Un long périple qui en vaut la peine

Longtemps resté sous les radars, Gorogoa nous a mis une petite claque alors que nous préparions notre GDC 2017 et nous étions impatients de pouvoir y toucher. Sorte de puzzle game à base d'illustrations interactives, le titre, développé, illustré et designé par Jason Roberts, qui travaille seul, semble taillé pour concurrencer l'aura de l'excellent Framed, disponible quant à lui sur mobiles depuis la fin 2014. Première œuvre, mais aussi long périple, Gorogoa tient en haleine son créateur depuis 2012, année durant laquelle le jeu a gagné son premier prix lors de l'Indiecade dans la catégorie Visual Art. 4 récompenses plus tard, raflées en l'espace de deux années, Gorogoa se sort désormais d'une longue léthargie due aux problématiques de développement et aux changements de moteurs pour redonner des nouvelles au monde et, dans notre cas, se laisser approcher par la presse.

Concept atypique et excessivement malin

Notre session de test, d'une vingtaine de minutes, en compagnie d'un Jason Roberts plutôt pressé de rentrer chez lui pour continuer son développement, fut une bonne expérience. On y découvre donc un gameplay en 4 cases, très simple d'approche, dans lesquelles des illustrations interdépendantes et parfois connectées vont s'animer et s'entrechoquer au fur et à mesure que vous activez des points d’intérêts, ou que vous déplacez des cases pour les mettre en relation. Cela paraît très difficile à concevoir à première vue mais un simple coup d’œil au trailer du titre vous permettra de vous faire une idée précise de la session que nous avons pu avoir.

Difficile mais tellement plaisant

Côté histoire, toute cette aventure se veut avant tout très suggestive, aucun dialogue ne viendra meubler l'épopée et c'est par des symboles et une forte dose d'interprétation que le joueur pourra tracer son chemin à travers l'aventure. Durant notre démo, le héros devait récupérer successivement plusieurs objets et c'était à nous de « créer » ces objets, en prenant par exemple une case zoomée sur l’œil d'un dragon pour y superposer une case avec un centre translucide lequel isolera le vert de l’œil et créera ainsi le fameux joyau. Les puzzles de Gorogoa sont de ce genre là, toujours dans le suggestif, toujours très malins et toujours très beaux et bien animés. On a d'ailleurs parfois l'impression d'admirer de l'art fractal tant les zooms et dézooms révèlent à chaque fois de plus en plus de secrets.

Des milliers d'illustrations ont été nécessaires pour réaliser Gorogoa et l'on comprend vite pourquoi. En effet, non seulement les cases peuvent être zoomées sur différents éléments, lesquels révèlent toujours de nouveaux tableaux, mais l'on peut également d'un simple clic aller voir ce qu'il se passe par exemple à gauche de la scène dépeinte dans une des cases, ce qui va nous révéler une autre partie de la pièce, laquelle pourra être combinée avec une scène aperçue il y a quelques secondes dans une autre case. Cela paraît extrêmement complexe et parfois même un peu brouillon mais en pratique le tout se manie très bien et l'on comprend relativement vite où veut aller le développeur lorsqu'une énigme est posée. Le tout est de voir le titre comme un puzzle à 4 pièces, dans lesquelles différentes scènes peuvent être exploitées et naviguées par le joueur. Après quelques puzzles résolus, notre session touche à sa fin et nous ne souhaitons qu'une chose : pouvoir continuer l'aventure sur nos téléphones lors de notre retour vers le Moscone Center de la GDC.