Souvent comparé - à raison - à la série des Banner Saga depuis son annonce, Ash of Gods entend proposer une aventure du même acabit aux joueurs ayant participé à sa campagne de financement, bouclée en juin 2017. Désormais disponible en téléchargement, le RPG au tour par tour s’est laissé approcher et nous permet de répondre à LA question que se posent les amateurs du genre : parvient-il à s’émanciper de son glorieux modèle ?
Ash of Gods vous emmène dans un monde en proie au doute. Aux commandes de 3 différents groupes de combattants joués à tour de rôle et disposant chacun de leur arc narratif, vous serez ainsi amenés à surmonter un fléau affectant tous les habitants de la région, faisant également face à la menace des reapers qui terrorisent le pays. L'ensemble prend la forme d'éléments de visual novel riches en dialogues et en choix, cassant le rythme de ces derniers avec des combats en tour par tour par équipe et l'exploration d'une map.
Permadeath metal
Si l'univers se veut accessible, il n'est pas aidé par une qualité d'écriture très inégale : sans manquer d'intérêt sur le fond, elle s'avère tout de même régulièrement handicapée par un style lourd et des séquences un brin clichées. Dommage, car sans être particulièrement originale, l’histoire reste claire, narrée avec soin et le plus souvent agréable à suivre durant la quinzaine d’heures qu’il vous faudra au minimum afin d'en voir le bout. Ash of Gods peut en effet s'appuyer sur sa durée de vie solide et son système de choix et de permadeath des alliés pour proposer une tension constante. Quelques choix cruciaux peuvent en effet entraîner la disparition de certains compagnons, vous obligeant à bien peser le pour et le contre de chaque décision.
Ou sont les strixes ?
Le titre propose d'ailleurs deux modes de base : l'un classique, l'autre plus simple et porté sur l'histoire. Malheureusement, le premier s’avère si exigeant et le second tellement simple que l'on en vient à regretter l'absence d'une difficulté intermédiaire. En effet, le joueur doit composer avec de nombreuses contraintes rendant le voyage particulièrement complexe. Le système de strixes implique ainsi de toujours avoir un stock suffisant de ces pierres, dont la récupération dépend le plus souvent d'événements qu'il est difficile d'anticiper. Il en est de même pour les soins, puisque ceux-ci ne sont pas automatiques et impliquent soit de reposer vos personnages dans des lieux adéquats ou mener vos combats à la perfection afin d'éviter que ceux-ci n’en gardent des dommages préjudiciables à long terme. Nous pourrions également évoquer le système de contamination propre aux arcs narratifs annexes, qui vous rend la tâche plus difficile à mesure que le virus infecte davantage votre personnage.
Encore un dernier tour
Nous l’évoquions quelques lignes plus haut, mais les combats s'avèrent d'ailleurs très convaincants, jouant sur un système de double jauge – vie d'un côté, énergie de l'autre – et un arbre de compétences très complet pour chaque personnage. Ainsi, l’énergie peut être dépensée pour allonger les déplacements de vos personnages, et sert aussi indirectement de bouclier, puisque les dégâts infligés à la vie sont doublés une fois la jauge d’énergie vidée. Les différentes attaques et compétences nécessitent également d’utiliser vos points de vie, vous obligeant à toujours faire preuve de prudence et d’application à l’heure d’en déclencher une. D’une manière générale, le système de combats et la gestion des compétences de vos combattants s’avèrent exigeants, mais suffisamment solides pour convaincre les amateurs du genre. La présence de différentes cartes à utiliser en combat offre même un niveau de profondeur supplémentaire à l'ensemble, vous permettant ainsi de compenser une faiblesse ou bénéficier d’un petit coup de boost face aux ennemis.
Un travail artistique soigné
Difficile de nous laisser sans prendre le temps de saluer le travail réalisé sur l'ambiance sonore et visuelle, qui nous offre un style artistiquement très riche et une bande-son inspirée. Sur ce point, Ash of Gods s'avère particulièrement soigné, ne pêchant que par la modélisation des ennemis qui manque cruellement de variété. Si nous avions quelques doutes à ce sujet lors de notre première prise en main, les personnages principaux et secondaires bénéficient en revanche tous d’un design soigné. Il ne manque guère qu'une traduction française pour faire office de cerise sur le gâteau. Celle-ci est justement attendue dans une prochaine mise à jour et devrait ravir les anglophobes.
Points forts
- La richesse des combats et de la gestion des alliés
- Bande-son inspirée
- Durée de vie copieuse
- Un univers accessible...
Points faibles
- … Malgré une qualité d’écriture en dent-de-scie
- Une difficulté intermédiaire ne serait pas de trop
- Manque d’innovation général
- L’absence de variété des ennemis
Ash of Gods s'inspire d'un jeu d'une telle qualité qu'il est difficile de ne pas en apprécier l'expérience si vous êtes attiré par le genre. Malgré l’absence regrettable d’une difficulté intermédiaire et quelques lourdeurs dans l’écriture, il convainc grâce au travail réalisé sur son univers et un concept général déjà éprouvé et efficace. S'il peine souvent à sortir de l'ombre de Banner Saga, le titre d’AurumDust propose donc une expérience intéressante qui occupera sans mal les amateurs de RPG bavards avec des combats au tour par tour.