On s’en doutait, ils l’ont fait : Le Nintendo Spotlight de l’E3 ne parlait que de la Nintendo Switch. Une bonne nouvelle pour ceux qui attendaient des infos sur le futur de la console, partie sur les chapeaux de roues depuis sa sortie le 3 mars dernier. Une « conférence » E3 exclusivement portée sur les jeux, avec une poignée d’annonces à la clé.

Les licences Nintendo, au firmament

Après une Wii U moribonde qui avait du mal à gonfler sa ludothèque, il ne fait aucun doute que la grosse machine Nintendo est repartie de plus belle. Les développements internes sont nombreux, à tel point qu’on voit mal les fans tourner le dos à la Nintendo Switch. En tête, on retrouve bien évidemment Super Mario Odyssey, le mastodonte de cette fin d’année qui a su charmer de nombreux journalistes pendant cette E3 via sa première démonstration jouable. Avec un gameplay plus complet que jamais autour de l’utilisation de la casquette Cappy, mais aussi grâce à un level design beaucoup plus ouvert qui pousse le joueur à observer son environnement plus qu’à suivre une route, le soft semble bien parti pour faire un carnage lors de sa sortie le 27 octobre prochain.

D’un autre côté, l’annonce et la présentation du nouveau Kirby et du nouveau Yoshi, tous les deux prévus pour 2018, sont une sorte de nouvelle piqûre de rappel : les joueurs peuvent toujours compter sur ces licences certes secondaires, mais toujours de qualité. Des jeux de plates-formes simples d’accès qui peuvent être joué en famille de par leur aspect multi-générationnel, quoi de mieux pour une machine Nintendo ? Certes, ça ne fait pas acheter des consoles, mais cela permet d’assurer la pérennité de la machine.

Prévu pour la fin d’année, Xenoblade Chronicles 2 nous rappelle aussi que la machine promet quelques belles choses pour les fans de J-RPG. Avec le gros succès critique des précédents Xenoblade, on peut d’ores et déjà se dire que le titre de Monolith Soft se présente sous de bons augures, même si le nouveau chara design un poil plus chibi fait peur à quelques joueurs. Dans un autre style, n’oublions pas le Musō Fire Emblem Warriors, même s’il s’agît là d’un jeu de niche.

Evidemment, Nintendo sait aussi faire des alliances, et Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle est la bonne surprise de cet E3. Non pas en matière d’annonce vu que la moitié de la planète connaissait déjà son existence, mais plutôt en termes de qualité : tout ceux qui y ont joué peuvent affirmer que le titre développé par Ubisoft Paris et Ubisoft Milan possède un gameplay tactique vraiment intéressant ainsi que la dose de fun adéquat pour tenir la route. Avec un système au tour par tour proche de ce qu’on retrouve dans X-Com : Enemy Unknown, un univers qui a fait ses preuves et le compositeur Grant Kirkhope à la bande-son (ancien de Rare), on tient sans doute là un titre à suivre de près, prévu pour le 29 août prochain.

Du multi compétitif dans tous les sens

La Nintendo Switch nous aura forcé à revoir notre façon de cataloguer les machines. Une console portable orientée multi (même avec une seule console), ça ne court pas les rues, et si le concept pouvait sembler bizarre il y a quelques années, nul doute qu’il a fait ses preuves aujourd’hui. Ca, Nintendo l’a bien compris et outre le jeu en coopération à deux qui sera présent dans la plupart des titres présentés ci-dessus (y compris Super Mario Odyssey), le compétitif sera à l’honneur ! Pendant l’E3 2017 est sorti Arms, le jeu de boxe arcade fun et exigeant qui possède une belle dimension online et dont les premiers chiffres de vente sont plus que prometteurs. Un nouveau succès bati sur le concept de Splatoon d’offrir du nouveau contenu régulier et gratuit après la sortie du jeu. Et puisqu’on parle de Spatoon, rappelons que sa suite Splatoon 2 arrive dès le 21 juillet avec de nouvelles armes et maps ainsi que des modes inédits (solo et le mode multi Salmon). Avec une communauté déjà présente, on voit mal comment le shooter pourrait être un échec. Attention toutefois, il n’est pas impossible que Arms et Splatoon 2 se concurrencent involontairement, se divisant ainsi une partie d’acheteurs/joueurs potentiels.

En plus de ces deux tites, rappelons la présence de Pokken Tournament DX et même, en fin d’année, de Rocket League, deux jeux à forte dimension compétition. Avec un format portable qui facilite vraiment le multi local, la Nintendo Switch semble avoir les armes pour s’imposer dans un domaine qui était laissé au dépourvu par le secteur vidéoludique depuis de nombreuses années, tout en gardant la possibilité de s’imposer dans le jeu online. Toutefois, n’oublions pas que les services en ligne deviendront payants en 2018, même si nous doutons d’un réel impact négatif (notamment grâce à un prix défiant toute concurrence, à 19.99$ l'année).

