Les adaptations de jeux vidéo en mangas ou comics ne cessent de se succéder et de plus en plus nous arrivent en France, notamment grâce à Mana Books ou ici Omaké Books. Si celle de Little Nightmares nous avait quelque peu refroidis ainsi que, dans une moindre mesure, Silent Hill, qu'en est-il de The Evil Within adaptant la saga de Shinji Mikami ?
Se situant avant les événements relatés dans les deux épisodes vidéoludiques, ceux du comics font intervenir de nouveaux personnages dont Dana Robinson qui va devoir affronter ses pires cauchemars aux côtés de divers compagnons d'infortune. On retrouve ici la formule qui fonctionnait plutôt bien dans les jeux à ceci près que le tout ne dure ici qu'une centaine de pages. Premier problème car tout comme dans le Tome 1 de Silent Hill, Redemption, il est difficile de développer une intrigue tout en présentant l'univers dans lequel se déroule l'histoire. Encore plus lorsqu'il s'agit de The Evil Within qui à l'instar de celui de la série de Konami, opte pour un monde névrosé où le cauchemar se mêle à la réalité.
Cours Dana, cours !
Les scénaristes ont ainsi tranché (sans mauvais jeu de mots) en optant pour une fuite en avant entrecoupée de scèneschoc. Bien qu'on retrouve les grandes figures de la série comme Le gardien, Reborn Laura ou Ruvik, on ne nous explique jamais qui sont ces personnages et ce qu'ils font là. Si ce n'est guère préjudiciable pour Le gardien qui n'est finalement que le Nemesis de Sebastian Castellanos dans les jeux de Mikami, ça l'est déjà beaucoup plus pour Laura et Ruben Victoriano.
D'ailleurs, le comics choisit aussi sciemment d'éluder toute explication à propos du STEM pour se consacrer uniquement sur la course-poursuite de Dana qui devra aller au bout de la folie pour tenter de s'en sortir. Ce parti-pris destinant le comics principalement, essentiellement, à celles et ceux qui ont bouclé les deux jeux, a aussi le désavantage de ne rien apporter aux fans si ce n'est, il est vrai, un rythme haletant et quelques bons souvenirs via certaines planches rappelant furieusement leurs équivalents de pixels.
Les morts violentes s’égrènent donc au rythme des pages tandis que la petite troupe se réduira au fur et à mesure des rencontres avec les créatures et ce jusqu'à ce que Dana apprenne la vérité ou du moins une partie de celle-ci. Si les lieux changent (un diner, une école, un métro), tout comme les compagnons de Dana se voulant aussi paumés qu'elle, force est de constater qu'il est également regrettable qu'à l'image des créatures, les membres du groupe ne soient pas non plus développés, ceux-ci devenant rapidement de la simple chair à canon. Pour autant, la lecture de The Evil Within n'est pas désagréable mais l'ensemble manque clairement d'ambition narrative. On en attendait plus de l'auteur Ian Edginton qui a notamment travaillé sur les comics de Wolverine, Judge Dredd, Alien ou bien encore Assassin's Creed.
A l'inverse, le trait d'Alex Sanchez réussit bien à retranscrire l'ambiance horrifique des jeux, autant dans la mise en page que les couleurs utilisées. Malheureusement, comme c'est souvent le cas pour diverses raisons dans de nombreux comics (rappelez-vous The Walking Dead), Sanchez cède sa place à Ed Anderson dans les derniers chapitres, ceci au détriment de la qualité visuelle et de l'homogénéité du comic-book. Dommage car à l'instar de Silent Hill, il y avait sûrement moyen de bien mieux faire avec The Evil Within.