Depuis qu’ils ont quitté leur cocon familial de Seattle, les frères Diaz ont vécu des évènements très forts sur le plan émotionnel. Tels deux loups perdus dans l’immensité des États-Unis, le duo avance au gré des rencontres et des situations inattendues. Après un troisième épisode porté sur le groupe et la vie en communauté, ce nouveau chapitre s’ouvre sur une nouvelle thématique : la séparation. Mois après mois, Life is Strange 2 continue de surprendre et cette étape, intitulée Faith, ne manquera pas de vous interpeller.
C’est seul dans une chambre d’hôpital que Sean se réveille. L’adolescent, sans nouvelles de son frère, est désormais entre les mains du personnel soignant – dont le bienveillant Joey – et de la police. Dans l’attente de son procès, son quotidien se résume au soin de son œil blessé et aux va-et-vient incessants de l’agent Flores. Life is Strange 2 brise de nouveau les habitudes et brouille les pistes. Qu’elles sont loin les journées passées à la plantation avec Cassidy, Finn et les autres. Le gamin n’a toutefois pas perdu de vue son objectif : rejoindre le Mexique et vivre une existence paisible avec son « enano » et son pouvoir de télékinésie. Désormais, Sean le sait, il va devoir agir en solo s’il veut reprendre la route de son destin.
Seul au monde
Le héros aux cheveux rasés vit désormais une vie de fugitif et doit s'adapter aux difficultés qu'il rencontre. Ce quatrième épisode fait intervenir de nombreux personnages et prend une tonalité moderne à de multiples reprises. Certains thèmes de société les plus actuels s’inscrivent ainsi dans un scénario au rythme volontairement décousu (l'aventure est émaillée de moments plus lents). En dehors d’une fuite devenue inévitable, Sean se retrouve confronté à des individus malintentionnés et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce chapitre ne met pas de gants. Sean prend et encaisse les uppercuts de la vie et c’est au bon vouloir du joueur – sauf dans la dernière séquence – de choisir s'il se relèvera ou non. Faith s’ouvre sur le monde en faisant escale au Nevada. Foi, racisme, repentance… l’épisode ne laisse pas indemne et donne à nouveau très envie de connaître la suite.
L’art et la manière
Gravitant entre le réel et la fiction, avec un soupçon de fantastique, ce volet des aventures de Sean et Daniel s’appuie sur les mêmes mécaniques que les précédents épisodes. L’écriture, toujours aussi remarquable, est portée par des personnages doublés de manière magistrale (on en vient à détester certains protagonistes et à se mettre à beugler devant le téléviseur). Jouant avec les codes cinématographiques, Faith se montre à la fois contemplatif et très immersif. Life is Strange 2 n’est pas un jeu téléguidé et donne véritablement les rênes pour que le joueur conduise les deux frangins en lieu sûr. Il ne souffre pas de l’illusion de choix faussement impactants, toutes les décisions – certaines plus que d’autres bien évidemment – ont une incidence sur l’histoire. Il est d’ailleurs toujours aussi amusant, lorsque se termine le générique de fin, de comparer ses choix avec ceux des autres joueurs. Tout comme on se plaît à chercher les six souvenirs à collectionner. Voilà un épisode dans la droite lignée de ses prédécesseurs mais qui va encore plus loin.
Points forts
- La mise en scène soignée
- La bande-son, toujours aussi envoûtante
- Plusieurs décisisons fondatrices
- L'écriture et le rythme
- Un épisode assez "dark"
Points faibles
- Des mécaniques simples qui ne plairont pas à tout le monde
- Un peu court
De tous les épisodes parus jusqu’à maintenant, Faith est sans doute le plus percutant. Le monde, dans sa noirceur la plus totale, se dessine à l’œil d’un Sean blessé et en proie au doute. Indéniablement, Life is Strange 2 monte en puissance et laisse deviner un final en apothéose. Le studio parisien Dontnod a décidément un talent indéniable pour raconter des histoires et mettre en scène des personnages charismatiques. Vivement décembre pour l’ultime chapitre !