Une base scientifique bloquée au beau milieu d’une tempête de neige, un appel de détresse et des chercheurs portés disparus. Non, ce ne sont pas les premières lignes du synopsis de The Thing, de John Carpenter, mais de Distrust, un jeu d’horreur développé par un studio indépendant nommé Alawar Entertainment. Si cet opus ne s’inscrit pas dans la continuité du long-métrage comme l’a pu l’être l’opus vidéoludique éponyme de 2002, il n’en reste pas moins que Distrust s’inspire de cet univers. Est-il pour autant une fière référence au chef-d’œuvre cinématographique ? Rien n’est moins sûr.
Le froid ne sera pas votre pire ennemi
L’Antarctique reste encore l’un des rares endroits sur Terre empreint d’une certaine forme de mystère et où personne ne vous entendra crier. Tout comme Ridley Scott a créé un huit-clos horrifique dans l’espace, John Carpenter a su faire de même en 1982. Une ambiance pesante et claustrophobe dont Distrust s’inspire très largement et qui en fait là son seul atout.
Jusqu'ici tout va bien... !
Irma Dillinger est l’une des héroïnes que vous pouvez incarner en début de partie, sur les quinze proposées déblocables au fur et à mesure. Elle atterrit en catastrophe et complètement perdue, en compagnie d’une deuxième personne, au sein de la station scientifique. Si les survival-horror nous ont habitué à tracer notre bout de chemin en loup solitaire, ici vous allez devoir composer avec une thématique de groupe. Puisque ce n’est pas un, mais deux personnages (voire trois selon votre chance au cours de l’histoire) que vous allez contrôler. La mission est simple : trouver la sortie à travers les six zones du jeu. Dit comme ça, on croirait à un jeu d’enfant. Sauf que vous allez très vite voir que passer ces étapes se révèle être une tâche bien plus ardue, voire quasi-impossible, à réussir sur vos premières parties.
Nous voilà donc lâché au beau milieu de ce froid mordant qu’on sentirait presque. Et ensuite ? Distrust se présente comme un point&click où vous il faudra fouiner dans les tiroirs, les placards, les caisses et les boîtes à ordures pour espérer trouver des objets qui réussiront à vous sortir de cette situation. Si seulement les personnages n’avaient pas une résistance enfantine aux blessures et coupures, peut-être qu’on apprécierait un peu plus le fait de jouer les détectives.
Car, si je désespérais, je deviendrais fou, et dans ma folie je pourrais mal parler de toi. Maintenant le monde perverti est devenu si méchant que de folles médisances sont crues par ses folles oreilles ?
Peut-être certains auront reconnu ici, l’un des versets de William Shakespeare. Si c’est un non, vous aurez très vite l’occasion de vous familiariser avec ses poèmes. Puisque tout du long de votre épopée glaciale à la recherche de la sortie, vous devrez maintenir votre satiété, votre endurance ainsi que votre chaleur corporelle tout du long des six zones. Si jamais l’une de ces barres vous rattrapent et tombent à 0, alors c’est simplement la mort qui viendra vous chercher. Mais la difficulté ne s’arrête pas là. En effet, comme s’il n’était pas déjà agaçant de jouer les cookings mama en herbe pour pouvoir nourrir ses personnages qui visiblement ne pensent pas qu’à manger, certaines nourritures peuvent vous donner une intoxication alimentaire. Distrust vous fait méfier de tout et n’importe quoi, quitte à vous demander s’il est plus raisonnable de mourir de faim ou de se nourrir de vieux morceaux de pommes de terre avec des légumes bien trop congelés.
« attrape-moi si tu peux »
Toutefois, nous sommes dans un jeu horrifique et nous ne sommes pas là pour enfiler des perles ou jouer les apprentis aventuriers. On est là pour déglinguer du monstre ! Sauf que malheureusement ce ne sera pas le cas. Espérez plutôt passer les 90 % de votre temps à fuir face à eux. Ces « anomalies », « choses » ou autres se manifesteront sous forme de sphères ( plus ou moins développées) apparentées à des essaims de lucioles quand vous dormez, à la suite d’une sécrétion de molécules du cerveau humain quand ce dernier se repose. Si celles-ci semblent quasi-inoffensives lors de votre entrée dans la zone 1, elles seront destructrices dans leurs dernières formes en vous pourchassant et vous dévorant en étant juste à proximité...
En somme : endormez-vous et les créatures apparaissent. Dormez trop longtemps et elles viendront vous tuer. Ne dormez plus et c’est la fatigue qui aura raison de vous. Ne trouvez plus rien pour vous nourrir et c’est la fin de partie. Gelez et c’est le froid polaire qui causera votre perte. Coupez vous lors d’une de vous fouilles pour récupérer les matériaux sans rien n’avoir pour vous soigner, et c’est encore la fin de la partie. Rajoutez à tout cet amas de problèmes, une génération procédurale des zones, objets et bâtiments et le jeu n'en sera qu’encore plus compliqué. Parce que oui, avec plus ou moins de chance, vous pouvez tomber sur une map où vous ne trouverez ni lit pour vous reposer, ni de cantine pour vous restaurer. La mort arrivera alors très rapidement et vous n'aurez plus qu'à recommencer. Encore et encore....
Points forts
- Un visuel réussi
- Excellente Bande-son
- Très bonne rejouabilité
- Un large choix de personnages (encore faut-il les débloquer)
Points faibles
- D'une lenteur extrême
- Une prise en main un peu compliquée
- Très vite répétitif
Finalement Distrust est un titre qui se révèle être plutôt médiocre et qui ne peut compter que sur sa filiation avec The Thing. Dommage pour lui, l’envie d’y ressembler est là mais ne suit pas. Si son visuel et son ambiance étouffante réussissent à nous immerger dans l’histoire, le manège ne parvient à nous faire rêver que durant les 10 premières minutes du jeu. « Tout ceci n’est que de la poudre de perlimpim » et on se rend très vite compte du vide intersidéral du script, ainsi que des personnages aussi fades qu’une journée de pluie sans télévision. Si le jeu dispose d’une excellente rejouabilité, il ne parviendra à vous maintenir éveillé que durant 6 heures tout au plus, avant que l’ennui et la routine du Die & Retry prennent l’ascendant sur la nouveauté.