Impossible de cacher mon enthousiasme débordant concernant Hades 2 : alors que j’avais raté la phase du test technique lancée à la mi-avril, j'ai pu plus que rattraper mon retard à travers l'accès anticipé du jeu. Une version bien plus complète comprenant cinq des six armes, la quasi-totalité des zones ainsi qu'une liberté presque entière au sujet de mes activités. Les 25 heures que j'ai consacrées à cette suite tant attendue n'ont provoqué chez moi que des émotions positives (outre la frustration de la défaite, bien sûr). Cet accès anticipé ne laisse pas aux joueurs le temps de s'ennuyer au vu du contenu déjà titanesque qu'il propose. De fait, il promet de nombreuses heures de divertissement même s'il manque le plus important pour se faire vraiment un avis définitif. Retour sur mon voyage, délicieux, dans les Enfers.

Une nouvelle histoire pour une narration identique

Comme les joueurs ont pu le voir avec le test technique, Hades 2 met en avant un nouveau protagoniste. Il s'agit de Mélinoé, sœur cadette de Zagreus. Elle est éduquée par Hécate, une sorcière de la croisée des chemins qui se présente en tant que mère adoptive, dans le but de vaincre Cronos. Ce dernier, père d'Hades et grand-père de Mél', pour des motivations qui lui sont propres, décide de prendre les Enfers en otage. Et dans les jeux vidéo Hades, on ne touche pas à la famille. Cette espèce de coup d'État n'est pas au goût de tout le monde. Plusieurs personnalités, inédites ou déjà vues, apportent donc leur soutien à notre héroïne : figures mythologiques réputées, demi-dieux et Olympiens font partie du casting.

Dans sa narration, Hades 2 reprend ce qui a fait le succès du premier épisode. Les dialogues ont toujours quelque chose de nouveau à proposer, que ce soit pour rebondir sur les voyages de la protagonistes ou dans leurs questionnements. J'ai même l'impression que des histoires d'amour se forment entre les figurants au fil des heures ! Vaincre Cronos n'est, en plus pas synonyme de fin de l'histoire. C'est même si cette suite emprunte à son aîné, que le commencement d'un nouveau chapitre. Le doublage reste d'excellente facture et malgré les quelques traductions manquantes, on a lu chaque boîte de dialogue en intégralité.

De manière général, Hades 2 fait toujours très fort pour son écriture. J'apprécie personnellement moins le contexte, celui du premier étant très réussi : la dualité entre le père et son fils, dont les dialogues suintent du second degré, est appréciable à suivre. En ce qui concerne ce deuxième épisode, il s'agit plus d'être la gentille qui renverse le méchant. Une supposition avec laquelle on se risque beaucoup tant on sait que l'intrigue peut évoluer pour nous prouver le contraire. C'est bien ça qui me séduit : le scénario avance toujours tout le temps et arrive sans cesse à surprendre. Je me suis exclamé mais surtout interrogé sur le sort de tel ou tel protagoniste. Les développeurs de Supergiant Games agissent en tant que chef d'orchestre d'une œuvre superbement rythmé qui ne sert pas juste à passer le temps tant on ne s'ennuie jamais.

Le développement des améliorations a été amélioré.

Un tempo divin

Je l'ai déjà dit et le répète parce que c'est important : cet accès anticipé garantit des heures et des heures de jeu. Une prouesse réalisée grâce à un contenu conséquent, presque dénué de bug, au tempo haletant. Il se passe systématiquement quelque chose de nouveau et pas que dans les échanges entre personnages. Entre arcanes à améliorer, aspect d'armes à essayer ou bâtiments à construire, j'ai constamment été stimulé. Et ça même au bout de plus d'une quinzaine d'heures de jeu.

Cela permet de mettre en relief à quel point Supergiant Games connaît ses joueurs, leur rythme et leur façon de faire pour leur proposer chaque fois, au moment opportun, un petit truc en plus. De quoi se convaincre de tenter "une dernière fois" d'aller au bout. Il manque parfois une plante ou un minerai pour réaliser telle recette ou améliorer telle arcane. Il y a parfois un côté un poil frustrant de relancer juste pour une petite ressource, mais cette frustration est vite mise de côté une fois une nouvelle partie commencée. De fait, on s'immerge rapidement dans les séquences d'action, ou prudence, nervosité et réflexion composent un cocktail de gameplay savoureux déjà connu des amateurs du premier épisode.

C'est grâce à la divinité Séléné que l'on a accès au Sort : une capacité très puissante dont on ne veut (surtout pas) se priver.

Hades 2 rectifie les défauts du 1 tout en soignant ses qualités

Mais justement, Hades 2 fait-il trop comme son aîné ? L'un des reproches souvent souligné à ce dernier était la linéarité de sa construction. Zagreus, pour échapper à son père, empruntait le même chemin. À force de tentatives de fugues, on apprend même les endroits recensant les mêmes bénédictions. Si Hades 2 reprend cette même construction identitques des biomes (du moins pendant les 25 premières heures), il est plus difficile de prévoir en amont quels bonus joncheront le périple.

En essayant de ne pas spoiler, une nouveauté majeure (probablement celle qui fera le plus parler d'elle) arrive à casser cette répétitivité. Celle-ci se positionne littéralement comme une vraie bouffée d'air frais tant dans la construction que les nouveautés qu'elle apporte (personnages, dialogues, combats...). J'en parle plus en détail dans le FAST, disponible ci-dessus, pour ceux qui n'arrivent pas à réprimer leur appétit.

Faire du neuf avec du vieux : aucune autre expression n'est possible pour désigner ce que parvient à faire Supergiant Games avec Hades 2. Il conserve son système de combat proche des jeux de rôle action (j'ai vraiment parfois eu le sentiment de jouer à Diablo plus qu'à Dead Cells par exemple). Jouer à Hades 2, même après des dizaines d'heures sur le premier, c'est devoir tout réapprendre : ennemis, armes, bienfaits... Un apprentissage qui donne naissance à des séquences de jeu jouissives ponctuant à de multiples reprises l'aventure. Un exploit d'autant que le jeu arrive à rendre exquise CHAQUE (insister sur le chaque est important ici) combinaison possible.

Toutefois, j'émet à titre personnel encore quelques réserves. Si je n'ai aucun problème à affirmer que Hades est un excellent de jeu, il pèche dans ses mécaniques de roguelite et dans le déclenchement de son histoire. Des reproches que j'ai pu lui faire dans un papier dédié. Dès lors, j'espère un poil de contenus supplémentaires (plus de bienfaits par Dieu, et le retour des Légendaires) avec des scripts mieux intégrés en fin de partie.

Très rapidement, il convient d'aborder la direction artistique. Déjà saluée dans l'épisode précédent, elle est sublimée dans cette suite. Elle fait plus soignée, plus immersive tout en proposant des animations plus détaillée. C'est la bande-originale, entre morceaux réarrangés et pistes inédites, qui est un régal pour les oreilles même après 20 heures de jeu.

Une bouffée d'air frais, littéralement.