C’est par l’intermédiaire d’une vidéo diffusée cette nuit durant la cérémonie des Game Awards que Bethesda a souhaité revenir sur sa stratégie d'éditeur dans une vidéo intitulée #SavePlayer1. Incarné par l’actrice Lynda Carter (qui a joué le personnage de Wonder Woman dans les années 70 à la télévision), le discours de la compagnie, sous une forme parodique, revient sur la nécessité de continuer à proposer des expériences solo à l'heure où l'industrie semble se diriger vers le tout multi. Les multiples sorties de 2017 au catalogue Bethesda sont en effet des titres en écrasante majorité solo : Prey, Dishonored : La Mort de l'Outsider, The Evil Within 2 ou encore le dernier Wolfenstein II : The New Colossus.

Cette vision du secteur s’oppose aujourd'hui à celle de plusieurs géants de l'industrie comme EA qui envoyait il y quelques semaines un message très clair à l'industrie et aux joueurs en fermant les portes du studio Visceral Games, lui qui se concentrait sur la création d’expériences orientée vers le solo, sans micro-transactions et autres services payants sur la durée. Cette triste nouvelle s'accompagnait aussi de l'annonce d'un changement de direction pour leur prochain jeu estampillé Star Wars, ce dernier passant d’une expérience solo à un modèle doté de fonctionnalités capables de retenir les joueurs sur la durée.

Si les regards sont aujourd'hui tournés vers les succès de Destiny 2, Overwatch, PLAYERUNKNOWN'S BATTLEGROUNDS ou encore le mode multi de Grand Theft Auto V, Bethesda confirme ne pas vouloir modifier ses plans pour l'avenir et maintenir le cap vers des productions solo. En tant que compagnie privée, Bethesda n’a pas de compte à rendre à ses actionnaires, elle est donc libre de suivre son propre modèle :

Tandis que Bethesda et sa famille de studios produisent et publient une large variété de jeux (incluant certains des pionniers dans les jeux multijoueur et esport), les jeux solos sont une grosse partie de l’ADN de la compagnie qui continuera à développer et publier des expériences narratives solo dans le futur.

Louable, l'initiative est-elle vraiment profitable pour l'éditeur américain ? Les rapports de vente de certaines productions 2017 de la firme pointent pourtant du doigt des performances de lancement en demi-teinte par rapport au reste du marché. On pense ici aux récents Wolfenstein II : The New Colossus ou The Evil Within 2 dont aucun n’a réussi à se hisser dans le top 10 des titres les plus vendus aux États-Unis pour le mois d’octobre. Idem pour un titre comme Prey s’est par exemple vendu 60 % moins bien que Dishonored 2 lors de sa semaine de sortie alors que ce cette suite avait déjà connue une chute de ses ventes de 38 % par rapport au premier volet de la série. La sortie en confrontation directe avec Assassin's Creed Origins ou un certain Super Mario Odyssey pour Wolfenstein II : The New Colossus ou The Evil Within 2 serait-elle capable d'expliquer à elle seule ce démarage mitigé ? Ou faut-il plutôt y voir le reflet de l'évolution des habitudes et des envies des joueurs ?

On notera tout de même la difficulté à se procurer aujourd'hui des chiffres de ventes fiables dans une industrie où la plupart des rapports de ventes n’incluent pas la distribution digitale, un canal d'achat qui occupe dorénavant une place très importante sur le marché. On imagine aussi que les importantes promos apparues seulement quelques semaines après la sortie de ces titres ou encore celles survenues durant le Black Friday ont du contribuer à accroître significativement les ventes des productions 2017 Bethesda.

Quoi qu’il en soit, l'éditeur ne semble pas se décourager et estime que le jeu purement solo a encore un bel avenir devant lui. Il profite d'ailleurs de sa prise de position pour lancer une nouvelle vague de promos sur les jeux de son catalogue solo comme Doom, Fallout 4 ou encore Prey. La compagnie indique aussi son intention de faire une donation de 100.000 $ à l’ESA, une association d’aide à la scolarisation des prochaines générations d’innovateurs dans l’industrie du jeu vidéo.