TheGreatReview revient dans ce nouvel épisode de La Gazette de l'eSport et vous propose d'aborder un pan précis du monde de l'eSport, entre estoire et edoles.
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Bonjour à tous et à toutes, bienvenue dans cette gazette de l’esport. Est-ce que vous savez ce que cet homme est en train de faire ? Il est assis sur une chaise, en train de se faire maquiller. « Peut-être que vous vous attendiez à une explication de pourquoi il fait ça et vraiment pas à une description factuelle, ok ». Ok, il est en train de se faire maquiller sur une chaise, parce que c’est un génie de la com. ? Carlos « Ocelote » Rodriguez est un type dont on a déjà parlé dans la gazette de l’esport, il est le président et cofondateur du club qui a eu le plus de succès en Europe ces dernières années : G2. C’est un peu le club qui suscite toute l’attention, toutes les envies et toute la jalousie en ce moment parce que c’est une boîte très jeune qui a un peu tendance à tout ramasser sur son passage. Maintenant la principale raison pour laquelle G2 gagne est très simple, ils ont plus de tune. Peut-être que l’ambiance est très bonne, que le management est compétent et tout ça aide, sans aucun doute, mais au bout du compte c’est celui qui peut se payer les meilleurs joueurs qui l’emporte et G2 est avant tout soutenu par des investisseurs très solides. Par contre, il y a un point sur lequel ils se sont démarqués sans aucune aide extérieure et c’est leur communication.
Pour résumer la com de G2 en rapide, c’est irrévérencieux, provocateur, très prompt à se foutre de la gueule de tout le monde mais tout aussi prompt à se foutre de leur propre gueule. Ça donne des tweets pour dire que les équipes rivales sont simplement nulles au jeu, le boss de la boîte qui menace l’un de ses joueurs de le vendre à la première ligue turque s’il continue à jouer comme un pied ou encore une équipe qui fait sa promo pour la coupe du monde, comme ça ... C’est comme si tous leurs comptes sur les réseaux sociaux étaient gérés par des gosses de 12 ans, mais auprès du public, ça les empêche pas d’être cool. Si vous comprenez pas comment c’est possible d’avoir 12 ans et d’être cool, c’est très simple : il faut gagner tout le temps.
Parce que, si tu es une équipe misérable qui occupe toujours le bas du tableau, qui se fait marcher dessus par tout le monde, et qu’en plus tu te conduis de façon immature, tu rajoutes du ridicule sur du ridicule et tu génères de la sympathie chez personne. Par contre, si t’as plus de succès qu’à peu près tout le monde, mais que derrière tu ne te prends pas au sérieux, que tu te mets au niveau du public, en blaguant sur les autres équipes et surtout, en blaguant sur toi-même, ba soudain en plus d’être la force dominante du championnat tu parais humain, tu parais approchable et tu dégages infiniment plus de sympathie que les autres équipes qui essaient généralement de vendre des images d’athlètes sérieux et élitistes. Et à ce moment-là tu as tout gagné. C’est pour ça que cet homme, qui vient probablement de prendre l’une des pires déceptions de sa vie, qui vient de regarder son équipe favorite se faire massacrer en finale par la Chine alors qu’elle aurait pu changer l’histoire du jeu, n’est pas en train de faire une réunion de crise, de pleurer dans un coin ou de se bourrer dans un bar, il pose ses fesses devant une caméra et il demande qu’on le maquille. Et le message extérieur c’est : on était l’équipe européenne la plus prometteuse à jamais aller en finale, on avait les espoirs de tout l’occident sur nos épaules et on vient de se faire misérablement 3-0, on est vraiment des clowns.
Mais le message sous-jacent c’est : non seulement on a formé cette année la meilleure escouade que l’ouest ait jamais vu, mais en plus, dans les moments les plus difficiles on a encore l’énergie pour faire rire nos fans. Double jackpot, et tant que G2 tiendra cette ligne édito, et continuera de gagner, ils ne seront pas juste l’équipe européenne avec les meilleurs résultats, ils seront aussi objectivement l’équipe la plus fun à suivre. Et dans un business qui consiste à 90 % à prendre en prestige jusqu’à ce que des institutions très riches soient prêtes à claquer des millions pour associer leurs images à la tienne, régner sur les réseaux sociaux c’est pas une petite victoire, quasiment aussi important que de régner sur la faille.
C’est tout pour cette fois, je vous remercie d’avoir regardé, je précise aussi qu’il n’y a pas une quantité infinie de récits légendaires dans l’histoire de l’esport et que même s’il me reste encore quelques sujets sous le bras, il est probable que la gazette ne tire sur sa fin. Je vous enjoins donc plus que jamais à me suivre en dehors du site parce qu’à moins que je ne trouve subitement un concept brillant à vendre à jvc, bientôt mon twitter, mon youtube et mon twitch seront les seuls moyens de suivre ce que je fais, en attendant je vous remercie encore et je vous dis à la semaine prochaine.