aurait très bien pu se contenter d'être un bon petit jeu multijoueur, d'autant que le titre dispose de tout ce qu'il faut pour cela : des modes de courses, des deathmatchs et même un genre de flipper assez marrant. Mais non, Midas a voulu s'inspirer du bœuf Gran Turismo 3 et faire de son titre un jeu bien plus ambitieux que cela avec des permis à passer, des grands prix à concourir et de nombreux réglages à effectuer sur les voitures. On se retrouve au final avec un soft que l'on a beaucoup de mal à cerner, à mi-chemin entre deux genres. Et tout comme la grenouille dans la fable, l'intérêt de Penny Racers finit par exploser en ne laissant aux joueurs que des miettes de gameplay.
Je pense que ce qui perturbe plus que tout avec Penny Racers c'est de s'apercevoir que Midas a mis le paquet sur le contenu (les différents modes de jeu) mais a complètement négligé l'essentiel : la conduite. Les voitures sont soit trop lentes, soit incontrôlables. Il n'y a pas de juste milieu, c'est l'un ou l'autre. Leurs tailles n'aidant pas non plus (on ne dirige que de toutes petites voitures), chaque virage un peu trop sec entraîne irrémédiablement un tête-à-queue qui n'en finit pas. Une petite pichette sur le frein, et les voilà qui s'envolent dans le décor. Non, le pilotage n'est pas évident à maîtriser (si tant est qu'il soit possible de le maîtriser !) et aurait donc bien mieux convenu à un jeu uniquement multijoueur dans lequel les performances de conduite n'auraient pas vraiment compté.
En mode principal, on se doit de disputer plusieurs courses pour amasser de l'argent qui servira ensuite à upgrader son véhicule. Le problème est que les premières voitures sont bien trop molles pour espérer gagner la moindre épreuve et on se retrouve toujours relégué aux dernières places sans avoir obtenu de récompenses financières et donc sans avoir la possibilité d'améliorer son tacot. On reste ainsi très longtemps à se traîner une caisse pourrie sans apprécier les courses. Une fois que l'argent commence à couler, ça va un peu mieux et on peut enfin s'acheter de nouvelles pièces comme des ailes pour planer ou des flotteurs pour... heu... flotter sur l'eau. Ah oui, j'oubliais, Penny Racers comporte des courses qui se déroulent à la fois dans les airs, sur la terre ou sous l'eau.
Certains circuits ne sont accessibles qu'après avoir obtenu des permis (trois au total). Ces épreuves ne présentent malheureusement aucune difficulté particulière et se révèlent même de simples formalités. Aussi étrange que ça puisse paraître, les objectifs sont tous copiés sur Gran Turismo. Apprendre à freiner après une ligne droite, maîtriser les virages...
Ce test ne serait pas complet si je ne vous parlais pas de la réalisation qui s'avère elle aussi désastreuse. Côté graphismes, ce n'est vraiment pas beau. Les environnements sont moches et sans grande originalité, les textures très ternes et l'aliasing accompagne toutes les courses. Point de vue son, on s'étonne de confondre les bruits de moteur avec ceux de tondeuses électriques. Les musiques ringardes à souhait parachèvent ce tableau déjà pas fameux. Bref, avec trop de lacunes techniques au compteur et un gameplay mal défini, Penny Racers n'inquiètera aucunement les tenors du genre que ce soit dans les titres multijoueurs ou dans les vrais jeux de courses.
- Graphismes7/20
Beurk ! C'est pas beau ! Des textures horribles, des voitures pas géniales, une distance d'affichage pas top, un peu de clipping... C'est bon, ou il faut que je continue ?
- Jouabilité9/20
Les voitures les moins chères sont très maniables mais vont aussi vite que des limaces paralysées alors que les plus puissantes speedent comme des furieuses mais deviennent incontrôlables dans les virages.
- Durée de vie14/20
Admettons que vous ayez envie de relever le challenge, vous aurez alors de quoi vous occuper avec plus d'une centaine de voitures à débloquer, encore plus de pièces à acheter et 29 circuits à visiter. Sans oublier les courses et les jeux à plusieurs.
- Bande son10/20
Des musiques déjà entendues des dizaines de fois et des bruitages à la limite du supportable. C'est vraiment pas terrible.
- Scénario/
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Difficile d'accrocher à ces petites voitures qui se prennent pour des grandes. Le design original est gâché par une réalisation catastrophique alors que l'intérêt tombe à plat dès les premiers tours de piste. Reste les mini-jeux à plusieurs, mais en nombre restreint, ils vous lasseront très rapidement.