En 2016, le studio Toys For Bob récidive avec une sixième addition à sa franchise de jeux avec figurines : Skylanders Imaginators. Pionnière du genre, la saga parvient à se renouveler en intégrant des héros personnalisables en plus des statuettes que nous connaissions. Très agréable sur PS3, 360, PS4, One et Wii U, qu’est-ce que le titre a à nous proposer à l’occasion de sa sortie sur Nintendo Switch ?
REMISE EN CONTEXTE
Paru au lancement de la nouvelle machine hybride de Nintendo, ce portage reprend de manière quasi-identique ce qui nous était proposé sur d’autres plateformes le 14 octobre dernier - avec quelques spécificités que nous allons énumérer ci-dessous. Nos amis les Skylanders se retrouvent une fois de plus confrontés au terrible Kaos, qui a trouvé une nouvelle façon de détruire le monde : se servir de la magie de l’Esprit afin de créer toute une armée de Doomlanders. Il s’agit en tant que Maîtres du portail de le combattre à l’aide bien entendu des Skylanders, mais également de personnages inédits, les Sensei, ainsi que de l’élément phare du jeu : les Imaginators…
Si l’habituel pack de démarrage du jeu contient deux statuettes de héros, il comprend aussi en effet un "cristal de création" laissant libre court à notre créativité. Une fois relié au jeu, le cristal nous permet de créer un personnage de toutes pièces, avec le style de combat, l’apparence et l’équipement que nous désirons. Au fil de notre aventure pour le sauvetage des Skylands, nous collectons des "cristaux d’imaginite" contenant des éléments de personnalisation supplémentaires. Cette dynamique de l’imagination, justifiée par le gameplay comme par le scénario, renouvelle la franchise et crée un titre très divertissant en solo comme en coopération.
UN ASPECT TECHNIQUE EN RETRAIT
La performance de Skylanders Imaginators sur Nintendo Switch se juge tout d’abord par son aspect visuel, le premier élément à se présenter à nous. Si les développeurs ont eu de bonnes idées sur d’autres points comme nous le verrons, le résultat n’est pas exceptionnel en termes de graphismes. Il était attendu que cette version n’égale pas ses consœurs, la Xbox One et la PlayStation 4 ; il est dommage cependant que les développeurs n’aient pas travaillé à nous proposer un rendu sur mesure, et se soient contentés de baisser drastiquement la résolution, la qualité des textures et la finesse des modèles. Comme d’autres jeux de la console Skylanders Imaginators est assez flou et aliasé sur télévision ; cependant contrairement à Breath of the Wild ou Fast RMX par exemple, il est également plutôt baveux en mode portable. On aurait aimé que Toys For Bob parvienne à nous fournir une image plus nette, qui rende un meilleur hommage à la réalisation haut de gamme du titre original.
L’opus déçoit quelque peu sur ce point mais tient en revanche ses promesses en termes de performances. Lors de notre test, nous avons remarqué une seule chute notable de framerate lors d’une scène scriptée riche en particules, sur le niveau "Rivière des champignons" ; vous le remarquerez en visionnant notre extrait de gameplay en fin de test. Hormis cette exception, Skylanders Imaginators est d’une fluidité exemplaire, ce qui est une excellente nouvelle pour notre immersion dans cet univers. Cela dit, la Nintendo Switch peine un peu à préparer le terrain et demande des temps de chargement assez longs ; surtout celui au lancement du titre, dommage pour un jeu portable que l’on aimerait vite accessible.
