Serait-il l'homme qui a lui seul pourrait renverser le Troisième Reich ? Patient, méticuleux, discret, mais surtout diablement précis. Karl Fairburne est de retour pour une nouvelle session de tirs méthodiques à longue portée et de ralentis aussi sanglants que jouissifs dans Sniper Elite 4. Débutée en 2005, la saga reprendra du service dès le 14 février prochain sur PC, PS4 et Xbox One avec un quatrième volet toujours chapeauté par les Anglais du studio Rebellion Developments. Nous avons pu approcher une dernière fois le titre avant sa sortie afin de vous livrer nos impressions sur ses nouveautés de gameplay et ses ambitions. Missions plus ouvertes, panoplie de mouvements étoffées, comportement des ennemis retravaillé, aurait-on enfin affaire à l'épisode de la maturité ?
Une cible de choix pour notre tireur d'élite
Voir l’Italie et mourir (d’une balle dans la tête si possible)
L’action de ce quatrième épisode conduit notre agent spécial américain sous le soleil langoureux de l’Italie. Inutile cependant de rêver de bronzette le long des littoraux baignés par la lumière méditerranéenne ; en cette année 1943, Mussolini tient les rênes de sa dictature fasciste et évolue du côté de l’Allemagne d’Adolf Hitler. Le début de la campagne solo du jeu est un prolongement direct des événements de Sniper Elite III. Karl Fairburne débarque en plein cœur d’une Italie rurale où se mêlent les petits villages pittoresques à l’architecture colorée et les installations militaires hautement surveillées. Un terrain idéal pour exprimer son art de la furtivité et du tir à longue distance.
Plus libre et plus ouvert
Si Sniper Elite 4 s’articule toujours autour de missions aux objectifs imposés, le studio Rebellion adopte une nouvelle approche pour la construction des différentes zones du jeu. Moins linéaire que par le passé, cet épisode laisse enfin respirer le joueur dans des cartes ouvertes dotées d’une grande liberté d’approche. Notre première mission nous conduit au pied d’une charmante petite bourgade de campagne au bord de l’eau, un cadre idyllique malheureusement investi par plusieurs bataillons de soldats armés jusqu’aux dents. Le court tutoriel expédié, nous voilà livré à nous-même au beau milieu d’un immense terrain de jeu aux objectifs multiples et non imposés. Vaut-il mieux d’abord concentrer nos efforts sur ce haut gradé barricadé derrière les murs d’une riche demeure ou bien aller saboter les transmissions radio d’un campement situé à quelques encablures de notre position ? À nous de choisir notre cible du moment et de tout mettre en œuvre pour agir le plus discrètement possible.
De la bouche même du lead-designer du jeu, la plus petite carte de Sniper Elite 4 est au minimum trois fois plus grande que celles du troisième volet. Il suffit d’ailleurs de se balader un peu dans les environs pour constater par nous-même que l’endroit multiplie les embranchements, les routes annexes et les postes de tir avantageux. Cette liberté donne une vraie bouffée d’air frais à un licence que l’on sentait encore trop prisonnière de l’héritage linéaire de ses premiers volets. Détail intéressant, nous n’avons pas remarqué d'éléments scriptés lors de nos différentes sessions de jeu. Les troupes se déplacent à leur guise dans l’environnement en fonction de leur attribution du moment et, bien entendu, de leur niveau d’alerte.
Plus vastes, les niveaux s’annoncent aussi comme bien plus verticaux que par le passé afin de laisser tout loisir à notre personnage d’exploiter ses nouvelles aptitudes de grimpette. Escalader une paroi, grimper à un balcon, se suspendre à une corniche pour contourner les lignes ennemies, cette panoplie étoffée de mouvements renforce le volet tactique d’un titre qui, ne l’oublions pas, mise une grande partie de son plaisir de jeu sur l’élimination silencieuse et efficace de nos cibles (enfin, la plupart du temps...).
Des améliorations suffisantes côté gameplay ?
