Nous l’évoquions dans notre aperçu sorti récemment, Football Manager 2019 se distingue particulièrement par son interface repensée, signe d’une volonté d’offrir un cadre visuellement moins austère. Ce choix ne s’est toutefois pas opéré au détriment de la prise en main, autre chantier essentiel du développement de cette nouvelle mouture d’après Miles Jacobson :

Nous avons certes changé l’apparence du jeu, mais les sensations restent les mêmes. Donc quand nous avons travaillé sur le jeu cette année, dans tout ce que nous avons ajouté de nouveau, nous avons dû nous assurer que l’environnement reste familier pour que les personnes ne soient pas perdues quand elles se lancent pour la première fois.

Il évoque également le caractère plus malléable de l’interface, qu’il est possible d’aménager à sa guise, l’envie de proposer un expérience plus accessible sans lui faire perdre sa profondeur, ainsi que la volonté plus simple de profiter des nombreux changements autour du studio pour faire également peau neuve. Le changement d’interface et de charte graphique fait en fait office de “cerise sur le gâteau” au coeur d’une période riche en changements pour le studio britannique :

Je pense que c’est l’année parfaite pour faire ça car nous avons repensé la marque, le studio a déménagé, nous y avons changé beaucoup de choses, il y a de grosses nouvelles fonctionnalités cette année… Pourquoi ne pas opter pour une nouvelle apparence ?

Immersion et intuitivité au coeur de l’expérience

Football Manager s’offre aussi cette année quelques nouveautés sur ses écrans de tactique et d’entraînement, toujours dans l’optique de proposer une expérience plus immersive, sans oublier de rendre l’ensemble plus intuitif, plus crédible. L’arrivée de consignes spécifiques selon les phases de jeu va dans ce sens, s’avérant inspirée de la réalité comme bon nombre d’idées initiées par les équipes ces dernières années :

Quand nous avons travaillé le module tactique - ainsi que celui de l’entraînement - nous avons travaillé avec des personnes du monde du football, car nous avons la chance d’avoir un accès à ces derniers. Et quand vous regardez ce que font les managers avec leurs briefings tactiques, ils parlent de trois phases de jeu. Les phases de possession, les phases défensives et les phases de transition. (...) Tout cela signifie que selon la vision que vous aviez en tête de la façon dont vous voulez voir votre équipe jouer, il est désormais plus facile de donner des instructions que les joueurs vont rapidement comprendre. Car dans la vie réelle, avec n’importe quel humain, si vous leur donnez 30 consignes, ils ne se souviendront pas de toutes, mais s’en rappelleront une dizaine, ou peut-être 6 d’entre elles.

Une logique qui pousse d’ailleurs Miles Jacobson à avouer - avec une franchise rare dans le milieu - la difficulté de réaliser à l’avenir de nouveaux changements sur ce point précis, puisqu’il est rare de voir plus d’un système ou concept tactique réellement innovant émerger tous les 10 ans. Une franchise que l’homme applique également à l’heure d’évoquer d’autres possibles nouveautés innovantes, remerciant d’une part la communauté toujours aussi active et inspirée ainsi que ses équipes, toujours en pleine réflexion sur les améliorations à apporter à sa licence :

Nous avons une base de données d’idées, de centaines de propositions qui pourraient déjà avoir été implantées dans le jeu. Cette année, nous avons rapidement acté les axes de développement sur lesquels nous voulions nous concentrer, j’ai aussi pris quelques décisions sur Football Manager 2020 concernant les prochaines avancées, mais je ne vais pas en parler maintenant. Mais nous savons déjà sur quoi nous allons travailler. Il y a une chose en particulier sur laquelle nous travaillons depuis deux ans.

Sans être plus loquace sur un sujet que l’on imagine ne pas être remis sur le tapis avant l’année prochaine, Miles Jacobson confesse dans la foulée que Football Manager reste une expérience qui se peaufine par petites touches, admettant même que celle-ci reste forcément dépendante des nouveautés du sport qu’elle dépeint :

Aussi longtemps que le football continue d’évoluer, il y a des éléments que nous ajouterons dans le jeu ainsi que ces points particuliers que nous voulons refaire sur le long terme, mais ce que nous ne ferons probablement pas prochainement, c’est de dire “Hey, nous avons cette toute nouvelle idée à laquelle personne n’a jamais pensé avant”. Ca reste possible, ça peut se produire, mais je pense que nous couvrons déjà plus ou moins tout ce qui se passe déjà dans le football.

Le football, rien que le football

L’une des principales raisons pour lesquelles Football Manager est tant apprécié, c’est sa capacité à mettre le joueur dans la peau d’un véritable entraîneur en lui proposant une foule de mécaniques de jeux à la profondeur impressionnante. Mais dans cette course au réalisme, est-ce que Sports Interactive s’est fixé des limites aux potentielles nouveautés à implanter dans le jeu ?

Nous ne voyons jamais à très long terme, il y a donc très peu de points sur lesquels je peux affirmer que non, nous le ferons jamais. Mais j’ai du mal à m’imaginer qu’à un moment donné, nous ajouterons la vie personnelle du manager dans le jeu. (...) Tous les éléments de corruption, les aspects vraiment négatifs du football, ce n’est pas quelque chose que nous aimerions ajouter car cela nous éloignerait du sujet de base de notre jeu, qui reste le football lui-même.

