L'histoire d'Aaru's Awakening semble tout droit sortie d'une poésie. L'Aube, le Jour, le Crépuscule et la Nuit forment quatre parties d'un monde stable. Malheureusement, la Nuit va semer la zizanie et menace de casser cet équilibre sain. Pour remettre les choses en place, l'Aube réveille son champion, Aaru, qui doit traverser les quatre parties du monde pour empêcher la Nuit de mener le monde dans le chaos.

Le gameplay prend la forme d'un jeu de plates-formes 2D dans lequel il faut éviter de nombreuses embûches pour parvenir au bout du niveau. Pour se mouvoir, Aaru dispose d'un saut, d'une charge aérienne qui peut détruire des murs et surtout d'une boule d'énergie qu'il peut projeter pour ensuite se téléporter à sa place. Toute l'originalité vient de l'utilisation de la téléportation. Non seulement la boule en question peut rebondir sur toutes les parois, mais c'est aussi le joueur qui décide à quel moment il se téléporte.

Rapidement, on se rend compte qu'Aaru's Awakening est une question de timing et de réflexes. Quelque soit l'obstacle, il faut être rapide pour sauter au bon moment ou pour se téléporter à la dernière seconde. Outre les pièges naturels comme la lave, des ennemis viendront aussi vous agresser. La plupart du temps, vous pourrez vous en débarrasser en vous téléportant dans leur corps. Mine de rien, le titre nous incite à nous lancer en mode speedrun, d'autant que des médailles sont décernées selon la vitesse à laquelle le niveau est terminé. Notons toutefois que la maniabilité, tant au clavier qu'à la manette, est loin d'être optimale, c'est d'autant plus remarquable que la charge et la boule de téléportation s'envoient toutes les deux dans la direction vers laquelle on pointe, alors qu'il faut parfois faire les deux de manière successive dans des directions différentes.

Mais l'intérêt principal d'Aaru's Awakening est surtout artistique. Il est en effet entièrement dessiné à la main, ce qui lui donne un cachet indéniable à chaque écran de jeu. On remarque surtout les animations d'Aaru et des ennemis, qui sont finement détaillées. Il m'est arrivé plusieurs fois de m'arrêter devant des créatures pour observer leurs mouvements et leurs traits de crayon. Pour ne rien gâcher, le titre bénéficie de quelques effets lumineux très réussis. On note toutefois de temps en temps une certaine difficulté à différencier le background des véritables plates-formes et éléments interactifs, mais on s'y fait plutôt rapidement. Dans les bons points, notons les merveilleuses musiques de Fridfinnur Oculus, qui comportent quelques notions tribales et dont les mélodies restent gravées dans la mémoire.

Lorsqu'il s'agit de définir si Aaru's Awakening est un bon jeu ou non, l'affaire s'avère plutôt compliquée. Alors oui, dans l'absolu, sa patte artistique, son univers poétique sombre, ses inspirations tribales et son gameplay exigeant en font un titre à regarder de très, mais alors très près. Toutefois, je me dois de mettre en garde les joueurs. En plus des petits problèmes de contrôle déjà cités, la difficulté d'Aaru's Awakening est parfois mal calibrée. Alors qu'au début on a l'impression, plutôt logique, de voir la difficulté évoluer au fil du temps, on revient finalement à des passages très faciles sans trop de raisons, entrecoupés de cas beaucoup plus ardus. D'habitude, ce genre de changements dans la difficulté sont expliqués par des éléments scénaristiques, mais ce n'est pas le cas ici. Ainsi, le titre de Lumenox Games est à réserver aux moins nerveux des joueurs, capables de refaire régulièrement une phase sans perdre patience. Notamment contre les boss qui sont sans aucun doute les défis ultimes. Heureusement que les checkpoints sont fréquents...