Un concept innovant

Nintendo combine donc console de salon et portable au sein d’une unique machine à même de répondre aux exigences des fans de la marque et des joueurs aguerris et donc de faire tourner les jeux avides en ressources que sont The Legend of Zelda : Breath of the Wild, le futur Mario Kart et les productions des éditeurs tiers tout en conservant cette dimension accessible et familiale si chère à la firme. La Nintendo Switch est à proprement parler une tablette munie de contrôleurs amovibles nommés “Joy-Con” et se connecte à un socle afin de prendre des airs de console de salon. Cette volonté de poursuivre un jeu quel que soit le lieu, l’environnement où se trouve le joueur, suit Nintendo comme son ombre depuis l’annonce de la Wii U et son écran déporté. Après avoir fait voyager le jeu vidéo entre les murs d’une maison, ce nouveau concept promet tout simplement l’expérience nomade ultime en glissant le jeu vidéo “de salon” dans votre poche en toutes circonstances aux quatre coins du globe.

Nintendo lorgne également sur la réalité virtuelle. Le dépôt d’un brevet en décembre dernier aux États-Unis révélait un potentiel casque VR pour la Switch. Proche des solutions de Google et Samsung, l’écran se disposerait dans le casque, des lentilles se chargeant de l’effet 3D tant convoité. Accéléromètre et gyroscope traqueraient de leur côté les mouvements de tête de l’intéressé. Affaire à suivre !

Une non-course à la performance

Le partenariat entre Nintendo et Nvidia répond à leurs envies respectives de mobilité. Depuis juillet 2013, la société américaine s’est lancée à l’assaut des terminaux mobiles avec la Shield Portable puis la Shield Tablet et la Shield TV, travaillant à l’amélioration de ses puces “mobiles”. La simple annonce de cette collaboration nous rassure à plus d’un titre. Les performances des SoC (System on Chip) Tegra n’ont rien à envier à la concurrence, bien au contraire. Le Tegra K1 est ainsi capable de supporter la charge de titres tels que Borderlands The Pre-Sequel ! et Metal Gear Rising : Revengeance sans sourciller. Et la nouvelle génération “Tegra X1” devrait afficher des performances toujours plus impressionnantes.

D’après les rumeurs circulant sur la toile, le SoC embarqué dans la Switch serait une puce Maxwell Tegra optimisée témoignant, si besoin il y avait, d’une puissance brute en deçà du modèle standard de la PlayStation 4. Toujours au rang des rumeurs et des spécifications techniques, la console de Nintendo se doterait de 4Go de RAM pour un espace de stockage de seulement 32Go. Certes les jeux sous forme de ”cartouche” furent mentionnés à maintes reprises, mais ce manque de gigaoctets pourrait nuire à la Switch ; les jeux actuels dépassant allègrement les 20Go. Quand bien même, les vidéos de gameplay de The Legend of Zelda : Breath of the Wild démontrent les capacités de la machine à travers un monde ouvert fourmillant de vie et s’étendant, si ce n’est à perte de vue, sur des hectares à explorer. Et pourtant, l’essence du jeu vidéo s’extirpe des simples baffes graphiques et technologiques. Nintendo le prouve contre vents et marées depuis une décennie à grand renfort de licences fortes et de gameplay innovants constituant les piliers du constructeur/éditeur.

Sans autonomie, la puissance n'est rien

Vouloir faire de sa nouvelle console, un concept hybride est louable. Poursuivre sa partie en cours dans les transports après l’avoir entamée dans son salon est un doux rêve pour de nombreux joueurs, mais cette promesse s’accompagne de son lot de défis à relever. Une console de salon se doit d’assurer le spectacle aussi bien graphiquement que dans son contenu et garantir une expérience de jeu fluide tandis qu’une console portable se juge en partie de par son autonomie. Et ces 2 visions entrent en contradiction. Difficile de faire cohabiter mobilité et prouesses techniques sans transporter un réacteur nucléaire dans son Eastpak. La PlayStation Vita réussit en partie à contenter les joueurs exigeants avec des graphismes bluffants et 5h30 d’autonomie (sur Uncharted : Golden Abyss). La Nintendo 3DS s’offre un répit de 6 à 7h avant de devoir s’attacher les services d’une prise électrique. Quant aux smartphones et tablettes, leur autonomie varie d’un modèle à l’autre, allant (en condition de jeu) de 3h pour la Nvidia Shield Tablet K1 à 6h30 pour l’iPad Air.

