Durant cette rencontre, dont le reportage nous permet d'entrevoir les locaux de Kojima Productions (qui ressemblent plus à un musée qu'a un studio), on apprend qu'Hideo Kojima, du haut de ses 53 ans, est désormais au cœur d'une structure sans actionnaire, laquelle lui permet une totale liberté d'action au niveau de ses timing de production. Une aubaine qui lui permet notamment de réaliser ses jeux en fonction des objectifs qu'il fixe à son équipe et non en fonction des nécessité financières et boursières de la maison mère. D'ailleurs, après avoir annoncé maintes fois son retrait de la licence Metal Gear Solid durant les 10 dernières années de sa production, Kojima annonce désormais qu'il n'aura de cesse de développer des jeux, de créer, jusqu'à "son lit de mort". Il déclare qu'il ne fait que commencer sa carrière, un clin d'oeil, sans doute, a ses anciens employeurs de chez Konami avec qui il a passé une année 2015 difficile (lire notre article : 2015 l'odyssée de Konami).

Sur Death Stranding, nos confrères de la BBC n'auront que très peu d'information à l'issue de leur entretien. Hideo Kojima leur livre toutefois des indices intéressants, notamment sur la démarche actuelle du développeur, qui travaille en osmose avec trois personnes du cinéma et du monde de la série : Guillermo Del Toro, Mads Mikkelsen et Norman Reedus. Il déclare au sujet de cette nouvelle optique de développement qu'il s'agit selon lui du futur du jeu vidéo : la réunion du cinéma, de l'écriture, et du milieu vidéoludique. Les gens, selon lui, attendent d'une vidéo qu'elle soit interactive, et d'un jeu qu'il soit extrêmement prenant émotionnellement, à la manière d'un film, et dispose d'un scénario aussi bien ficelé qu'une œuvre écrite. En somme, son travail se situe actuellement entre les souhaits de Remedy pour Quantum Break et le format vidéoludique de Quantic Dream. C'est donc une convergence des arts qui devrait animer Death Stranding.

Concernant le genre et l'approche de son nouveau titre, Kojima explique au journaliste de la BBC qu'il s'agit de quelque chose de totalement différent par rapport à ce qu'il a produit auparavant. Difficile donc de s'imaginer dans un titre d'infiltration. Il s'explique :

Nous voulons que les gens puissent rentrer rapidement dans le concept du titre, mais qu'après une à deux heures de jeu, ils commencent à remarquer quelque chose de différent. Death Stranding ne sera semblable à aucun autre titre.

Il compare d'ailleurs ce revirement de game design a ce que font les groupes musicaux qui ont traversé les âges :

Ils changent constamment de musique, album après album, en s'adaptant et en évoluant au fil des ères. Ils perdent peut être quelques fans en chemin, mais en attirent d'autres. C'est le genre d'approche que je souhaite pour mon nouveau jeu.

Enfin, une des questions que nous avons souhaité retenir concerne le format des franchises que compte développer Kojima Production. Pour le créateur, il n'est pas question de capitaliser sur des suites de ses productions. Une déclaration intéressante lorsque l'on sait qu'Hideo Kojima est le père des Metal Gear, franchise qui compte une vingtaine de titres et versions. Il explique son point de vue en dévoilant que son studio ne souhaite "pas réutiliser des assets" (sans doute en référence à Metal Gear Survive que Konami prépare en utilisant une immense partie des éléments d'MGS V), et n'utilisera pas deux fois les mêmes idées :

Nous voulons qu’à chaque fois qu'un joueur s'essaye à un titre de notre studio, il s'offre une nouvelle expérience.

Vous l'aurez compris, le mystère plane encore sur Death Stranding malgré quelques nouvelles indications : il n'aura sans doute aucune suite, n'abordera pas, à première vue, un genre de gameplay expérimenté sur la saga Metal Gear, aura un développement aussi long que nécessaire tout en capitalisant sur un habile mélange des genres, entre cinéma, littérature et jeu vidéo.