Annoncé par Ubisoft, et pas par un leak, peu de temps avant l'E3, The Crew 2 a surpris son monde. Il faut dire que le premier épisode n'avait pas été un franc succès critique, et même si une communauté existait et que les deux extensions qui avaient précédé sa suite l'avait rendu plus attrayant, on imaginait mal l'éditeur français retenter le coup. Et pourtant. À Los Angeles, lors de l'E3 2017, nous avons donc pu découvrir la bête qui, comme le trailer le laisse entendre, a pris une orientation bien différente de son grand frère. Et entre nous, c'est une très bonne chose.
À sa sortie en 2014, The Crew ne nous avait pas vraiment emballé. Le jeu de course d'Ivory Tower avait des qualités, à commencer par son immense carte des Etats-Unis, mais aussi de nombreux défauts. Un titre imparfait donc, qui s'embourbait dans un scénario qui se prenait trop au sérieux et un système de progression façon MMORPG qui alourdissait le tout. Mais ça, c'était avant. Et oui car au fil des extensions, The Crew a affiché un nouveau visage : plus fun, plus léger, le titre utilisait intelligemment l'énorme terrain de jeu conçu par les développeurs. Pour cette suite, c'est précisément dans cette direction que le studio a creusé, pour notre plus grand bonheur.
On the road again
The Crew avait une force avec laquelle aucun autre jeu de course ne pouvait rivaliser à l'époque, pas même Forza Horizon 2 : la taille de sa carte. Absolument gigantesque et bien remplie, cette reproduction des Etats-Unis était une véritable invitation au voyage, et en même temps le terrain de jeu ultime pour des courses poursuites d'anthologie. Ivory Tower l'a très vite compris, j'en veux pour preuve les extensions Wild Run et Calling All Units. Sans grande surprise donc, le jeu reprend cette carte et repose globalement sur les mêmes idées : vous incarnez un pilote désireux de faire ses preuves en brillant dans diverses formes de compétitions et de conduite. Si l'on sait encore peu de choses sur le scénario du jeu, on a pu comprendre qu'il serait assez éloigné des clichés du premier épisode, avec ses flics véreux et sa mafia motorisée.
Le jeu se débarasse toutefois du système de customisation du premier épisode. Comprenez par là que les customisations Dirt, Street, Perf et compagnie disparaissent au profit de quelque chose de beaucoup plus clair et lisible. Certaines voitures sont clairement taillées pour les courses de rue, d'autres pour la conduite off-road, d'autres pour les performances sur circuits, ainsi de suite. Oui, les performances sur circuit, vous avez bien lu. Si nous n'avons pas été en mesure de les essayer, la bande-annonce du jeu les a mises en avant et sur la carte que nous avons pu apercevoir, des épreuves de ce genre étaient bel et bien au programme. Quelles disciplines, quels circuits, quelles voitures, tout cela reste encore à découvrir mais The Crew 2 prend le parti d'embrasser le plus de style de conduites possible, tout cela est donc finalement assez logique.
Dès le départ, le jeu vous permettra d'acquérir une première auto, et en fonction de sa catégorie, vous aurez ensuite accès à un certain type d'épreuve. En optant pour une Nissan GT-R de 2012, The Crew 2 nous a logiquement tourné vers les courses de rue. Avec une Mazda RX-7 largement modifiée, on aurait pu s'essayer aux concours de drift, tandis qu'une Mustang survitaminée nous aurait permis de participer à des courses de drag. Le jeu est toutefois suffisamment malin pour ne pas enfermer le joueur dans une seule et même catégorie. En avançant dans votre discipline, vous débloquerez également de nouvelles épreuves pour les catégories restantes, ce qui permet aux indécis d'aller et venir d'un type de défis à l'autre, et donc de jouer comme bon leur semble, sans contrainte. Et en fait, c'est tout The Crew 2 qui est pensé de cette manière.
