Depuis quelques jours, les joueurs de FIFA 17 peuvent découvrir le mode aventure, qui leur permet d'incarner Alex Hunter dans sa vie de néo-footballeur pro. Une première pour la série qui nous avait surtout habitués à ses modes carrière et deviens pro, certes complets et plutôt réussis, mais loin d'atteindre le degré d'immersion et de narration que propose l'aventure. Si le concept n'a - pour cette première tentative en tout cas - pas pleinement convaincu l'auteur de ces lignes, il apporte une fraîcheur indéniable à un genre qui peine à se renouveler, surtout dans le cas d'une série à sortie annuelle. Et si le salut des jeux de sport passait par davantage de scénarisation ?
Cet article entrant dans la rubrique "Débat et opinion", il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de Jeuxvideo.com.
Concilier une aventure à l'histoire déjà écrite et l'incertitude d'un jeu de sport a longtemps pu sembler complexe. Pourtant, le genre a tenté à de nombreuses reprises de proposer une expérience mêlant les deux, proposant pour l'occasion quelques loupés côté football - Soccer Life! en tête – mais aussi de bien belles réussites dans d'autres sports, et notamment la série des NBA 2K. L'emploi d'un véritable mode riche en saynètes, choix et autres cinématiques reste toutefois relativement rare et fait plus souvent place à un mode carrière au style un peu plus froid.
Une carrière qui occupe déjà toute la place ?
Rien de surprenant dans un tel choix, qui a d'ailleurs permis à une série telle que Football Manager de gagner ses lettres de noblesse. PES, FIFA, Top Spin, Colin McRae, les simulations sportives, quelle que soit la discipline concernée, se sont toutes offertes à un moment ou un autre l'un de ces fameux modes "carrière". Pourquoi ? Les raisons sont simples et reposent justement sur l'un des points évoqués dans le paragraphe précédent, c'est-à-dire l'incertitude permanente des simulations sportives : difficile de concilier un scénario à la voie toute tracée avec une carrière ou les matches/courses s'enchaînent au même rythme que les résultats aléatoires. En s'évitant les risques liés à la présence d'un scénario, ces modes (ou jeux) permettent également de laisser un peu de place à l'imagination et au roleplay, une donnée loin d'être anecdotique. Un simple coup d’œil sur YouTube voire les forums de notre site où pullulent les "storys" et autres "récits de partie" suffira à vous convaincre du contraire.
Parfaitement adaptés au genre auquel ils appartiennent, ces modes carrières sont donc bien souvent l'une des rares alternatives à des jeux de sport longtemps limité à la simple notion d'affrontement. Mais le jeu vidéo a évolué, s'offrant depuis quelques années davantage de productions réduisant leur interactivité à peau de chagrin au profit d'une mise en scène soignée. Particulièrement présentes du côté de chez Sony, notamment, par les productions de Quantic Dream ou Naughty Dog, ces odyssées très cinématographiques ne font certes pas l'unanimité mais ont su se créer un public en attirant également des joueurs moins chevronnés à notre média favori. En s'offrant un style encore plus cinématographique, les simulations sportives pourraient donc s'affranchir d'une contrainte souvent bien gênante qui empêche les non-amateurs du sport concerné de vouloir s'y pencher. Simple exemple à petite échelle, au sein même de notre rédaction, quelques non-joueurs de FIFA ont commencé à regarder la série avec un œil intéressé dès le mode aventure annoncé.
Une histoire qui doit s'imbriquer avec les modes "carrière"
L'idée a donc de quoi séduire l'ensemble des développeurs de jeux de sport, bien qu'il reste la fameuse contrainte de "l'incertitude" évoquée plus haut. L'aventure de FIFA 17 s'est ainsi parée de quelques bonnes séquences pour éviter ces contraintes, en s'offrant la maîtrise d'une partie de la saison du personnage : prêt, mise sur le banc justifiée par un élément scénaristique... Le mode ne manque pas d'idées futées mais s'est aussi pris les pieds dans le tapis avec la présence de quelques Game Over si vous ne gagnez pas le bon match. Pour un habitué au genre, devoir rejouer une partie à cause d'une non-qualification a un furieux air de "tricherie", la défaite faisant partie intégrante du sport. De plus, le mode s'achève un peu brusquement, sans nous permettre de poursuivre la carrière d'Alex Hunter autrement qu'en passant par le mode... Ultimate Team, qui n'a rien de réaliste en comparaison du mode aventure. Oui, nous avons envie de revoir un tel mode au sein de la série, mais il doit pour cela être capable de mieux s'adapter au genre qu'il doit représenter.
Le salut de ces modes passe donc sans doute par une véritable intégration des éléments scénaristiques au cœur des fameuses carrières, ce que la série des NBA 2K a su cerner. En délaissant parfois la dimension sportive pour privilégier le hors-terrain, en ne proposant qu'une section narrative limitée pour faire ensuite place à une carrière plus "classique", les différentes moutures du titre de 2K n'ont peut-être pas systématiquement visé juste, mais se sont régulièrement approchées du modèle idéal pour une simulation de sport intégrant un mode scénarisé. Oui, mais voilà : entre la modélisation des joueurs, l'enregistrement de leurs voix voire l'intégration des licences autour d'une compétition, les contraintes sont nombreuses afin de proposer un mode scénarisé immersif et crédible. Pour les moins fortunés, le salut passe donc peut-être par des titres loin de s'orienter vers la simulation pure et dure de leur discipline, qui offre pour l'occasion davantage de liberté dans la construction d'un scénario : c'est avec cette méthode que les épisodes Game Boy de Mario Tennis ont notamment su se faire un nom. Dans le cadre d'un sport aussi populaire que le football, pas sûr toutefois que la mayonnaise prenne aussi bien quand on voit la défiance du public à l'égard des titres ne disposant pas des licences officielles.
L'aventure de FIFA 17 vous place dans la peau d'un jeune footballeur, le temps d'une saison.