Les gros éditeurs-tiers, c’est pas encore ça

Si Nintendo a déjà démontré à maintes reprises la puissance des jeux de ses studios et partenaires exclusifs, en faisant le constructeur-développeur disposant des fans les plus fidèles, le soutien des éditeurs-tiers reste indispensable à la pérennité de la Switch, surtout lorsqu’il s’agît de s’ouvrir à de nouveaux horizons en matière de public. Malheureusement, ce n’est pas avec cet E3 que l’on pourra s’assurer d’une certaine forme d’ouverture : bien que les éditeurs-tiers surveillent la machine de près, ils semblent plus disposés à offrir du contenu « Nintendoesque » qu’à proposer ce qu’ils font aussi sur les autres plates-formes. C’est justement le cas d’Ubisoft avec Mario + The Lapins Crétins ou même de Bandai Namco avec Pokkén Tournament. Alors oui, Bethesda va tenter sa chance avec SkyrimSkyrim, mais même avec des costumes de Link en guise d’équipements exclusifs, on ne sait pas encore si les joueurs Nintendo vont accrocher.

Ce qui inquiète le plus, c’est que les « gros » jeux éditeurs-tiers à venir sont rares. FIFA 18, NBA 2K18, Sonic Forces, Dragon Ball Xenoverse 2, les cas existent mais ne pullulent pas et tout comme la Wii U à ses débuts, la console s’apprête surtout à recevoir des portages, comme Rocket League, PayDay 2, Terraria ou encore Steep. Bien que la console s'offre sans aucun doute un meilleur avenir que la Wii U, il faut bien admettre qu’acheter une Nintendo Switch, c’est partir d’office vers une ludothèque centrée sur les fans de la firme. Bien moins éclectique en termes de jeux que les autres plates-formes, la console garde pour elle son concept, son format et la qualité des jeux Nintendo, des forces heureusement indéniables. Notons que les jeux indépendants et les petits éditeurs sont déjà un peu mieux représentés avec des titres comme State of Mind et Bloodstained à venir. Des arrivées dans la continuité de ce qu’on a déjà vu depuis la sortie de la machine et qui confirme l’ouverte de Nintendo à ce niveau. La plupart de ces jeux étant adaptés au format nomade, cela promet de perdurer, ce qui n’est pas un mal.

Les jeux du futur : de belles promesses !

Du coup, regardons un peu vers l’horizon pour voir ce qui se profile au loin. On pourrait résumer le futur de la Switch à deux choses : Les licences-phares Nintendo et les J-RPG. Deux des grosses annonces du Nintendo Spotlight furent sans véritables images de jeux. un vrai Pokémon RPG nous a été promis sans plus de précision, juste assez pour confirmer les rumeurs sur le sujet. Ca peut sembler peu, mais c’est déjà beaucoup pour les fans, et la puissance de la licence est tellement forte que le titre pourrait bien être un futur console seller. Mais le vrai cadeau bonus fut l’annonce de Metroid Prime 4, avec un simple teaser de logo en guise de présentation. Un retour de Samus Aran bien secret puisqu’on ne sait pas grand-chose de l’équipe de développement (non, ce n’est pas Retro Studios), mais qui nous fait miroiter du rêve tant les fans l’attendait avec impatience. Tout comme le Pokémon RPG, il faut voir cela pour fin 2018 ou 2019, dans le meilleur des cas.

Enfin, n’oublions pas que la Nintendo Switch a de belles affinités avec les J-RPG, un genre qui avait fait les beaux jours de la firme dans les années 90, au moins au Japon et aux US. Si on a déjà cité Pokémon RPG et Xenoblade Chronicles 2, n’oublions pas que la console est aussi censé accueillir un nouveau Shin Megami Tensei exclusif, Fire Emblem 2018, Octopath Traveler par les créateurs de Bravely Default, Dragon Quest XI ou encore Lost Sphear, pour citer les plus connus. Un panel plutôt sexy qui devrait faire quelques heureux et continuer ce qu’avait fait la Nintendo 3DS, clairement la console du J-RPG ces dernières années.

Un succès assuré ?

Devant la ludothèque promise, il ne fait désormais aucun doute que la Nintendo Switch sera un succès en cette fin d’année et début 2018. Les licences Nintendo sont plus que jamais présentes et on voit mal les fans soudainement quitter le navire quand on voit ce tout très alléchant montrer le bout de son nez, sans compter les DLC de Breath of the Wild qui sortiront jusqu’à fin 2017. Même si attirer de nouveaux joueurs sera difficile vu le manque d’éditeur-tiers prêts à faire autre chose que du « Nintendo », la présence d’indépendants et le retour en force des J-RPG pourraient même continuer d’attirer quelques nouvelles têtes ! A moins que Nintendo se mette soudainement à faire de mauvais jeux, eux qui ont toujours excellé dans le domaine, la Switch devrait donc garder la tête haute pendant longtemps et son achat en fin d’année risque de devenir une évidence pour ceux qui hésitent encore en ce moment même.

Bien sûr, il est difficile d’être catégorique, mais l’avantage avec Nintendo, c’est que la boîte fait bande à part : elle n’a pas d’autre ennemi qu’elle-même. A partir du moment où le concept de leur console fonctionne, le reste n’est qu’évidence et le succès est au rendez-vous.