UNE PORTABILITÉ EXEMPLAIRE
Car en effet grâce à la Nintendo Switch, Skylanders Imaginators devient une expérience nomade, et tel est le gros point fort de cette version, le principal élément justifiant son achat. La machine hybride nous permet d’embarquer notre partie et nos héros lors de nos déplacements ; les développeurs ont réfléchi au concept en profondeur en nous dispensant de toujours déplacer nos figurines avec nous : on n’imagine pas en effet emporter un sac de statuettes en toutes circonstances. Tout spécialement pour cette version, Toys For Bob a créé la "librairie digitale", qui enregistre nos figurines et nous permet ensuite de les utiliser sans les scanner à nouveau. À la maison il reste heureusement possible d'y avoir recours, car le concept est sympathique, mais cette initiative est très appréciable - sinon indispensable - lors de nos déplacements. Afin de réduire encore l’encombrement, les créateurs du jeu ont supprimé le portail magique et ont fait en sorte que les personnages soient scannés avec le même système qui lit les amiibo, dans le Joy-Con droit. Toutes nos figurines existantes restent compatibles, à l’exception des pièges de Trap Team et des véhicules de Superchargers.
UNE NINTENDO SWITCH SOUS-EXPLOITÉE
La portabilité très bien gérée de Skylanders Imaginators constitue malheureusement la seule utilisation des capacités uniques de la Nintendo Switch. Nous avons affaire au même contenu, et même à certaines disparitions inexpliquées comme le très plaisant mode course, ou la boutique de coffres d’imaginite - ce qui est pour le coup, une bonne nouvelle pour les parents. Hormis ces points l’aventure de base est présente dans son intégralité avec tous ses niveaux, ses cinématiques, ses personnages. Le gameplay est identique et la console est ainsi utilisée comme une machine de salon classique.
On regrette alors par exemple que les mini jeux n’aient pas été modifiés voire remplacés par des moments tirant parti du gyroscope, du capteur infrarouge… L’écran tactile de la Switch est utilisé en option et à son strict minimum, notamment dans les menus, dans l’écran de personnalisation de notre Imaginator, ou encore lors de mini jeux tels que le Choc de la création ; tout habitués que nous sommes à jouer à la manette le reste du temps, nous avons tendance à oublier cette fonctionnalité. Idem pour la vibration HD des Joy-Con et du Pro Controller, qui ne propose pas ici un vrai plus en comparaison aux autres consoles.
Si les développeurs ont tenu la promesse la plus attendue et sans doute la plus importante, à savoir la possibilité de jouer au titre complet de manière nomade et sans contrainte, ils ne se sont hélas pas permis davantage de prises de risques, ce qui nous laisse un petit sentiment d’inachevé. Pourtant plein de potentiel, le titre a ses points forts mais aussi ses limites, et ne conviendra pas à tous les publics ; faisons ainsi le point sans plus tarder au sein de notre conclusion.
Notre gameplay de Skylanders Imaginators sur Nintendo Switch
Points forts
- Le jeu de base presque au complet, toujours aussi fun…
- Vraiment portable, grâce à la librairie digitale et l’absence de portail magique
- La quasi-totalité des figurines sont compatibles
- Très peu de ralentissements à noter
- Pas de boutique de coffres à l’horizon
Points faibles
- … mais sans le mode course
- Un rendu visuel très brouillon même en mode portable
- Un chargement initial laborieux, une expérience pas vraiment immédiate
- L’utilisation des particularités de la Switch est rudimentaire
- Pas moyen d’acheter le jeu seul, pour les joueurs de la première heure
En son essence, Skylanders Imaginators est un titre au gameplay simple mais divertissant, au contenu robuste et à l’humour efficace. Sa version Nintendo Switch quant à elle, peine à égaler ses consœurs sur le plan technique et se contente de réduire grandement sa prestation et sa résolution. Pour convaincre elle devait alors se trouver d’autres atouts et tirer parti des capacités uniques de la machine. Elle le fait hélas à moitié seulement, en nous proposant une portabilité exemplaire tout en n’exploitant pas des outils tels que le gyroscope, le capteur infrarouge, la vibration HD notamment dans le cadre de mini jeux. Dommage que les développeurs n’aient pas assez déployé le pouvoir de l’imagination : en résulte un portage sans catastrophe, mais aussi sans folie. Il reste un bel ajout au line-up pour les personnes vraiment séduites par son aspect nomade ; celles pour qui ce point importe peu, trouveront davantage leur compte sur les autres consoles de salon.