Sniper Elite est l’exemple typique de la saga aux critiques souvent moyennes, mais qui parvient tout de même à attirer le joueur par ses promesses d’éliminations d’estafettes entières de soldats Nazis. Headshots à très longue portée, explosions d’organes internes en mode slow-motion, le titre de Rebellion est finalement le petit plaisir décomplexé que s’offre (souvent en promo) un public prêt à lui pardonner certain de ses défauts évidents. Toutefois, ses créateurs ne souhaitent pas se reposer sur cette réputation de jeu “moyen, mais fun” en tentant ici de peaufiner différents aspects de son gameplay. Si ce quatrième volet s’articule toujours autours des mêmes gimmicks de jeu : trouver un poste de tir idéal, se planquer et attendre le moment parfait pour appuyer sur la détente de son fusil, il apporte dans sa besace un certain lot de nouveautés.
En plus de pouvoir exploiter la verticalité des environnements, Karl Fairburne est désormais capable de profiter de la végétation pour masquer sa présence. Camouflé dans un épais buisson, il a le champ libre pour observer le terrain à l’aide de ses jumelles afin de marquer la position des ennemis. Ces derniers apparaissent ensuite sur notre mini-carte et livrent de précieuses informations sur leur zone de vigilance et leur équipement. Il est même possible d’obtenir de courtes biographies de certains personnages pour tout savoir de leur vie avant de leur donner la mort. Rebellion nous aura aussi poussé à utiliser l’ombre et la lumière à notre avantage pour duper certaines sentinelles un peu trop zélées dans leur tâche de surveillance. En tirant dans les ampoules ou en profitant du contre-jour créé par les rayons du soleil, il est possible d’évoluer sans se faire repérer par l’ennemi. De manière générale, Sniper Elite souhaite offrir au joueur une panoplie d’actions plus complète et surtout plus réaliste que par le passé. Saluons en ce sens l’introduction du sifflement pour Karl, qui, à la manière d’un Solid Snake ou d’un Sam Fisher, peut enfin attirer l’attention d’un garde pour l’éliminer loin du regard de ses alliés.
Côté arsenal, on retrouve la panoplie classique de fusils de précision accompagné d'un bel éventail d’armes destinées à de plus courtes distances. Couteaux, pistolets, fusils mitrailleurs, grenades, mines, peu de changement sont à noter ici. Un ajout pourrait néanmoins modifier en profondeur votre façon de jouer : les munitions silencieuses. Disponibles en petite quantité sur les cartes, ces balles spéciales autorisent des tirs discrets au sniper. Plus besoin d’attendre un coup de canon ou le grondement de la foudre pour tenter de masquer le bruit de son tir. Il suffit de sélectionner ces balles spéciales pour s’adonner aux joies du headshot dans un silence presque total. On attendra de prendre en main le jeu dans sa totalité afin de nous prononcer sur l’impact réel de cette nouveauté sur son niveau de difficulté. Pour terminer ce paragraphe consacré au gameplay n’oublions pas d’aborder la possibilité pour Karl de piéger le cadavre de ses victimes avec des mines afin de créer des leurres mortels très efficaces contre les troupes un peu trop curieuses. Le reste se montre classique par rapport à la saga, un peu trop peut-être pourront le déplorer certains.
IA comme des améliorations dans l’air
Au rang des défauts souvent pointés du doigt tout au long des épisodes de la série, la faiblesse de l’intelligence artificielle des ennemis ternit véritablement l’image de la franchise. Peu réactifs, parfois aveugles, les adversaires passent souvent pour une jolie brochette d’incompétents. Rebellion nous indique avoir pris le problème à bras-le-corps pour ce quatrième épisode. Sur notre session de jeu de deux heures environ, il est clair que des efforts ont été déployés pour tenter de corriger le tir. Sont-il toutefois suffisants ? Le travail d’amélioration du comportement ennemi passe dans un premier temps par l’apparition d’un système de leaders chez l’adversaire. Les unités de base sont désormais souvent placées sous le commandement d’un haut gradé. Éliminez ce "chef" aura pour effet direct de saper le moral des troupes et de modifier leur comportement. Désorganisation des patrouilles, rondes de garde hasardeuses, les soldats privés de leurs directives pourront même aller jusqu’à fuir le terrain. On note donc un léger mieux côté IA même si l’on constate encore de nombreuses failles permettant d’exploiter la relative innocence de ces pauvres bougres.
