Le studio français EniGami ne vous dit peut-être rien. Il faut dire que ce dernier a été créé tout spécialement pour la production de Shiness par une bande de passionnés. A la base, Shiness, c'est le travail du dessinateur Samir Rebib depuis de nombreuses années. Mais le virage vers le jeu vidéo a nécessité plusieurs mains qui se sont lancées dans l'aventure en y mettant leur coeur et leurs économies. Au bout de deux ans de développement, une campagne Kickstarter a permis au projet de prendre de l'envergure et maintenant d'être encadrée par l'éditeur Focus.

Un J-RPG...

Mais plutôt que l'histoire du studio, intéressons-nous directement au jeu. Shiness ne cache aucunement ses inspirations. Les premières se situent dans le jeu d'aventure et le J-RPG et regroupent des noms comme Zelda ou encore Secret of Mana. Gambader dans de grandes pleines colorées, aider les NPC qui ont toujours quelque chose à vous demander, on retrouve un concept connu, si ce n'est très classique. Notons toutefois que si la quête principale ne permettra qu'un seul réel gros choix pendant l'aventure, les quêtes annexes influeront sur votre « karma », lui-même ayant un impact sur la fin de votre aventure. En gros, dans la démonstration, on a le choix entre persuader un voleur d'arrêter d'embêter un paysan grâce à notre diplomatie, ou par la force. Si la deuxième option est choisie, vous vous mettrez à dos les congénères du voleur et vous ferez de nouveaux ennemis. Cela dit, il n'est pas impossible que combattre rapporte des récompenses.

Evidemment, ce genre de péripétie n'a d'intérêt que si l'univers accroche le joueur. En cela, Shiness semble partir sur de très bons augures avec des personnages au design réussi. Dans la démo, on contrôlait principalement Chado, un Waki (sorte de chien anthropomorphe) qui n'est pas sans rappeler l'univers de Tail Concerto/Solatorobo. Lui comme les autres protagonistes parlent une langue fictive appelé le mahérien, dont les sonorités mélangent le japonais, le français ainsi que des langues africaines, entre autres choses. Cela permet de donner un petit peu de profondeur à l'univers, d'autant qu'il vous faut parfois apprendre la langue pour l'utiliser efficacement, notamment lors d'un combat contre en boss. En plus de Chado, il y a quatre autres personnages jouables, mais vous ne pouvez en contrôler que trois à la fois. Comme dans une partie solo de Secret of Mana, les trois persos se suivent et vous pouvez passer de l'un à l'autre quand vous le voulez. L'avantage, c'est qu'ils ne disposent pas des mêmes capacités et chacun peut vous aider à sa manière.

Puisque nous parlons de capacités, attardons-nous sur la façon de les obtenir. En effet, une action aussi simple que celle de sauter est moins évidente qu'il n'y paraît dans Shiness. Il vous faut d'abord apprendre la capacité à un personnage via un manuscrit qui s'équipe. Tant que le manuscrit est sur le personnage, il peut alors sauter. Mais à force d'utiliser la capacité, il finira par la maîtriser et n'aura donc plus besoin du manuscrit pour l'utiliser. Chaque personnage peut avoir jusqu'à quatre manuscrits d'équipés en même temps et peut apprendre autant de capacités qu'il le veut. Toutefois, sachez que les sorts et les combos s'apprennent de la même façon et sont plus limités. Si vous pouvez en maîtriser autant que vous le voulez, vous ne pouvez utiliser que quatre sorts à la fois et cinq combos.

Un jeu de combat

On en arrive donc logiquement au système de combat. Un genre dans lequel Shiness puise d'autres inspirations. Si vous avez déjà joué à un jeu de combat Naruto, vous avez déjà une première idée de ce à quoi cela ressemble. Lorsque vous rencontrez un ennemi, une sorte d'arène se créée autour de vous et lui. Vous pouvez effectuer des roulades autour de lui, esquiver ses coups, les parer, contre-attaquer ou encore utiliser des combos que vous aurez vous-même appris et assignés à des touches. Les combats sont donc dynamiques, surtout quand vos équipiers débarquent subitement en plein combat pour coller quelques mandales un peu comme dans les Tag Battle. Mais l'aspect fun, c'est que les ennemis peuvent faire tout ce que l'on vient de citer. Du coup, on peut avoir droit à quelques surprises et cela permet d'entretenir la flamme qui peut s'estomper avec des gameplay plus froids et classiques, notamment lorsqu'on affronte beaucoup d'ennemis à la suite. Notez que le système d'éléments relativement classique (Eau, Feu, Terre, Air) se développe en éléments secondaires et tertiaires qui sont des mix d'éléments existants (exemple : Feu + Air = l'élément secondaire Foudre). Non seulement ces affinités peuvent avoir une influence selon l'élément de votre ennemi, mais aussi selon l'élément de la zone de combat où vous vous trouvez.

Bref, du tout bon pour Shiness ? Presque. Si on note de bonnes idées et de l'ambition, Shiness souffre tout de même de quelques problèmes à la fois lié au peu d'expérience de ses concepteurs et au peu de moyens. D'une, les phases d'exploration semblent, de prime abord, très classiques. Quelques énigmes simples, des environnements larges mais vides, on a cette petite sensation de jeu des années 90 auquel il manquerait l'aveuglement de la nostalgie. De deux, la réalisation manque encore de maîtrise et malgré un cel-shading prononcé, les faiblesses techniques transparaissent un peu trop. Mais il reste encore du temps à EniGami avant fin 2016 pour travailler sur ces aspects et peut-être offrir une belle aventure aux joueurs.