Après un Ranger Elite et un Stealth Patrol pas très convaincants et très similaires, il aurait été plutôt surprenant que Covert Assault apporte à la série des Spec Ops la touche d'originalité dont elle avait pourtant grand besoin. Distribué sur Playstation à 99 F, le soft ne sort pas des sentiers battus et accumule les défauts de ses prédécesseurs pour donner lieu au final à un produit plutôt anecdotique. Le jeu se déroule toujours dans le cadre des conflits modernes et vous propose d'incarner un groupe de Marines dans une lutte anti-terroriste et anti-russe. Ici, la réflexion prend le pas sur l'action, et il ne s'agit pas de foncer tête baissée en tirant sur tout ce qui bouge. Il est nécessaire de construire son plan d'attaque et ne pas se croire suffisamment fort pour tenter d'infiltrer la base ennemie en terrain découvert. Du coup, le jeu est assez difficile, même dans le premier des trois modes de difficulté proposés, mais cela compense un peu la faible durée de vie du jeu qui ne comporte que cinq missions au total. Des missions qui ne font d'ailleurs pas preuve de beaucoup d'originalité mais qu'il faudra impérativement mener à bien dans le temps imparti.

Tout commence dans le QG des forces spéciales où vous allez devoir choisir deux rangers parmi les cinq proposés, chacun ayant ses propres points forts et ses faiblesses. Si certains sont passés maîtres dans le maniement du fusil sniper, d'autres se révèlent plus à l'aise dans l'utilisation des armes lourdes ou encore des grenades. Le choix que vous ferez sera d'ailleurs déterminant pour la réussite de la mission, prenez donc le temps de bien étudier les aptitudes de chacun et les objectifs que l'on vous demande de remplir. Vient ensuite le choix de l'armement, avec un écran qui affiche toute la panoplie du parfait soldat. Là encore, il faut préciser que le résultat n'est pas toujours très crédible, et il n'est pas rare de se faire toucher par le fusil d'assaut d'un soldat que l'on arrive tout juste à toucher au sniper. La dimension tactique est d'ailleurs beaucoup plus limitée que celle d'un Rainbow Six par exemple, dans la mesure où l'on ne dirige ici que deux hommes.

Bien sûr, il est possible de passer de l'un à l'autre à tout moment et de leur assigner des ordres simples tels que "on se fixe", "descend-les", "suis-moi", ou "bouge !", lorsqu'ils veulent bien activer leurs neurones pour comprendre ce que vous attendez d'eux. En fait, votre coéquipier ne riposte quasiment jamais lorsqu'on lui tire dessus, sauf si vous lui assignez les ordres "bouge !" et "descend-les". Malgré tout, son action ne servira qu'à assurer une petite diversion puisque les deux hommes vont alors continuer à se tirer dessus en vain à distance jusqu'à ce que vous décidiez d'en finir en ajustant proprement l'adversaire. Résultat, on a plus souvent l'impression de traîner un point mort que d'être épaulé par un soldat compétent. Autre preuve de la pauvreté de l'intelligence artificielle du jeu, j'ai vu mon coéquipier tirer bêtement sur une voiture parce qu'un soldat ennemi se cachait derrière. Pire, en lui assignant l'ordre d'avancer, le gars se bloque dans le véhicule mais continue de courir en faisant du surplace ! Malgré tout, le jeu devient assez prenant lorsque l'on sait comment résoudre ces nombreux problèmes d'IA, et le niveau de difficulté assez élevé rend les parties plutôt flippantes, sachant qu'une seule balle peut parfois être mortelle et que le temps joue contre nous.

Au niveau du gameplay, on ne peut pas dire que l'on soit en présence d'un titre hyper agréable à jouer. Vos hommes peuvent effectuer des roulades sur le côté pour esquiver les tirs ennemis, ramper, ou encore s'accroupir pour assurer un tir, mais cela reste finalement très limité et les animations qui caractérisent ces mouvements les rendent assez ridicules. Graphiquement, le jeu est à peine satisfaisant et regorge de bugs d'affichage parfois gênants. Mais plus que la pauvreté des textures, c'est la faible distance d'affichage qui rend la progression laborieuse, obligeant à utiliser sans arrêt les jumelles pour tenter de localiser la position des ennemis avant qu'ils ne vous repèrent. Avouez que c'est plutôt rageant de se faire descendre par des types que l'on ne voit même pas, en tout cas pas avant qu'ils ne vous tirent dessus. Les dégâts ne sont d'ailleurs pas localisés. Néanmoins, et aussi parce qu'il est vendu en-dessous de la barre des 100 F, Spec Ops : Covert Assault mérite la moyenne. D'autant que le jeu propose un mode deux joueurs en coopération, à l'instar de Perfect Dark en écran splitté. C'est d'ailleurs dans ce mode que le jeu prendra toute sa dimension. Fini les missions en duo avec un pantin dépourvu de neurones, à deux joueurs, chacun joue intelligemment et l'on a au moins une chance de compléter quelques objectifs et pourquoi pas terminer la mission.