En amont de l’E3 qui se tiendra en Californie à la mi-juin, nous avons eu l’occasion de nous rendre à Londres afin d’essayer les dernières créations en date à destination du PlayStation VR de Sony. Et si d’habitude, ce genre d’événement permet de se projeter avec plaisir dans une année riche en sorties et en nouveautés, force est de constater que malgré la dizaine de titres à l’essai, peu d'entre eux sortaient du lot en matière d’originalité ou de qualité… Seules d'éventuelles grosses annonces à l'E3 permettraient de combler les attentes des amateurs de VR, mais est-ce vraiment étonnant ?
Cet article entrant dans la rubrique "Débat et opinion", il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de Jeuxvideo.com.
L’année des « petits jeux indés » ?
Le premier constat que l’on fait en explorant le line-up prévu jusqu'à présent pour l'année, c’est qu’aucun éditeur externe ou gros studio third-party n’a été convié afin de présenter une nouvelle expérience ou un nouveau titre. Exit les Infinity Ward, les Japan Studio et autres EA ou Square Enix qui ont abreuvé les joueurs PSVR à intervalles réguliers durant les premiers mois de vie du casque. Désormais, et mis à part une poignée d'exceptions, c’est sur les « petits studios » que Sony semble miser pour faire grossir son catalogue d’expériences et de titres. On regrette donc ce sentiment de recul dans les ambitions et le budget, à l’heure où le HTC Vive est le porte-étendard des portages VR de AAA tandis que l'Oculus Rift accueille déjà pas mal de productions premium développées en interne.
4 FPS PSVR à surveiller cette année
Un manque de cohérence de l’offre ?
C’est donc un premier point de rupture avec la stratégie initiale du casque, lequel devait être un hub pour les gros investissements VR des partenaires de Sony. Abordable, garantissant une compatibilité matérielle fiable à 100% et un parc potentiel de plusieurs millions d’unités : le PS VR sonnait comme une opportunité de développement, une porte d’entrée et d’adhésion garantie auprès du grand public, curieux à l’égard de la réalité virtuelle. Le point culminant de cette philosophie fut sans doute l’exclusivité PSVR pour Resident Evil 7, une vraie réussite pour Sony car plus de 13% des 3.27 millions de joueurs enregistrés, toutes plateformes confondues, ont fait le titre en réalité virtuelle sur le casque de Sony. C’est tout simplement énorme et l'on se demande bien pourquoi cette réussite n’a pas fait d’émules chez les gros éditeurs. Attention toutefois, gardons à l'esprit que petit budget ne signifie pas petit succès, et l’excellent Moss nous l’a bien prouvé en début d’année avec ses grandes qualités.
Zoom sur la dizaine de titres présentés lors de l'événement PSVR Spring Showcase
Cette impression de changement de politique est également imputable aux transformations économiques du secteur, freiné dans son élan quelques mois seulement après le lancement des casques. Au fil des mois, les casques PC ont baissé leurs tarifs, devenant même parfois moins chers que le PSVR tout en procurant aux joueurs une qualité d’affichage bien supérieure et un catalogue qui n’a désormais plus à rougir. En réponse, un peu tardive, le PSVR a diminué son tarif de 100€ à la mi-mars 2018, cependant est-ce assez pour retrouver son positionnement d’antan ? De toute évidence, non. Les machines « VR Ready » sont désormais chez la plupart des gamers PC, et le PSVR n’offre pas le catalogue florissant d’exclusivités AAA qu’il pouvait promettre aux joueurs…
Famille et convivialité : la crise identitaire du PSVR ?
Enfin, dernier point qui interpelle quant au positionnement actuel et futur du casque de Sony : la présence de plus en plus importante de party games et d’applications pour la famille dans le catalogue 2018 du casque. Virry Safari VR, Tracklab ou encore Cool Paint, trois applications, représentent un quart du line-up présenté lors de l’événement londonien. Et si Tracklab apparaissait soigné et pertinent, Virry Safari et Cool Paint étaient quant à eux très limités et qualitativement en deça de beaucoup d’applications gratuites sorties il y a plusieurs années sur les autres casques. Même constat lorsqu’on nous proposa d’essayer des jeux « fun à plusieurs » comme Smash Hit Plunder ou encore Animal Force. Deux softs pas tout à fait au point lors de l’évenement et qui incarnent une très timide « relève » du très sympathique et convivial Playroom VR. A trop mettre en avant l’applicatif et les petits titres, Sony nous semble faire un pari risqué. Le géant gonfle certes son volume de titres à sortir, réalise sans aucun doute de grosses économies sur les investissements au cœur des studios, mais dénature quelque peu l’image que les joueurs avaient du casque.
Une concurrence salvatrice ?
Rassurons-nous tout de même, le PSVR n’est qu’au début de sa carrière et affiche des chiffres satisfaisant : 2 millions d’unités vendues, et un catalogue déjà conséquent, même s’il perd un peu le rythme de l’innovation. Ses utilisateurs peuvent déjà passer des centaines d'heures sur des jeux d'envergure, comptant parmi eux quelques exclusivités rejointes en 2018 par les titres essayés au Spring Showcase et par d'éventuelles annonces de l'E3. Toutefois, rappelons que l’an dernier, Microsoft lançait sa gamme de casques VR PC et a toujours laissé entendre que la One X sera, dans un futur proche, compatible avec la réalité virtuelle. Se pourrait-il que Microsoft se lance à fond dans la réalité virtuelle à l'E3 2018 ? C'est très possible et, à vrai dire, cette annonce ferait du bien au marché de la VR sur consoles. Seul hic, dans l'éventualité d'une telle d'annonce, le PSVR serait clairement balayé par les casques de Microsoft, lesquels disposent d'une bien meilleure dalle mais aussi et surtout de manettes 3D équipées de stick, une innovation attractive face aux PS Move, sorties il y a bientôt 8 ans. Le hardware VR de Sony a donc besoin d'un upgrade technologique, tandis que son catalogue software semble sur une pente douce, malgré quelques coups d'éclat passés et sans doute futurs. Reste donc à savoir ce que prépare Sony pour l'E3 2018, un salon qui sera à mon sens décisif pour le PlayStation VR...