Les dinosaures, ça file toujours un coup de vieux. Mais quant il s’agit de Jurassic Park, on fait souvent une exception. A la grande époque, pléthore de jeux portant sur le film de Spielberg ont vu le jour et celui sur Megadrive fut sûrement l’un des plus joués. Au point qu’une suite directe au premier opus soit produite, nous replongeant dans la jungle moite d’une Isla Nublar au bord de la destruction. Et, bien entendu, c’est dans la peau de Grant (et son stetson) ainsi que dans celle de son Némésis, le raptor, que le joueur se voit propulsé. Comme dirait un certain J. Hammond, « Bienvenue à Jurassic Park… Rampage Edition ».
« Il faudrait tous les exterminer… »
S’il n’avait pas servi de dîner à la grande, Muldoon aurait été ravi d’assister aux événements narrés dans ce Rampage Edition. En effet, s'il reprend la fin du premier jeu (Grant et le raptor sont sur le point de fuir l’île), ce nouveau titre prend également en compte la fin du premier livre : les militaires costaricains sont venus sur place pour détruire l’île et ses occupants à écailles et mettre fin au désastre. Hélas, Grant et le raptor sont encore sur place et se retrouvent pris entre les dinosaures en déroute et les soldats bien décidés à tout purger par le feu, témoins compris. Pour eux, humain ou dinosaures, y’a pas de lézard : ils ne font pas de quartier…
Jurassic Park : Rampage Edition prend donc deux orientations très différentes : celle de Grant et du vélociraptor. Et du fait des particularités de chacun des protagonistes, la progression s’avère diamétralement opposée. L’un se contentera en effet de marcher et de sauter prudemment, là où l’autre, bien plus agile que son congénère humain, bondira jusqu’aux plates-formes les plus éloignées. Cela dit, les environnements à traverser seront les mêmes, mais selon un ordre différent, dû aux différences de gameplay. Vous traverserez ainsi la volière aux ptéranodons (également dans le premier livre), un paquebot abandonné, une steppe aux allures de savane ou encore une jungle épaisse tout en cherchant à rester en vie pour atteindre un moyen de fuir Nublar, jusqu’à un affrontement final dépendant du choix de votre personnage. Ne vous attendez pas à des twists scénaristiques surprenants : ici, le but principal reste de survivre. En d'autres termes, de se faire ou de conserver une place au sommet de la chaîne alimentaire.
« Ooh, aah… Ca commence toujours comme ça. Après viennent les « sauve-qui-peut » et les hurlements… »
Le joueur le comprendra bien vite : à chaque personnage son gameplay. Si le raptor symbolise l’agilité et la puissance, capable d’effectuer des attaques mortelles à courte et mi-distance, Grant est lui plus axé sur les armes à feu. Les aficionados du premier opus seront sans doute ravis de découvrir toute une galerie d’armes (meurtrières cette fois) prêtes à être utilisées contre vos ennemis animaux ou humains. Au menu, mitrailleuses, grenades, fusils à pompe, lance-flammes, pistolets électriques (notez l’apparition du squelette avant la réduction en cendres de la victime) et bien d’autres vous aideront à vous frayer un passage parmi les reptiles ou les militaires, tout du moins si vous avez des munitions pour les utiliser.
Pour ce qui est des adversaires, on retrouve ptéranodons, vélociraptors, compsognathus, dilophosaures et on y ajoute les soldats surarmés et leurs hélicoptères chargés au napalm. Autant dire que les combats seront corsés ! Côté raptor, c’est l’abus de lysine (une fois encore en référence au livre) qui vous fera passer en mode berserk et vous empêchera d’être blessé alors que côté Grant, vous pourrez compter sur certains « véhicules ». Bateau pneumatique, tricératops ou encore galliminus seront autant de montures originales qui sauront dynamiser le gameplay et vous apporter puissance ou vitesse selon le besoin. Tout au long de votre périple, libre à vous de ramasser les objets à collectionner dispersés dans les niveaux (œufs, fioles à embryons, échantillons d’ADN…) tout en gardant un œil sur vos barres de vie respectives, la mort n’étant jamais bien loin, surtout dans les derniers niveaux où la difficulté se voit considérablement relevée.
« Les pires choses ont souvent été faites avec les meilleures intentions… »
Avec pareille entête, nul besoin d’expliquer que l’on arrive au terme des réjouissances. Car si le jeu a su corriger certaines erreurs de son prédécesseur, il en a également conservé d’autres, celle de la progression chaotique, plus particulièrement dans des niveaux comme la cascade ou la volière, où le jeu s’amuse à vous perdre dans des passages tantôt verticaux ou horizontaux, déroutera les joueurs les moins patients. Un autre défaut, plus pardonnable, est celui de la durée de vie. Le jeu se termine rapidement dans l’un ou l’autre cas mais bénéficie d’une rejouabilité non négligeable dans la peau du personnage opposé. Enfin, certains passages empruntés à Jurassic Park The Chaos Continues surprendront uniquement le joueur n’ayant pas touché au précédent titre, reflétant une fois encore la ressemblance entre Rampage Edition et son aîné.
Cela dit, le jeu bénéficie d’une réalisation et d’une bande-son soignées et en adéquation parfaite avec l’œuvre de Spielberg, tout en ajoutant des éléments du livre original de Crichton. Dynamique, fluide et intéressant via sa perspective de personnages diamétralement opposés et pourtant jouables, Jurassic Park Rampage Edition n’a pas à rougir face aux autres membres de la portée Jurassic Park. Il remplit son objectif de faire passer un bon moment au joueur, le replongeant dans un monde violent et sauvage tout en apportant son lot de nouveautés (armes, montures…). Bref, comme dirait Malcolm, « pensez à remercier John pour ce merveilleux week-end »… l’attaque de T-rex en moins.
Points forts
- Digne descendant du jeu précédent…
- Des petits détails sur l’univers intéressants
- Le gameplay asymétrique (Grant / Raptor)
- Le large panel d’armes
- Le niveau avec le gallimimus
- Les boss finaux
Points faibles
- … par moments très ressemblant
- Volontiers chaotique
- Assez court
- La difficulté parfois assez élevée
Par son mélange intéressant entre les univers du livre et du film, ainsi que par son gameplay asymétrique, Jurassic Park Rampage Edition est un passage obligé pour tous les fans des séries filmiques et vidéoludiques. Tantôt raptor surpuissant et jouissif à contrôler, tantôt Grant à l’approche prudente mais musclée, l’aventure s’avère des plus distrayantes. Les quelques nouveautés comme l’arsenal conséquent ou le passage à dos de gallimimus viennent faire oublier la ressemblance avec le précédent opus, là où il faudra malheureusement composer avec une progression légèrement chaotique selon les niveaux. Ou alors peut-être n’est-ce qu’une énième référence au film, la théorie du chaos s’avérant chère à Ian Malcolm…