Le football au coeur de l’expérience, la maxime semble logique quand on dirige le studio derrière Football Manager, mais elle permet de mieux cerner le choix de ne pas se disperser dans la recherche de nouvelles fonctionnalités. Miles Jacobson précise d’ailleurs concernant la vie personnelle du manager qu’avec les progrès d’intelligence artificielle et suffisamment d’idées pour rendre l’ensemble véritablement amusant (et sans tomber dans le hors-sujet), l’idée ne serait pas ridicule. Mais elle n’est clairement pas à l’ordre du jour. Il en est de même pour les sujets négatifs gravitant autour du monde du football. Les récents déboires de Cristiano Ronaldo (accusé de viol), par exemple, ne figurent pas parmi les potentielles pistes de réflexion des équipes de développement, ce que justifie logiquement leur directeur :

Il y a des choses qui peuvent arriver aux joueurs créés par le jeu (regen) et pas aux autres. Un regen peut aller en boîte et ne pas se présenter à l’entraînement le matin suivant. Mais effectivement, nous n’ajouterons pas les agressions sexuelles au jeu, car ça ne devrait pas faire partie de la société, ni du football. Je préfère militer pour l’éducation, empêcher ces évènements de se produire pour une femme ou un homme plutôt que de l’intégrer dans le jeu.

Un point qui n’empêche pas le jeu d’intégrer des éléments plus controversés, mais qui sont ici systématiquement inclus à l’issue d’une réflexion préliminaire :

Il y a certains éléments controversés que nous avons dans le jeu : les joueurs qui font leur coming-out, le brexit, le soutien aux communautés LGBT dans les stades du jeu… Mais nous devons être très prudents quand nous ajoutons ces éléments car ils débouchent généralement sur des menaces de mort, et je pense en avoir reçu suffisamment pour le moment. Nous devons être prudents, faire preuve de sensibilité et je ne pense pas qu’il y ai une manière “sensible” d’ajouter certaines choses dans le jeu.

Un futur dépendant de la technologie

L’avenir de FM, malgré la difficulté de bouleverser un titre couvrant déjà un champ d’action très large, passe par l’innovation et la technologie. Parmi les pistes évoquées, les progrès enregistrés sur les processeurs pourraient ainsi avoir une influence non négligeable sur la rapidité d’un jeu riche en simulation d’intelligences artificielles. Mais Miles Jacobson évoque plutôt une logique de développement sur le court terme, avec un cycle de réflexion n’allant pas au delà de 3 ans du fait de l’évolution rapide de la technologie. L’imprévisibilité de celle-ci rend en effet les prévisions plus difficiles sur le long terme, ce que souligne le directeur du studio avec un exemple des plus parlants :

Si vous nous aviez demandé il y a 10 ans si nous pourrions faire tourner Football Manager sur une console, qu’elle soit portable ou branchée à une télévision, j’aurais rigolé… Et nous sommes aujourd’hui sur Switch. Je laisse donc les personnes en charge du hardware déterminer ce que sera le futur, car si notre imagination est sans fin sur ce que nous voulons faire, nous sommes avant tout des concepteurs de jeux vidéo et restons dépendants des avancées de la technologie.

Une vision pragmatique qui n’empêche pas notre homme de rêver, celui-ci évoquant d’ailleurs la technologie qu’il espère avoir l’occasion d’essayer et d’appliquer à son bébé, sans pour autant se bercer d’illusions sur son application à moyen terme.

J’aimerais que la technologie holographique soit déjà accessible, afin de vous permettre de regarder un match en 3D sur votre table, mais… Je pense que ça arrivera dans bien plus longtemps que simplement 10 à 15 ans. Ce ne sera probablement disponible qu’après ma mort, donc je n’aurai pas l’occasion de voir ça en action.

Puisque le sujet était évoqué plus haut via l’arrivée de la série sur Switch, l’occasion était trop belle de lui demander si un potentiel portage de FM sur PS4 ou Xbox One était une chimère ou une vraie possibilité. Mais là encore, Miles Jacobson botte en touche, justifiant le choix de ne pas porter la série sur ces supports par la volonté de rendre l’ensemble parfaitement jouable et adapté aux supports concernés. Une donnée qui prend en compte la maniabilité, mais aussi le caractère familial des consoles de salon qui les rendent plus difficilement compatibles avec une expérience aussi chronophage que Football Manager. Mais soucieux de ne pas fermer la porte et surtout prudent quand il est question d’avenir, Miles Jacobson n’écarte pas totalement l’idée :

Je doute que nous sortirons un jour sur PS4 et Xbox One. Je ne peux pas affirmer que ça ne se fera jamais, mais je doute que ce soit un jour le cas. Nous adorerions rendre le jeu disponible à autant de personnes que possible. Si dans 10 ans, nous sommes dans une situation ou les grille-pains peuvent faire tourner le jeu, alors nous les sortirons sur ces satanés grille-pains !

Vous l’aurez lu ici en premier : à défaut de PC, faites au moins en sorte d’avoir toujours un grille-pain sous la main si vous comptez jouer à Football Manager 2029. De son côté, Football Manager 2019 est attendu pour le 2 novembre prochain et est d’ores et déjà disponible en bêta sur PC pour les joueurs ayant précommandé le titre.