Décomplexé au possible, Les Gardiens de la Galaxie avait apporté un véritable vent de fraîcheur dans le Marvel Cinematic Universe grâce à son ambiance rock 'n roll, ses acteurs se démenant comme des beaux diables et son univers de SF coloré, sorte de contre-poids absolu à ceux plus sérieux de Star Wars ou bien encore Star Trek. Ayant généré de confortables bénéfices malgré une popularité moindre de la team auprès du grand public par rapport à The Avengers ou The X-men, il était écrit qu'un second volet se devait de voir le jour. Logique donc que trois ans plus tard, ce Volume 2, toujours réalisé par James Gunn, vienne crever l'écran en maximisant à outrance la formule initiale. De fait, si l'effet de surprise est passé, que reste-t'il de cette suite passés son fan service et de sa mascotte Baby Groot ?
Comme on pouvait s'en douter, ce second volet des Gardiens de la Galaxie reprend ce qui avait fait la renommée du précédent en multipliant tout ce qui fonctionnait par deux. Que ce soit la bande-son omniprésente composée d'innombrables morceaux des années 70, de l'humour ou des scènes d'action, chaque élément de ce Vol. 2 en fait un Awesome Mix du film de super-héros bien qu'à ce stade, on puisse tout de même se demander si le produit final ne lorgne pas plus du côté de la comédie que du film (du moins plus traditionnel) de super-héros.
Des super-héros roots pour une comédie groot
Alors que Les Gardiens de la Galaxie n'est clairement pas le groupe le plus connu de l'univers Marvel, il n'en reste pas moins que le film met une fois de plus en avant un groupe plus soudé que jamais en allant piocher dans les team de 1969 et 2008. On y retrouve ainsi Star-Lord, Rocket Raccoon, Groot sous sa forme Baby (qui rime plus que jamais avec trop choupi), Drax et Gamora. Étonnamment, si le film réussit la prouesse d'offrir une place quasi égale à tous les membres, il réintègre aussi les personnages de Nebula et Yondu Udonta, ce dernier, toujours incarné par un Michael Rooker s'en donnant à cœur joie, se payant même le luxe d'être au centre d'une scène vouée à devenir culte tant elle s'avère superbe et jouissive à la fois. Si on pouvait donc craindre qu'avec tant de personnages, le film soit déséquilibré (à l'image d'un The Avengers : L'Ere d'Ultron pour ne nommer que celui-ci), il n'en est rien. Au contraire, les relations entre les divers protagonistes sont bien plus affinées et donnent souvent lieu à des séquences drôles, punchy ou émouvantes. Pourtant, malgré cet état de faits, le scénario a de quoi décevoir tant l'histoire, tournant autour d'Ego, père de Star-Lord campé par le génial Kurt Russell, est relativement expédiée malgré l'importance du personnage tant dans sa relation avec Peter que son rôle d'un point de vue...cosmique.
A ce sujet, on pourra d'ailleurs trouver un peu confus d'avoir intégré en parallèle une autre histoire avec Ayesha, Grande Prêtresse de Sovereign, qui n'aura de cesse de poursuivre les Gardiens pour récupérer son dû. Si les fans de comics auront bien entendu compris l'importance de son rôle (renforcé par la scène post-générique qui annonce un Gardiens de la Galaxie 3 fort intéressant), le Grand public pourra trouver étrange la présence de la souveraine dont l'intérêt n'est finalement que d'amener deux ou trois gigantesques batailles spatiales renvoyant par moments à celles de Star Trek : Sans Limites.
Ce personnage est néanmoins caractéristique du ton des Gardiens Vol. 2 qui oscille plus que jamais entre action débridée et blagues lancées à la mitraillette misant sur le bagou de Rocket Raccoon, la naïveté et la jovialité de Drax (formant un impropable mais savoureux duo avec l'extraterrestre Mantis) ou bien encore les sous-entendus entre Star-Lord et Gamora. Bien que tous les traits d'humour ne soient pas aussi bons, inutile de dire que durant deux heures, on rit à gorge déployée, les scénaristes ayant évité les blagues potaches pour miser le plus souvent sur le second degré, le comique troupier ou les petites références aux fans, l'inévitable scène de Stan Lee étant à mon sens l'une des meilleures de tous les films Marvel à l'heure actuelle. De plus, si le côté kawai de Baby Groot est quelque peu surexploité, difficile de pointer du doigt cet aspect d'autant que certaines séquences avec le végétal sont à mourir de rire.
Il faudra donc savoir faire la part des choses entre une histoire qui aurait gagnée à être plus travaillée et des relations entre personnages beaucoup plus poussées.
Comme un air de déjà-vu...
Ce constat nous fait tout de même nous demander comment doit être pensée une suite afin de répondre à un énorme cahier des charges tout en faisant évoluer l'histoire dans son ensemble. Si certaines sagas comme Star Wars, Alien ou Scream s'en sont sortis avec les honneurs malgré des films plus ou moins réussis, Les Gardiens de la Galaxie, Vol. 2 nous fait réfléchir à ce qu'on est en droit d'attendre d'une séquelle.
Si sur la forme, il n'y a pas grand chose à critiquer, l'excellente bande-son soulignant des effets visuels bluffants mis en exergue par la réalisation maîtrisée de Gunn (qui ne fait cependant que singer ce qu'il avait fait sur le précédent film), sur le fond, on pourra déjà émettre un peu plus de réserve. En effet, il y avait sans doute matière à bien plus creuser la relation entre Quill et son père ou à rendre le tout un peu plus homogène pour effacer cet effet «pot pourri de scènes éparses», toutefois très drôles ou renvoyant avec délice à un comic-book survolté la plupart du temps.
Malgré ces détails qui ont leur importance, on ressort de la projection de ce Vol. 2 des images plein la tête et la sensation d'avoir assisté à un spectacle réjouissant marquant la rencontre des années 80 (ce sentiment étant renforcé par la présence de Russel, Rooker mais aussi Stallone) et celle du 21ème siècle synonyme de têtes d'affiche plus actuelles semblant prendre un malin plaisir à ré-endosser leurs défroques de mercenaires de l'espace. C'est bien là le principal car bien que ce Gardiens de la Galaxie, Vol. 2 aurait sans doute gagné à prendre un peu plus de risques, il réussit haut la main à nous faire oublier notre quotidien pendant deux heures tout en nous filant une patate d'enfer. Et franchement, rien que pour ça, on a envie de lui lancer un sincère « I am Groot » en attendant la suite des aventures de ces joyeux drilles de l'espace.