Cry me a revolver

Considéré comme étant le renouveau du beat’em up lors de sa sortie en 2001, le premier Devil May Cry avait effectivement remis au goût du jour la frénésie des affrontements à la troisième personne. Face à des hordes démoniaques, l’irrévérencieux Dante maniait épées et armes à feu avec une classe comme nul autre, dans des environnements principalement gothiques et médiévaux aux multiples ramifications. Sa direction artistique très travaillée, associée à une palette de mouvements bien sentie, ont terminé d’impressionner les joueurs de l’époque. Le héros pouvait en effet rebondir contre les murs, aplatir ses adversaires avec sa lame et surtout envoyer une créature dans les airs pour ensuite la maintenir en apesanteur sous les impacts de balles. Grisant ! Le titre de Capcom empruntait également beaucoup à Resident Evil et Onimusha, d’autres productions maison qui disposaient elles aussi d’énigmes tordues, d’orbes à dépenser pour améliorer ses compétences et de caméras précalculées. Si ces caméras savaient incontestablement mettre en valeur les décors, elles oubliaient trop régulièrement de cadrer les adversaires.

Devil May Cry 2 fut sûrement l’épisode le plus décrié à sa sortie. Il avait pourtant apporté diverses évolutions au gameplay de base, à l’image des esquives plus amples et utiles. Il était également possible de changer d’arme à feu à la volée. La transformation en démon était également davantage mise en avant grâce à de nouvelles aptitudes. Malgré la présence d’un deuxième personnage jouable (qui prolongeait la durée un peu trop artificiellement), l’aventure souffrait d’un certain manque de profondeur en plus d’un esthétisme décevant, particulièrement dans sa seconde partie. Enfin, en ce qui concerne le troisième et dernier volet de cette collection, il ajoutait une fonctionnalité majeure en la présence de styles de combat différents à équiper. Le nombre et la diversité des armes faisaient de cet épisode le plus complet de la série, ce qui s'avérait être le minimum syndical pour une troisième itération. Malgré un deuxième épisode en retrait par rapport aux autres, la formule DMC fonctionne aujourd’hui toujours bien et reste agréable à jouer. Au niveau du gameplay, seuls les soucis répétés de caméra, déjà présents à l’époque, viennent gâcher la joie des retrouvailles.

L’envers de Dante

Si jusqu’à présent nous utilisons le passé pour aborder cette compilation, c’est parce qu’elle se contente de n’être qu’une réédition HD qui regroupe les trois jeux en un seul. Malgré une bonne dose d’anticrénelage et une fluidité constante à 60 images par seconde, il est difficile de noter de grandes différences par rapport à la première collection sortie en 2012. Les textures restent, dans leur grande majorité, floues et les personnages auraient bien mérité un renfort de polygones. Les plans d’ensemble réussissent encore à mettre en valeur une direction artistique réussie, mais le poids des âges se fait immédiatement sentir dès qu’un élément du jeu est filmé de trop près. Ce portage inclut les scènes cinématiques d’origine qui sont en 4:3, dont la résolution d’affichage choque véritablement à l’heure où l’on débat sur les meilleurs téléviseurs UHD. Les menus rencontrent le même problème avec un format qui passe soudainement au 4:3. Ces derniers, en plus d’avoir particulièrement vieilli au niveau du design, ont un souci de lisibilité dû à la basse résolution des éléments. Après tant d’années et un premier best of, Capcom aurait vraiment pu faire un effort pour raviver la flamme. Au final, nous aurions presque pu copier/coller le test que nous avions réalisé en 2012 du premier pack, tant rien n’a vraiment bougé, pas même l’image d’accueil du soft qui est strictement identique à celle employée il y a six ans.