Un adepte de Picross 3D doit savoir faire preuve d'une qualité essentielle : la patience. Mais cette aptitude n'est pas nécessairement exigée pendant le jeu lui-même. Non, on parle là plutôt de la persévérance à montrer pendant l'attente infinie qui sépare deux sorties de ces jeux. Il faut en effet remonter à 2010 pour retrouver la trace du premier épisode Picross 3D, une éternité. Entre temps, un autre jeu a connu son petit succès sur le créneau de l'exploitation du cassage de cubes au maillet du côté de chez Mojang, mais c'est une autre histoire. L'art de se faire désirer est donc une discipline qui les japonais d'HAL Laboratory maitrisent à la perfection. Presqu'aussi bien que celle qui consiste à pondre des jeux aux petits oignons. Difficile de rougir en effet quand son CV affiche comme références Kirby, Smash Bros ou Mother, avouez. Reçu à juste titre comme une perle en son temps, le premier Picross 3D laisse à son cadet la lourde responsabilité de la relève. Alors, l'héritier est-il à la hauteur de la succession ?
Le retour de Picross 3D
UN JEU DE BRIQUE, PAS DE BROC
Rappelons brièvement en quoi consiste la discipline du Picross pour que les non-initiés ne se sentent pas lésés : il s'agit d'un jeu de réflexion dont chacun des casse-têtes se compose d'une grille comportant des indications chiffrées sur ses bords. Stop ! N'allez pas comparer ça avec le sudoku, ça n'a rien à voir. Les numéros vous permettent de marquer chaque case comme valide ou non et ainsi faire apparaître une forme une fois la tâche accomplie. Ça, c'est le Picross traditionnel. Son pendant 3D apporte évidemment une dimension supplémentaire en ajoutant la profondeur. Les indications présentent sur les briques permettent de déduire quelles sont celles dont on peut disposer et celles qu'il faut conserver afin de créer une sculpture tel un Rodin en herbe. Le satisfaction ne vient pas de la découverte de la forme créée mais de la minutie dont il faut faire preuve pour déduire comment progresser pas à pas. "Le voyage est la récompense", qu'ils disaient. Avec plus de 300 casse-têtes à se mettre sous la dent, dites au revoir à vos proches parce qu'on parle là d'une véritable expédition.
BRIQUE HUNTER
Très sincèrement, vous auriez probablement du mal à trouver un joueur du premier épisode qui aurait crié au scandale si HAL Laboratory nous en avait pondu un clone éhonté pour réaliser ce second volume. Mais les développeurs se sont tout de même fendus de quelques agréments afin de renouveler l'intérêt des fidèles. Premier changement : fini le monochrome de Whiteman, il faut désormais alterner entre deux couleurs pour valider les briques, chacune faisant apparaitre des formes différentes; les cubes bleues conservent leur proportion, tandis que les oranges font apparaitre des figures géométriques plus variées. Pas de quoi se relever la nuit, mais cela apporte une nouvelle logique plutôt appréciable avec laquelle il faut jongler. Au rang des nouveautés, on notera également la présence du choix de la difficulté au début de chaque grille, et de récompenses variables en fonction de celle choisie, du nombre d'erreurs et du temps passé à éplucher le casse-tête. On débloque ainsi des niveaux supplémentaires en fonction de ses performances. Dans les faits, on est jamais véritablement bloqué dans sa progression, mais le choix de la difficulté permet de laisser le jeu accessible aux néophytes sans pour autant que les experts roulent sur les premières heures. Bien vu, même si ceux-là pesteront sans fin contre l'interminable tutoriel qu'on ne peut zapper et qui leur volera plus d'une heure.
IL TE MANQUE UNE CASE ?
Pour se faire pardonner, les développeurs ont introduit un système de bombe, permettant en début de partie d'enlever d'un coup toutes les cases de remplissage affublées de 0. Un raccourci divin pour gagner du temps et rentrer plus rapidement dans le vif du sujet. Niveau gameplay, on gagne également la possibilité de marquer des cases comme brouillon d'une couleur lorsque l'on est en proie au doute. Les 5 actions ne tenant plus sur la croix directionnelle, il faudra donc jouer avec les boutons de la tranche pour certaines actions. Pas idéal, mais en difficile, il faudra s'en contenter s'il l'on ne veut pas marteler dans le tas au hasard. Pour le reste, la maniabilité est toujours au poil : on tourne le volume à tailler dans tous les sens en jouant du stylet, on passe au peigne fin chaque rangée pour progresser à pas de loup. Impeccable.
Qu'a apporté le passage à la 3DS ? Dans les faits, pas grand chose; 99% de l'action s'effectuant sur l'écran du bas, l'effet 3D n'a absolument aucun intérêt, mais on s'en serait douté. Sachez enfin que ceux qui ont dilapidé l'héritage de leur grand-mère pour une collection d'Amiibo auront le maigre plaisir de débloquer grâce à eux une poignée de grilles spéciales. Attention, si vous n'avez pas craqué pour une New 3DS, il vous faudra l'adaptateur pour accéder au précieux sésame. Youpi. On l'aura d'autant plus mauvaise que les grilles à télécharger en ligne du premier épisode se sont fait la malle, tout comme l'éditeur de grille. Pas de quoi appeler au boycott, mais soyez prévenus.
(Screenshots fournis par l'éditeur)
Points forts
- C'est une drogue
- Durée de vie balaise
- Du jus de cerveau en perspective
- Meilleur lisibilité des cases à interagir
- La couleur apporte un plus
Points faibles
- Le tutorial plus lent qu'un épisode de Derrick
- L'effet 3D stéréoscopiques totalement inutile
- Des amiibos nécessaires pour débloquer toutes les grilles. Grrr
En cochant dans son agenda la case du 2 décembre 2016 pour y fixer la sortie de Picross 3D Round 2, on se demandait si Nintendo avait fait preuve d'une confiance débordante ou d'une insouciance folle dans le destin de Picross 3D Round 2. Quand tes voisins de linéaires 3DS s'appellent Pokémon Soleil/Lune et Super Mario Maker, autant dire qu'il va falloir jouer des épaules pour exister. Qu'à cela ne tienne, la console entre les mains, on réalise une nouvelle fois que Picross 3D, c'est du costaud. Défricher les grilles case par case est toujours diablement prenant. La série n'a rien perdu de sa superbe. Au contraire, les petits ajouts tombent rarement à côté de la plaque et on replonge de plus belle. Les nouveaux venus y découvriront une discipline vraiment addictive et accessible, les plus expérimentés un challenge de taille qui mettra la batterie de leur 3DS à rude épreuve.