Les jeux indépendants sont généralement remplis de créativité et d'idées originales, qualités pour le moins nécessaires afin de se démarquer des jeux semblables qui inondent de plus en plus le marché vidéoludique. Crawl est un de ces jeux qui pourrait bien surprendre à sa sortie par ses idées et son gameplay très original et tout aussi prenant dans le joyeux monde des rogue-like divers et variés. Que nous réserve-t-il alors que la sortie officielle de ce jeu n'a jamais été aussi proche ?

Développé par le studio indépendant Powerhoof, Crawl est sorti depuis août 2014 sur Steam en accès anticipé. Depuis, mise à jour après mise à jour, le jeu fait son petit bonhomme de chemin vers la version finale avec un contenu toujours plus étoffé et rempli de bonnes idées. Le jeu est en effet largement plébiscité sur Steam avec 97% d'avis favorables ce qui nous laisse attendre avec beaucoup d'impatience le produit fini lorsqu'il arrivera. Mais voyons de quoi il en retourne vraiment.

Réveillez la bête qui est en vous

Crawl est avant tout un jeu d'action et rogue-like au style pictural très rétro, se situant dans le 8 bits avec les habituels bons gros pixels des vertes années du jeu vidéo. On pourrait s'attendre à une énième dérive de l'excellentissime The Binding of Isaac, mais finalement, après quelques minutes de jeu, le joueur se rend compte qu'il fait face à un jeu tout à fait original.

Le jeu prend place au cœur d'un donjon subdivisé sous forme d'étages générant des salles différentes de manière aléatoire. Chaque salle regorge d'items souvent décoratifs, mais aussi certains avec lesquels les joueurs pourront interagir. En effet, la mécanique du jeu repose sur deux gameplay singulièrement différents : le monstre et le héros. Au début du jeu, l'un des joueurs est désigné comme étant le héros, et comme dans n'importe quel jeu de type rogue-like, il devra survivre au sein des murs de ce donjon, récupérer des items pour s'améliorer et passer d'étage en étage jusqu'à atteindre le boss.

Cependant, les monstres sont là pour lui compliquer la tâche. Jusqu'à 3 joueurs au maximum pour le moment peuvent tenter de mettre des bâtons dans les roues du héros via les salles qui regorgent de pièges et autres objets intéressants. Les monstres sont le plus souvent sous forme fantomatique, naviguant dans la pièce, ramassant des ectoplasmes qui apparaissent sur l'écran pour pouvoir faire apparaitre de petites créatures que vous pourrez contrôler. Dans certaines salles, il y aura même des pentagrammes au sol, vous permettant en allant dessus de vous transformer en un monstre aux capacités variant selon l'espèce. Le but des monstres est de se disputer le coup fatal porté au héros puisque, en effet, celui qui le tuera prendra sa place et pourra évoluer en temps qu'humain dans le donjon jusqu'à une éventuelle nouvelle mort.

Evoluer pour tuer

A chaque étage, le héros devra faire de son mieux pour survivre face aux créatures diverses peuplant le donjon et contrôlées par les autres joueurs. Le joueur humain bénéficie d'un système d'expérience : à chaque fois qu'il tue un monstre, il récupère sa force vitale et finit par augmenter de niveau, améliorant sa santé maximum et ses dégâts. Le joueur doit atteindre au moins le niveau 10 pour pouvoir accéder au boss du donjon via un portail qui ne s'activera qu'à ce niveau-là. Pour autant, il peut aussi faire le choix d'attendre davantage pour s'y risquer pour prendre plus d'expérience, même si cela signifie s'exposer plus longtemps aux tentatives d'assassinat des autres joueurs.

Les monstres possèdent également leur propre système d'expérience : à chaque fois qu'ils font des dégâts au héros, ils gagnent un certain nombre de points de Wrath qui, à la fin d'un niveau, peuvent être utilisés pour améliorer ses monstres par des mutations. Chaque joueur choisit en effet au début du jeu un set de 3 monstres qu'il pourra invoquer et contrôler dans les salles disposant d'un pentagramme. Chaque mutation améliore le monstre concerné contre un certain nombre de points de Wrath et lui confère de nouvelles aptitudes, qu'il s'agisse de son attaque de base ou bien de sa spécialité : certains posent des pièges, d'autres laissent une traînée toxique, etc, et elles ont toutes des caractéristiques passives particulières qu'il est important de bien connaitre pour pouvoir progresser pleinement dans l'aventure.

Le bestiaire du jeu est très large avec 26 créatures possibles qui seront débloquées au fur et à mesure de vos prouesses dans le jeu, certaines sont plus fortes que d'autres, mais l'équilibrage reste quand même de mise. Choisissez entre des créatures attaquant à distance ou au corps à corps, et choisissez bien l'évolution que vous leur donnerez, les points de Wrath sont loin d'être illimités. De plus, n'hésitez pas à passer du temps sous forme de monstre, car si vous venez à être tué après avoir passé un bon moment sous forme humaine, vous aurez beaucoup de mal à porter un nouveau coup fatal au nouveau héros puisque vos adversaires auront pu collecter de nombreux points de Wrath : il faut trouver un juste équilibre entre le temps passé sous forme de monstre et d'humain.

A la conquête du rétro

Le gameplay en apparence très simple de Crawl cache un grand nombre de détails très complexes qui ont tous leur utilité pour un joueur souhaitant aller plus loin au coeur de ce jeu. En effet, les diverses armes existantes, les modificateurs de statistiques, les mutations, les créatures variées, les pièges, les structures des salles, tout cela fait que le joueur a un grand nombre de données de jeu à assimiler pour pouvoir progresser. Or, le jeu n'est encore qu'en version 0.7 dans son accès anticipé, ce qui laisse présager un excellent jeu lors de sa sortie officielle.

De plus, l'ambiance est extrêmement bien travaillée pour un jeu indépendant : le visuel et l'audio s'accordent parfaitement dans les divers tableaux proposés : la musique se veut rétro au même titre que les graphismes qui, bien que très pixellisés, restent précis et ne gâchent pas l'action comme on pourrait le craindre au beau milieu des combats, même si cela ressemble parfois à un fouillis de pixels. La difficulté tout au long du jeu est très bien maîtrisée, il y a un réel challenge pour qui souhaite rester en vie, car ce n'est pas chose facile : les soins se font rares dans le donjon, et sont bien souvent accompagnés d'effets secondaires peu accommodants lors des phases de combats. La diversité et les possibilités de ce jeu sont réellement impressionnantes, et surprendront un joueur qui jugerait simplement celui-ci sur son apparence.

L'un des grands bémols de ce jeu demeure cependant l'absence de multijoueur, autre qu'en local. En effet, pour le moment, Crawl propose de jouer à 4 mais à moins de jouer à plusieurs sur une même machine, vous devrez vous frotter à des ordinateurs. L'IA de ce jeu n'a pas à rougir d'autres grands titres vidéoludiques, mais elle reste prévisible, et une fois bien cernée, le challenge en est fortement réduit. Cela dit, le jeu n'est encore qu'en accès anticipé, ce qui laisse présager de futures mises à jour avec peut-être un accès multijoueur bien plus large.