Dévoilé par le biais d’une séquence visuellement impressionnante au cours du précédent E3, Anthem s’offre cette année le luxe d’être jouable sur la nouvelle édition du salon californien. De quoi se forger un premier avis sur le nouveau bébé des équipes de Bioware, désireuses d’offrir à leur fan une nouvelle expérience tout en conservant leur patte caractéristique.
Nous avons pu essayer durant une vingtaine de minutes la démo directement présentée sur la scène d’Electronic Arts. Celle-ci comprenait notamment un pan supplémentaire coupé de la conférence, en l’occurrence une partie du combat contre le dernier boss.
Ranger du risque
Anthem est d’abord une histoire de coopération : si le titre est entièrement jouable en solo, il reste pensé comme un jeu multijoueur ou chaque protagoniste incarne une classe différente. Les classes prennent ici la forme de Javelins, des exos-armures qui confèrent à leur porteur des pouvoirs spécifiques. Nous avons pu essayer celle du Ranger, la plus équilibrée, tandis que celles du colossus, de l’interceptor ou du storm offraient respectivement des styles orientés vers plus de puissance, de vitesse ou une capacité à lancer des sorts. Chaque joueur peut quoi qu’il arrive utiliser un jet-pack pour explorer plus rapidement les niveaux ou se positionner en vol stationnaire – avec un temps limité, toutefois – pour explorer le paysage, voire tirer sur un ennemi depuis une position aérienne. Le feeling évoque très fortement celui du jet pack de Mass Effect Andromeda, avec toutefois un peu plus de pêche sur les phases d’exploration, lors desquelles il est possible de réguler sa vitesse.
Anthem… Et contre tous
Pour le reste, le classicisme est de mise et Anthem ne révolutionne en rien une formule déjà éprouvée par Destiny ou Warframe avant lui, allant même jusqu’à reprendre le système d’attaques spéciales se déclenchant avec les boutons de tranche (LB-RB ou L1-R1) du premier cité. Les mobs s’enchaînent avec quelques salves ou un joli finish au corps-à-corps, des boss intermédiaires font régulièrement leur apparition, proposant généralement un ou deux points faibles à exploiter. La démo nous permettait même de croiser un simili-World Boss soigneusement esquivé sur les conseils de l’équipe de développement, avant d’aller nous frotter au véritable boss final de la mission. La progression s’avérait également linéaire, ne proposant que quelques embranchements susceptibles - à terme - de mener vers d’autres quêtes et zones connectées au lieu de nos pérégrinations. Les sensations de tirs sont-elles plus proches de celles de Mass Effect, le choix de la caméra à la 3e personne n'y étant évidemment pas étranger.
Vertical limit
Finalement, c’est pour l’instant seulement par son usage plus prononcé de la verticalité qu’Anthem se distingue des titres cités plus haut, ce qui reste donc bien léger pour une nouvelle licence proposée par une équipe aussi talentueuse que celle de Bioware. Un point de différenciation qui s’avère en plus atténué par le caractère dirigiste des zones, limitant avant tout cet outil à des fins d’émerveillement visuel. Un dernier point sur lequel Anthem ne déçoit d’ailleurs pas, malgré un downgrade assez évident (sur les textures ou l’impact des explosions, notamment) depuis l’an dernier : les effets de particule et éclairages soigneusement utilisés nous ont ainsi particulièrement charmés, tout comme les panoramas proposés ou l’effet convaincant du passage de l’air à la zone sous-marine. Mention spéciale au sound design, également, qui propose des effets sonores très réussis tels que celui de l’impulsion du jet-pack.
À ces éléments s’ajoute toutefois une direction artistique certes propre, mais finalement très quelconque pour le genre, et contribuant sans doute à faire d’Anthem un titre qui pâtit d’un manque certain de caractère. Dommage, car il s’avère pour le reste agréable à prendre en main et ne déçoit pas sur ses fondamentaux, puisqu’il propose une expérience de jeu inspirée d’une formule qui a fait ses preuves. Le bref extrait du combat de fin permet d’ailleurs de constater l’intérêt de varier ses attaques et tirer notamment profit du jetpack et du dash pour esquiver les attaques d’un boss massif, tandis que le reste de l’exploration fait la part belle au loot et à la coopération réalisée dans la joie et la bonne humeur. De quoi s’amuser donc, sous réserve que vous n’attendiez pas d’Anthem autre chose qu’un titre reprenant une formule déjà bien représentée sur le marché.
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Taillé pour attirer les amateurs de shooters multijoueurs en coopération, Anthem propose certes une expérience solide et sans mauvaise surprise, mais manque cruellement de caractère et devra en montrer bien plus pour se distinguer de ses pairs. Exception faite de la verticalité du niveau, tout ou presque évoque ici un croisement entre la construction d’un Destiny ou d’un Warframe, d’un côté, et les sensations de tir et de déplacements d’un Mass Effect, de l’autre, sans que la fusion de l’ensemble n’ait pour le moment grand-chose de neuf à nous proposer pour le genre. Il faudra donc en voir bien plus avant de nous enthousiasmer à son sujet : gageons que le soft a encore de quoi nous surprendre d’ici à sa sortie, programmée pour le 22 février 2019.