La nouvelle a clairement de quoi surprendre, et il n'est pas cavalier d'affirmer que peu nombreux sont celles et ceux qui auraient parié sur cette acquisition. Et pourtant, l'info est tombée ce matin : THQ Nordic a officialisé le rachat de KOCH Media, pour une somme qui paraît presque dérisoire, puisque le montant de la transaction s'élève à 121 millions d'euros.
Auparavant baptisé Nordic Games avant de grignoter le catalogue de licences tombées en désuétude, bon nombre d'entre elles appartenant au défunt THQ, l'entreprise s'est renommée THQ Nordic en 2016 pour des considérations de clarté et de reconnaissance. Koch Media, de son côté, est un distributeur de produits média en général et de jeux vidéo en particulier, bénéficiant d'un réseau particulièrement étendu en Europe et en Amérique du Nord. Si toutefois ce nom ne vous disait rien, sachez que Deep Silver appartient à Koch Media et que c'est sous ce label que des licences de poids telles que Saints Row, Dead Island ou encore Metro ont vu le jour.
Ironie du sort, lors de la faillite de THQ en 2003, Koch Media avait fait l'acquisition d'un studio de la société, Volition (Red Faction, Saints Row), pour un peu plus de 22 millions de dollars. Le rapprochement des deux entités, s'il est surprenant, apparaît toutefois assez logique en ce que la philosophie et les acquisitions des entreprises présentent quelques similarités.
Vers une nouvelle dynamique ?
Si THQ Nordic était jusqu'à présent assez discret sur le devant de la scène, et qu'à l'exception de la possession de la licence Darksiders, dont on attend toujours le troisième épisode, la production de ELEX et de l'attendu Biomutant, la plupart des produits distribués par l'entreprise étaient assez confidentiels. Les choses semblent sur le point de changer, puisque, comme détaillé ici-même, la société basée à Vienne s'est offert Koch Media pour la somme de 121 millions d'euros. Un montant plus que raisonnable pour une entreprise largement réputée pour l'étendue de son réseau de distribution et les licences fortes qu'elle possède. Le CEO de Koch Media s'est exprimé au sujet de la transaction.
Je crois fermement que THQ Nordic est un partenaire stratégique de Koch Media. En plus d'avoir une longue expérience dans le développement et la publication de jeux, THQ Nordic a les compétences, la volonté et le capital pour générer de la croissance dans le futur.
De son côté, Lars Wingefors, à la tête de THQ Nordic, s'est félicité de cette opération et a fait aussi savoir que les choses étaient déjà en mouvement, puisqu'en plus de Metro Exodus, toujours attendu pour cette année, au moins 3 autres AAA sont en cours de développement.
Koch Media a une longue histoire de profitabilité malgré des pertes induites par quelques sorties de jeux moins fructueuses. THQ Nordic est convaincu que les studios de développement de Deep Silver, en intégrant THQ Nordic, vont pouvoir délivrer avec succès au moins quatre projets de jeux AAA en cours, comme Metro Exodus, mais également le prochain AAA de Volition Studio et celui de Dambuster Studio, couplés à d'autres jeux et projets en développement.
L'allusion à la réception plus que mitigée de Homefront Revolution et Agents of Mayhem est à peine voilée, les deux titres ayant certainement fragilisé la trésorerie de Koch Media dont le principal projet à fort potentiel de rentabilité est à l'heure actuelle Metro Exodus. THQ Nordic a à ce titre affirmé qu'il contrôlera attentivement le développement des jeux de Koch Media en y injectant des ressources pour "assurer la qualité et un retour sur investissement sain sur ses grands projets de développement internes." Espérons alors qu'un Dead Island 2, toujours dans les cartons, puisse profiter de ces ressources supplémentaires.
La transaction s'inscrit donc plutôt logiquement dans la philosophie de base de THQ Nordic, à savoir de se constituer un catalogue de licences qui pourraient, ou non, s'offrir une nouvelle jeunesse sur le marché. Dans le cadre de cette politique d'acquisition, THQ Nordic avait, courant septembre 2017, levé 60 millions d'euros pour « financer l'acquisition potentielle de franchises, de studios de développement et d'éditeurs ».
Une structure qui pour l'heure restera en place
Ce rachat, s'il est surprenant, ne devrait en revanche pas avoir d'impact immédiat sur les productions en cours, puisqu'il est affirmé que Koch Media continuera à opérer en tant qu'entité séparée de THQ Nordic et « aucune mesure de restructuration ou d'économie de coûts » n'est pour l'heure prévue. En outre, si un changement de nom, destiné à refléter cette nouvelle acquisition, sera soumis dans le courant du mois de mai prochain, il est établi que les libellés Koch Media et THQ Nordic resteront inchangés. Les prochains jeux de l'entreprise ne seront donc pas estampillés THQ Nordic, mais en comporteront la mention.
Du côté français, Koch Media nous a affirmé avoir accueilli l'annonce avec une certaine surprise, mais également avec bienveillance, avançant que l'échange des savoir-faire des deux entités ne pourra qu'être bénéfique pour les deux parties. Pour autant, il faut admettre que le déséquilibre entre les effectifs de Koch Media (766 employés en interne) et de THQ Nordic (233 employés) laisse penser que les rôles sont inversés et que THQ Nordic s'est attaqué à plus gros que lui. L'opération, qui s'est avérée payante, ne pourra donc qu'être profitable pour un THQ qui s'émancipe davatange encore et accueille des licences de poids dans son catalogue. De son côté, Koch Media devrait conserver son activité de distributeur de bon nombre d'éditeurs, notamment Sega ou Atlus.
Reste à constater, ou non, sur le long terme, les ajustements impliqués par ce rachat.