Les batteries au lithium ont malgré tout gagné en durabilité et en efficacité. Ces dernières supportent une charge toujours plus grande et se rechargent partiellement à vitesse grand V. Avec une autonomie avoisinant les 6 heures et la possibilité de recharger la batterie de la tablette en dehors du dock, la Nintendo Switch devrait séduire les joueurs. Reste à attendre les spécifications techniques de ladite machine et les premiers tests grandeur nature avant de tirer toute conclusion qui serait, à l’heure actuelle, hâtive.

Les jeux, le nerf de la guerre

Aussi novatrice soit une nouvelle console et alléchante soit sa proposition, son succès et sa destinée dépendent avant tout de son catalogue de jeux au lancement et sa faculté à le renouveler sans cesse. Au-delà d’une rétrocompatibilité quémandée à corps et à cris et garantie selon les rumeurs par la présence d’une console virtuelle Gamecube (Super Mario Sunshine, Luigi's Mansion, Super Smash Bros. Melee…), les licences de Nintendo assureront l’essentiel du spectacle avec la sortie en grande pompe du tout dernier épisode des aventures de Link, le prometteur The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Mais qu’en est-il d’un nouveau Super Mario, d’un frais et pimpant Mario Kart ? La vidéo de présentation le 20 octobre dernier révélait à demi-mot un nouveau jeu de course sans s’attarder dessus. Ou n’était-ce qu’une placeholder à l’image de The Elder Scrolls V : Skyrim (aucunement confirmé par Bethesda Softworks) ? Le portage de Splatoon fut également évoqué dans les semaines qui suivirent sans jamais recevoir l’aval de Nintendo. Et Pokémon ? Game Freak confirme son intérêt, mais se dit prudent et préfère attendre de voir les premières semaines d’exploitation et le succès relatif soit-il de la Switch pour se lancer dans un tel projet.

Les exclusivités poussent bien souvent un joueur à acheter l’unique console lui permettant de se plonger dans un univers bien précis. A l’exception des franchises estampillées Nintendo, la Switch peut compter sur le jeu d’aventure Seasons of Heaven, mais surtout (à en croire les rumeurs) Beyond Good & Evil 2 en tant qu'exclusivité temporaire pour une durée de 12 mois. Et le soutien des éditeurs tiers, qui faisait défaut à la Wii U, ne sera pas de trop pour convaincre les potentiels acheteurs. Square Enix (Dragon Quest X, Dragon Quest XI), Ubisoft (Just Dance 2017, Assassin’s Creed ?), Sega (Project Sonic 2017), Tequila Works (Rime) donneront de l’ampleur à l’offre promise par Nintendo. Sans oublier les déclarations des acteurs du marché, à commencer par Karl Slatoff (président de Take-Two) saluant l’arrivée de cette console hybride, et déclarant unanimement leur intérêt pour la Nintendo Switch sans pour autant s’avancer quant au développement d’un quelconque jeu, voire portage.

Switch à tout prix

Puissance, jeux, innovation… bien souvent l’achat d’une console de jeu se résume à un simple calcul purement financier. L’intérêt porté sur une machine finit par se monétiser et trouver un prix au-dessus duquel le joueur lambda ne mettra jamais la main à la poche. La PlayStation 3 et ses 600€ eurent raison des projections de Sony au point de voir le constructeur japonais revenir à la raison avec une PS4 vendue seulement 399€ à son lancement. La Nintendo Switch, malgré sa vision novatrice, ne peut s’autoriser un prix exorbitant. Listée à 199£ (~230€) sur le site GameSeek fin novembre, cette dernière séduirait assurément les plus sceptiques avec un tel prix. Mais ce tarif reste purement indicatif et la présentation le 13 janvier prochain répondra, nous l’espérons, à cette simple question. A combien la Switch sera-t-elle vendue ? Et dans quelles conditions (accessoires, jeux, bundles…) ?

2017 sera marquée par la sortie en mars de la Nintendo Switch, que cet événement majeur rime avec succès ou échec pour la firme japonaise. Prix de lancement, catalogue de jeux et soutien des éditeurs tiers… la nouvelle console de Nintendo cache encore dans ses manches de nombreuses cartes. Les fans trépignent d’impatience tandis que le marché se frotte d’ores et déjà les mains face à l’engouement suscité.