Parmi ces histoires de guerre, une a particulièrement attiré notre attention durant cette session, la mission The Last Tiger qui met en scène l'équipage d'un tank allemand durant la Seconde Guerre Mondiale. Entre innovation et authenticité historique, nous avons cherché à comprendre quel était le processus créatif et les choix qui ont découlé sur cette sélection de missions, à commencer par la sélection des quatre épopées accompagnées d'un prologue :

Nous voulions avoir une sélection d'histoires intéressantes qui, dans une histoire linéaire, n'auraient pas eu de sens au sein d'une campagne. Ici, vous pouvez passer de 1940 à 1944 tandis que dans une histoire linéaire, ce serait difficile. Certaines choses nous sont apparues très clairement dès le début du travail sur les War Stories : nous voulions notamment faire une histoire dans la continuité de Through Mud and Blood, la mission du tank de BF1. Ca a donné la mission The Last Tiger. On voulait faire quelque chose avec des features améliorées pour le char, et on souhaitait en même temps avoir l'engin de guerre le plus emblématique du conflit : le Tiger 1. D'ailleurs, c'est presque un personnage à lui tout seul.

On a donc creusé l'histoire du Tiger, et c'est très intéressant car ils étaient surpuissants, mais aussi très peu nombreux. Il y en avait à peine plus d'un millier sur le terrain. Durant le conflit, ils ont été distribués sur tous les fronts, en tant que super-arme. Ils étaient en Afrique, en France, en Russie, partout où les allemands se sont battus. L'équipage de ces Tigers, du fait de la puissance de l'engin, survivait beaucoup plus longtemps que le reste des troupes. C'était l'occasion pour nous d'introduire des personnages, à l'image du commandant du véhicule, qui ont vu quasiment toutes les batailles de ses yeux depuis le début de la guerre. En matière de création, c'était très intéressant de se demander ce qu'une personne ayant vu autant de batailles pense et comment elle agit. Cette histoire est partie du fait qu'on voulait un Tiger, pas en tant que machine de guerre, mais en tant que véhicule transportant un équipage vivant, qui réfléchit et s'exprime.

Et comme incarner un nazi dans un jeu vidéo est toujours affaire délicate au sein d'un studio, nous avons souhaité savoir comment était venue l'idée et si la démarche avait posé problème au sein de l'équipe.

Le principal défi d'une mission de ce type est de bien faire et de travailler dans le respect. On ne glorifie rien, on ne condamne rien. On se concentre sur l'aspect humain. Notre focus, c'est l'être humain qui fait certaines actions et doit faire face aux conséquences. Travailler dans cet état d'esprit permet de mener à bien ce genre de développement. On ne tente pas de montrer qui avait tort. On voulait vraiment avoir un Tiger, on voulait pouvoir le jouer. On s'est ensuite demandé "oui mais qui va le piloter ?". Mais vous savez, le fait d'avoir plusieurs personnes dans l'équipage, permet de montrer plusieurs points de vue, ce n'est pas qu'une seule personne qui donne les ordres.

Le commandant que l'on voit dans le trailer, est un peu vieux, il est là depuis "le début" et voit désormais les conséquences. Il a désormais à sa charge un soldat très jeune au sein de l'équipage, et ça permet de confronter deux visions très différentes de la situation, de la guerre, de la manière de traiter l'ennemi. C'est grâce à ça qu'on va plus loin que le simple fait d'avoir un Tiger et de détruire des choses. C'est plus une dynamique émotionnelle et un voyage que l'équipage va vivre dans ce tank. Je pense que le plus gros défi, encore une fois, était de le faire de la bonne manière, avec respect. Ca se ressent également sur Tirailleurs, qui devait être fait en total respect avec les faits, avec l'Histoire.

Bernd Diemer se penche par la suite sur le processus créatif, abordant la mission Under No Flag, qui, tout comme The Last Tiger, part d'une volonté d'inclure un thème précis faisant surgir une gamme de sentiments qui donnent suite à une sélection de missions et à un choix définitif et acté :

Nos War Stories démarrent toutes avec une question humaine. Under No Flag, par exemple, a un ton plus léger. On dirait un peu un mélange entre Snatch et Furry Road. On voulait avoir ce personnage, très british, qui se relève toujours, n'accepte pas l'échec. Un héros au passé trouble qu'on inviterait pas à dîner mais qui est très bon dans ce qu'il fait. Quand on a fait des recherches, on s'est rendu compte que ce type de personnage était recruté très tôt dans la guerre par les anglais afin de former les premières Forces Speciales.

A l'époque, il n'y avait pas de programmes spéciaux avec ces entraînements, on cherchait des gens qui avaient déjà ces compétences, qui savaient utiliser du ruban adhésif et des explosifs : des criminels en somme, ou des personnes avec un passé trouble, comme Billy, celui que vous jouez. Il nous fallait un autre personnage, aux antipodes, pour le contrebalancer. On s'est ensuite demandé où ce duo serait idéal et on s'est dit : début de la guerre, Afrique du nord.

Nous avons par la suite demandé quelle était la War Story favorite du Creative Director, parmi Nordlys et son épopée norvégienne, Tirailleurs, Under No Flag ou encore The Last Tiger :

Ca change tout le temps, mais là, maintenant, je pense que ma préférée est Tirailleurs. On a travaillé très dur sur toutes ces Histoires, mais avec celle-ci, on est arrivé à un point ou tout s'imbrique parfaitement. Il y a peu de temps, la mission telle qu'on l'avait conçue à quelque peu changé. Je ne vais pas vous spoiler, mais il y a notamment un passage que j'ai dû jouer des dizaines de fois et qui m'a donné des frissons dernièrement sur les versions à jour de Tirailleur. Je me suis dit "OK, ça, c'est vraiment quelque chose". De plus, c'était l'une des missions qui se déroule sur un territoire et dans un cadre que je ne connaissais pas, personnellement.

Ca se déroule en même temps que les débarquement les plus connus, avec presque autant d'hommes, mais ils étaient ici tous mal équipés, mal assistés et peu préparés. Ils ont utilisé des techniques d'attaque datant de la première guerre, contre un ennemi entraîné pour la Seconde Guerre Mondiale. Les allemands avaient toute sorte d'outils, tanks, avions, mitrailleuses lourdes : l'arsenal le plus développé à cette époque. De l'autre côté c'était "Tu vas charger cet avant-poste avec ce fusil". Durant les recherches, on a regardé beaucoup de films et, sur cette histoire, il y en a finalement assez peu mis à part Indigènes ou encore Nos Patriotes. On s'est dit en les regardant que c'était très intéressant et qu'on pouvait creuser cette partie du conflit.

Enfin, nous avons tenté de savoir si du contenu pour les War Stories allaient arriver après le lancement, puisque Battlefield V adopte un modèle Game as a Service. Il déclare alors avec politesse que le studio ne s'était pas engagé là dessus pour le moment. Par ailleurs, sachez que, pour le moment, nous n'avons pas eu d'information concernant le mode Battle Royale et son éventuelle implémentation au sein du contenu disponible le 20 novembre 2018, lorsque Battlefield V sortira sur PC, PS4 et Xbox One.