Call of Duty et Dota 2 seront-ils bientôt des disciplines olympiques ? La question pourrait en faire sourire plus d'un, mais la question a été abordée par Tony Estanguet. L'ancien champion olympique, aujourd'hui coprésident du comité Paris 2024, a abordé le sujet dans une interview publiée par l'agence Associated Press, et semble plutôt ouvert à cette idée.
Très sincérement, on doute que cela arrive mais le fait que le sujet soit abordé n'est pas anodin. Tony Estanguet connait bien les Jeux Olympiques et la façon dont fonctionne son Comité : médaille d'or en 2000, en 2004 et en 2012, Estanguet a dominé le canoé olympique pendant pès d'une décennie. En juillet 2013, il entre au Comité International Olympique, où il siège depuis, et ce pour encore quatre ans. Aujourd'hui, l'homme est très occupé puisque depuis 2015, il est également coprésident du Comité Paris 2024, qui gère la candidature de la capitale française pour les Jeux de 2024.
Alors forcément, quand une telle personnalité parle des Jeux et d'e-sport dans la même phrase, on l'écoute. La popularité grandissante de l'e-sport fait manifestement réfléchir beaucoup de monde, et Estanguet en fait partie. De là à penser aux Jeux Olympiques ? Une obligation, de l'avis même du champion.
On est obligé d'y réfléchir, parce qu'on ne peut pas dire « Ça n'est pas nous, ça ne concerne pas les Jeux Olympiques ». Les jeunes s'intéressent à l'e-sport et toutes ces choses. Alors, réfléchissons-y. Allons à leur rencontre. Regardons si l'on peut créer des liens. Je ne peux pas dire « non » dès le début. Je pense qu'il est intéressant d'interagir avec le CIO, avec la famille de l'e-sport, afin de mieux comprendre le processus et pourquoi l'e-sport est si populaire.
L'e-sport attire toujours plus de monde, c'est certain. Les plus grosse compétitions sont capables de remplir des salles de concert, voire carrément des stades de football. Les revenus potentiels sont astronomiques. Forcément, le comité de Paris 2024 y pense puisque organiser des Jeux, cela coûte très cher, et plus il y a de spectacteurs, plus les retours sur investissements sont intéressants.
Un processus long et compliqué
Néanmoins, on le sait, le processus pour inscrire de nouvelles disciplines au programme des Jeux Olympiques est long et fastidieux. Si le golf est sport olympique depuis 2016 seulement, le surf attendra 2020 ; mais le Comité est parfois capable de sortir des sentiers battus. Les Jeux de 2020, à Tokyo, accueilleront par exemple le basketball à trois contre trois, une discipline pourtant assez peu connue.
Pour autant, la situation de l'e-sport en lui-même n'est pas claire. Les audiences grimpent par endroit, se tassent ailleurs et certains craignent qu'il ne s'agisse que d'une bulle. Une bulle qui pourrait bien finir par éclater. D'autres pointent du doigt les transformations qu'a connu le milieu, notamment parce que les enjeux financiers sont toujours plus importants. On peut légitimement se demander à quoi ressemblera l'e-sport en 2024. D'autant que même si le CIO donnait son feu vert, quels jeux deviendraient des disciplines olympiques ? L'e-sport n'est pas un tout homogène, il est fait de nombreuses scènes, de compétitions diverses et variées. Les fans de League of Legends ne s'intéressent pas forcément à la scène Street Fighter V, et inversement.
L'e-sport, une discipline toujours critiquée
Et même au-delà de ces interrogations, demeure toujours le problème de l'image de l'e-sport et des jeux vidéo. Si dans certains pays, comme la Corée du Sud, l'e-sport a réussi à se faire sa place de la société, ce n'est clairement pas le cas partout dans le monde, et notamment en Europe. Les commentaires de cet article devraient le démontrer : beaucoup de joueurs considèrent que le fait de jouer à Call of Duty ou Overwatch, même au meilleur niveau, ne relève pas du sport. Si des amateurs de jeux vidéo réagissent de la sorte, on imagine qu'au plus haut niveau du CIO, les discussions ne devraient pas traîner. Mais pour combien de temps encore ?
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