Last Day of June est une fable moderne sur l’amour et la perte, une histoire touchante au charme visuel certain développé par le studio à l’origine de Murasaki Baby.
Découvrez le trailer de Last Day of June
Au-delà du gameplay, l'émotion
« Tout est parti de la musique » nous confie Massimo Guarini le directeur du studio italien Ovosonico. Le studio à l’origine de l’atypique Murasaki Baby sur PS Vita reviendra le dernier jour du mois d’août pour nous conter les derniers jours de June dans un nouveau puzzle game touchant et porteur d’un beau message. Amateur de cinéma, Massimo Guarini a fait ses armes chez Ubisoft sur des titres tels que Rainbow Six ou Naruto : Rise of a Ninja. Il s’expatrie ensuite au Japon aux côtés de Suda 51 en tant que directeur créatif du déjanté Shadows of the Damned. L’ambiance singulière du titre et sa mise en scène trahissent déjà les aspirations du créateur.
Ce grand passionné de mise en scène et de musique retourne dans son Italie Natale en 2012 pour « faire quelque chose de différent ». Il y fonde le studio indépendant Ovosonico avec pour ambition d’adresser ses nouvelles productions non plus seulement aux joueurs, mais à l’humain derrière la manette, celui-là même capable de ressentir des émotions à travers ce média interactif.
Après la sortie de Murasaki Baby en 2014, l'éditeur 505 Games croit au potentiel de cette jeune pousse italienne et finance leur prochain projet. Au même moment, Massimo Guarini tombe amoureux du titre Drive Home de l’artiste Steven Wilson. Le visuel du clip, sa mélancolie, ses sonorités douces-amères, le créateur Italien souhaite travailler en collaboration avec le chanteur pour un nouveau titre au concept simple mais porteur de nombreuses émotions : le regret, le sentiment de perte, mais aussi l’espoir et surtout l’amour. Les deux hommes échangent quelques messages avant que Steven Wilson, au départ peu intéressé par le secteur du jeu vidéo, ne tombe sous le charme du premier prototype de Last Day of June. Désormais étroitement lié à son support musical, le jeu emprunte une partie du style visuel du clip et y intègre les éléments graphiques caractéristiques des productions Ovosonico.
La tragédie tout en douceur
Nous sommes le jour de l’anniversaire de Carl, au bord d’un lac aux couleurs douces en compagnie de ce duo qui échange quelques câlins naïfs dont les quelques maladresses mettent en avant une tendresse exacerbée. En quelques images seulement et à l’aide des paroles inintelligibles des deux personnages, le studio Italien crée un lien émotionnel puissant entre le joueur et ce petit couple émouvant. Une construction sentimentale que l’on peut rapprocher du début du film Là-haut dont les développeurs ne cachent pas l’inspiration directe pour ce début d’aventure.
Un amour sans fin
Forcés de quitter ce cadre idyllique à cause d’un orage soudain, Carl et June ne savent pas qu’ils vivent à cet instant leur dernier moments ensemble. Un tragique accident de voiture sur le chemin du retour prend la vie de June et condamne le malheureux Carl à finir ses jours dans un fauteuil roulant. Le personnage se réveille quelques jours plus tard, seul dans une maison désormais remplie de souvenirs du passé et pleine de l’absence de June. Le début du titre est à notre sens une grande réussite, il parvient à capturer plusieurs émotions fortes et nous implique de manière viscérale dans l’enjeu principal de l’aventure : celui de tout mettre en œuvre pour sauver June.
Carl va en effet être amené à découvrir que les différents tableaux peint par sa défunte épouse peuvent lui servir de portail vers le passé. Le principe du jeu est donc assez simple : vous allez revivre et modifier certains éléments du dernier jour de la vie de June (d’où le titre du jeu) afin de tenter d’éviter le tragique accident. A la manière du film Un jour sans Fin, le jeu tire les ficelles de la répétition de certaines situations que le joueur vivra à travers le point de vue d’une galerie de personnages issus du voisinage direct du couple.
Carl et June vivent dans un charmant petit village aux couleurs douces et apaisantes, un havre de paix au charme pictural peuplé d’une poignée d’habitants que nous incarneront tour à tour et dont chacune des actions pourra avoir des conséquences sur le dénouement de la journée. Tout commence avec « Le Kid », un gosse esseulé en mal de distraction dont l’unique objectif du jour est de trouver un compagnon de jeu. Jouer au ballon avec le gros toutou du chasseur local ou aller demander au doyen du coin de l’aider à réparer son cerf-volant ? Le choix vous appartient tout comme la manière de parvenir à la fin de chacun des tableaux du jeu.
Ne soyez pas effrayés par les tentatives infructueuses dans Last Day of June, l’échec d’une journée peut très bien entraîner la réussite de vos actions avec un autre personnage lors du jour suivant. Il faudra faire preuve d’observation et de réflexion de manière à faire progresser les choses et découvrir de nombreux flashback de la vie de Carl et June. Une corde à récupérer ici, une porte à ouvrir par là, un geste à éviter, chacun tableau offre une ou plusieurs possibilités à explorer avant de soumettre au jeu une proposition de combinaisons qui nous sanctionne alors d’une nouvelle cinématique où l’on constatera si oui ou non l’accident à pu être évité.
Beau comme un tableau !
Ne vous attendez-pas toutefois pas à des dizaines de combinaisons possibles, Last Day of June souhaite rester simple afin de nous fait réfléchir sur le concept de la fatalité. Peut-on vraiment échapper à son destin ? Est-il légitime de vouloir modifier ce qui est arrivé ? Derrière le sentiment très humain de tenter de se rattacher à tout prix à l’être aimé(e), de multiples questions émergent, des interrogations que le jeu creuse au fil de plusieurs souvenirs et cinématiques débordant d’émotions. Afin d’éviter tout spoiler, nous nous arrêterons ici en ce qui concerne la description de nos actions en jeu. Sachez seulement que vous découvrirez une galerie très intéressante de personnages sous différents points de vue capables de modifier parfois votre perception initiale des choses.
Et comment conclure cette nouvelle preview du titre sans évoquer son aspect visuel original et diablement enchanteur. Si l’on retrouve le chara design typique du studio avec ses figures dénuée de regard similaire à des réceptacles dans lesquels chaque joueur aura loisir d’y déverser ses propres sentiments, c’est l’approche picturale toute en nuance de pastelles qui nous a une nouvelle fois tapé dans l’œil ! Le titre joue avec ses contrastes de lumière et son alternance entre les teintes chaudes pour ses moments de bonheur et plus froides lorsque la situation vire à la tragédie. Le tout offre un résultat proche d’une toile impressionniste avec ses contours diffus, son flou distant volontairement exagéré comme pour nous obliger à nous rapprocher de ses personnages. Chaque plan est l’occasion de s’émerveiller devant le travail graphique tout en douceur accompli par l’équipe italienne, un style qui renforce le propos global de cette belle et triste histoire d’amour...
En quelques heures seulement, Last Day of June nous a fait tomber sous son charme. Un charme visuel dans un premier temps avec son rendu pictural tout en nuance de couleurs, émotionnel ensuite avec sa narration pleine de justesse d’une histoire d’amour et de perte. Le titre actionne des mécaniques de puzzle simples mais pertinentes pour tenter de nous faire modifier, encore et encore, le tragique destin d’un couple auquel nous nous sommes attaché au bout de quelques minutes seulement. Parviendrons-nous à éviter l’inévitable au terme d’une quête émotionnelle riche en beaux moments ? Réponse le 31 août prochain sur PS4 et PC.