Y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
"Hein quoi, des avions et des bâteaux dans The Crew 2 ?", c'est probablement votre réaction lorsque vous avez vu le premier trailer du jeu de course façon Ubisoft. Eh bien oui, c'est vrai : le titre a élargi ses horizons et accueille de nouvelles disciplines. Et finalement, on aurait tendance à trouver cela logique. Depuis quelques temps, Ubisoft a quelque peu revu sa façon de penser le jeu vidéo et entend proposer aux joueurs des mondes dans lesquels ils seraient au centre de tout. Libres autant que faire se peut, les gamers se raconteraient leurs propres histoires, mettant en scène leurs exploits sur YouTube et autres réseaux sociaux à la mode, partageant à tour de bras chacune de leurs performances. On l'a vu dans Steep, qui proposait de changer à la volée de discipline, du ski au snowboard en passant par le parapente, il revient dans The Crew 2 : le stick magique qui permet de switcher rapidement de l'auto vers le bateau ou l'avion. C'est d'autant plus fort que cela se fait sans temps de chargement. Cela permet des enchainements cocasses, comme la possibilité de sauter par dessus un pont en voiture, et changer dans les airs pour monter dans son bateau et continuer sa course sur le fleuve en contrebas. Ou à l'inverse, de traverser Manhattan en avion, zigzaguant entre les buildings, pour finalement se laisser tomber en voiture, et démarrer en trombe aux pieds de l'Empire State Building.
Dans The Crew 2, tout semble plus fluide, plus naturel. Au moment de rejoindre une épreuve, il est possible d'inviter son crew sans temps de chargement supplémentaire ; le téléphone portable à tout faire du premier jeu disparait au profit d'un vrai menu clair et bien organisé, dans lequel on peut choisir son bolide plus facilement ; et une fois les épreuves terminées, on peut repartir comme si de rien n'était... Là encore sans temps de chargement. Cette expérience de jeu presque seamless offre une sensation de liberté franchement appréciable, et permet de profiter pleinement de l'immense carte des Etats-Unis, toujours aussi riche en détails.
Ivory Tower avait créé un gigantesque bac à sable qui ne demandait qu'à être pleinement exploité. The Crew 2 lui fait honneur. Avec ses bateaux et ses avions, le titre multiplie les pistes possibles, et les sources d'amusement. D'autant que les développeurs ont bien bossé sur la conduite de ces nouveaux véhicules. Vous le savez probablement mais à sa sortie les sensations de conduite du premier The Crew n'étaient pas extraordinaires, loin de là. Le jeu s'est grandement amélioré au fil du temps, jusqu'à faire de The Crew un jeu de course convaincant. The Crew 2 poursuit dans cette direction, avec des courses de voitures pleines de rebondissements, remplies de passages secrets. Côté bateaux et avions, le studio a du travailler à partir de rien et force est de constater qu'il s'en est très bien sorti. Sur l'eau, le titre prend en compte la taille et le poids du bateau, mais aussi la houle, qui pourrait parfois vous faire perdre de précieuses secondes. Sur les petits bateaux de course monoplace, on apprécie la possibilité de pouvoir couper à travers les petits morceaux de terre et de glisser sur le gazon, avant de revenir dans l'eau. L'avion, lui, est plus technique. Il faut gérer intelligemment l'inclinaison et l'assiette pour ne pas finir empalé dans un building, ce qui ne manquera pas d'arriver lors de vos premiers essais. Nous n'avons pu essayer qu'un seul type d'avion, un monoplace type appareil de voltige, nerveux et très maniable, mais on imagine que le jeu en proposera d'autres.
Retrouvez toutes les infos de l'E3 2017
Le premier The Crew ne nous avait pas vraiment convaincu, malgré quelques arguments séduisants. Ivory Tower a clairement appris de ses erreurs : The Crew 2 mise sur une approche plus simple mais surtout un plaisir immédiat, en misant beaucoup sur son immense carte et des sensations de pilotages aussi diverses que satisfaisantes. Sans révolutionner quoi que ce soit, le nouveau bébé d'Ivory Tower devrait toutefois se faire un nom dans le milieu de jeu de course arcade, car ce qu'il fait, il le fait très bien. On a hâte de voir si The Crew 2 tiendra le choc, sur la distance, mais ce premier contact à l'E3 nous a plutôt emballé.