Les plus expérimentés d’entre vous se souviennent d’un temps où, avant les sauvegardes, il était nécessaire soit de boucler ses jeux d’une traite en priant pour éviter la panne de courant, soit de se munir d’un stylo et d’un crayon pour conserver précieusement une trace des mots de passe associés à chaque niveau traversé. Fort heureusement, notre média a su profiter des changements de format pour proposer de nouveaux supports capables de supporter une sauvegarde directe de votre avancée, plus adaptée à des titres à la durée de vie élargie. Mais c’est aujourd’hui la sauvegarde automatique qui a pris le pouvoir, ce qui réjouit particulièrement l’auteur de ces lignes.
Tout commence par un souvenir, celui d’un jeune homme passant justement d’une Game Gear encore sujette au système de mot de passe à la première PlayStation, proposant un système de carte mémoire des plus utiles. Malgré la possibilité nouvelle d’enfin conserver sa progression plus facilement, je m’étonnais déjà des étonnantes contraintes que se fixaient plusieurs développeurs en ne proposant de sauvegarder qu’à certains points précis de l’aventure. Ils disposaient alors enfin d’un système permettant à tout un chacun de s’offrir une pause bienvenue quand les joies de la réalité les rattrapent, mais ont préféré continuer à limiter l’usage de la pratique, comme si pouvoir sauvegarder à tout moment était mal vu, voire perçu comme une sort de cheat code cassant l’intérêt du jeu.
Il est vrai que limiter la sauvegarde peut sembler tentante pour offrir un réalisme accru. Certains titres proposent ainsi des modes de difficulté dans lesquels toute mort aboutit à l’effacement de votre sauvegarde, tandis que pour certaines autre productions, la sauvegarde et le chargement peuvent être vus comme des outils bien trop puissants pour être utilisés de manière noble. Les joueurs de Football Manager ont sans doute déjà été soumis à la tentation de reprendre leur sauvegarde précédente après une finale de ligue des champions perdue, alors que le genre entier de l’infiltration a su élever la sauvegarde et la recharge rapide au rang d’art. Dans ces conditions, limiter la sauvegarde se justifie… mais les arguments en faveur de sauvegardes automatiques restent nombreux.
Qui n'a jamais relancé une sauvegarde après avoir perdu un match sur FM ?
Ils sont tout d’abord un atout pratique non négligeable. La panne de courant ou la console portable qui tombent à court de batterie restent des incidents isolés, mais perdre parfois une à deux heures de jeux simplement parce que le titre n’a pas pris la peine de faire quelques enregistrements automatiques de votre progression reste prodigieusement agaçant. D’autant plus pour les joueurs distraits ou simplement trop pris par leur session de gameplay pour avoir systématiquement la présence d’esprit de faire une sauvegarde.
La sauvegarde automatique n’est pas seulement faite pour les esprits dissipés, puisqu’elle apporte aussi un atout absolument essentiel dans des productions cherchant à proposer une immersion importante. Celui de ne pas quitter sa session de jeu, de ne pas lâcher du regard un panorama ou un adversaire le temps de quelques secondes pour aller sauvegarder sa partie dans un sous-menu. L’argument peut sembler futile, mais il est des plus importants dans un contexte actuel où les titres narratifs se multiplient. Tout comme le plan-séquence intégral de God of War permet de gommer les chargements intempestifs entre deux cutscenes, la sauvegarde automatique est donc un autre moyen de proposer une mise en scène sans temps mort.
Il ne faut pas pour autant mettre à mort la sauvegarde manuelle, celle-ci restant un moyen idéal de relancer des parties moins avancées pour découvrir l’autre conséquence d’un choix majeur ou plus simplement permettre à deux joueurs de faire cohabiter leurs parties sans heurts sur un même profil. Mais se passer d’un outil de sauvegarde automatique en 2018 a tout de l’anachronisme non justifié, d’autant plus qu’il peut tout à fait coexister avec son pendant manuel ou être réalisé sur plusieurs slots différents, et que pour bon nombre de productions, rien n’empêche d’offrir une option pour déterminer la fréquence de ces sauvegardes.