As-tu vu ma belle killcam ?
C'est le plaisir coupable que l'on aime ressentir lorsque l'on joue à Sniper Elite, la petite dose d’adrénaline qui nous fait comprendre que notre pression sur la gâchette était parfaitement mesurée. Les fameuses Killcam de la licence sont bien évidemment de retour dans ce quatrième épisode et promettent d’être encore plus gores et variées que par le passé. Outre les classiques headshots, tirs dans les organes internes et autres balles logées dans les parties intimes (outch), on note la multiplication des ralentis sur les tirs environnementaux destinés à détruire certains véhicules ou installations. Une balle correctement logée dans un réservoir d’essence est parfois bien plus efficace qu’un tir en pleine boîte crânienne ! Bonne nouvelle pour les amateurs d’éliminations furtives au corps-à-corps, les takedown au contact bénéficient enfin du même traitement de faveur que les ralentis à longue portée. Le moteur graphique du titre nous gratifie toujours d’un excellent rendu anatomique interne n’ayant pas à rougir des fatalités d’un Mortal Kombat.
Et si tout cela vous laisse encore un peu sur votre faim, les éclats de shrapnel ont aussi été revus et corrigés pour offrir quelques slow-motion particulièrement incisifs. Observer une plaque de blindage de tank de la taille d’un homme découper en deux un soldat nazi est un spectacle particulièrement… jouissif (je me rends compte que peu importe le terme utilisé ici, je passerai sans doute ici pour un véritable psychopathe. Mais les habitués de la série comprendront ma pensée). Bref, l’ADN “over the top” de la saga est respecté à la lettre dans ce Sniper Elite 4, ce qui n’est pas pour nous déplaire !
Une fois notre mission en solitaire terminée, direction le mode multijoueur de ce Sniper Elite 4. Le jeu de Rébellion offre toujours la possibilité de parcourir sa campagne en binôme pour s'essayer au petit jeu du qui aura la meilleure précision avec un ami. Il propose aussi un mode versus en équipes où chaque camp tentera de capturer différentes balises radio sur une carte. Vous ne ferez pas long feu si espérer vaincre en vous la jouant planqué dans un fourré en mode tireur embusqué, votre viseur reflète en effet la lumière et peut trahir votre position à tous moment.. Nous avons conclu notre session de jeu par un rapide tour du côté du mode survie, de retour dans cet épisode et toujours aussi corsé une fois les premières vagues de soldats descendues.
Fluidité et précision
Pour son premier épisode exclusif à la génération actuelle de consoles, Sniper Elite effectue un bon technique appréciable. Plus détaillé, le titre se montre surtout parfaitement fluide sur PS4 et Xbox One avec un confortable framerate fixé à 60 fps. Le studio Rebellion promet du 1080p sur les deux plateformes de salon aisni qu'une version PC de qualité bénéficiant de nombreux paramètres graphiques. On jugera de cette promesse sur pièce avant de nous prononcer. Si le titre se montre un brin plus agréable à l'oeil que par le passé, notamment grâce à de nouveaux effets d’éclairage, ne vous attendez cependant pas à la baffe technique de 2017. La modélisation de certains décors, la repirse de la plupart des animations de l'épisode précédent ainsi qu'un aliasing un poil trop prononcé trahissent encore les ambitions et le budget du projet.
Sans pour autant révolutionner les bases d’une série installée depuis 2005 sur nos machines, Sniper Elite 4 semble apporter un lot d’améliorations appréciables à la franchise. Si le nouveau cadre italien confère au tout un sentiment de dépaysement bienvenu, c’est surtout du côté de ses quelques idées nouvelles de gameplay que se focalisent nos attentes. Plus ouvert et plus vertical, ce quatrième épisode des aventures du tireur d’élite le plus redouté du Troisième Reich s’avance en ce début d’année 2017 avec certains arguments susceptibles d’attirer l’attention des amateurs de tir précis et de ralentis toujours aussi jouissifs à observer.